Pour sa nouvelle création, le chorégraphe Boris Charmatz peuple la Cour d'honneur du Palais des papes d'une nuée de vingt-six enfants âgés de six à douze ans. Inspirée à Boris Charmatz par la vision nocturne d'une grue installant la scène et les gradins de la Cour d'honneur, la pièce s'inscrit dans le fil de régi, l'un de ses précédents spectacles, où des machines-chorégraphes s'emparaient des corps inertes des danseurs. Mais enfant introduit une substance plus troublante et complexe dans des rapports de force, dont l'univocité ne demande qu'à être remise en chantier. Neuf danseurs se saisissent des corps délicats et fragiles des enfants. Ils les soulèvent et les font voler, les étreignent et les font glisser, avec une conviction telle que les enfants ne peuvent que relayer leur discours et interroger : qu'est-ce qui continue de danser malgré tout dans l'enfance, et qu'est-ce que l'enfance fait danser ? La Cour peut être d'honneur, elle est aussi de récréation – une affaire de gravité, dans tous les sens du terme. Dans l'avant-propos de son ouvrage L'Inhumain, le philosophe français Jean-François Lyotard écrit : « Dénué de parole, incapable de station droite, hésitant sur les objets de son intérêt, inapte au calcul de ses bénéfices, insensible à la commune raison, l'enfant est éminemment l'humain parce que sa détresse annonce et promet les possibles. Son regard initial sur l'humanité, qui en fait l'otage de la communauté adulte, est aussi ce qui manifeste à cette dernière le manque d'humanité dont elle souffre, et ce qui l'appelle à devenir plus humaine. » En adepte des renversements, Boris Charmatz compte sur les enfants pour réveiller l'enfance du spectateur à travers des sensations que certains rêvent d'effacer à tout jamais. Chaque geste est risque de subversion, un aimant puissant vers l'inconnu. Un véritable, quoique balbutiant, réapprentissage de la liberté, qui pourrait conduire à une éphémère république des enfants. JLP
Distribution
chorégraphie Boris Charmatz machines Artefact / Alexandre Diaz, Frédéric Vannieuwenhuyse lumière Yves Godin son Olivier Renouf cornemuse Erwan Keravec costumes Laure Fonvieille assistanat à la chorégraphie pour les enfants Julien Jeanne
avec Eleanor Bauer, Nuno Bizarro, Matthieu Burner, Olga Dukhovnaya, Julien Gallée-Ferré, Lénio Kaklea, Maud Le Pladec, Thierry Micouin, Mani A. Mungai et les enfants Perle Béchu-Quaiser, Eliott Bourseau, Théotim Bourseau, Léon Cassin, Lisa Cazoulat, Rémi Cazoulat, Abel Charmatz, Marguerite Chassé, Tikal Contant-Ricard, Noé Couderc, Zaccharie Dor, Elio Fouilleul, Mathieu Guidoni, Cédric Lamotte-Lenoir, Sasha Goasduff-Langlois, Salomé Lebreton, Emma Lecoq-Vinagre, Youenn Louédec, Joseph Michard, Louane Mogis, Lou-Andréa Paulet, Emma Perreau, Raphaëlle Piechaczyk, Adèle Richard, Mathilde Richard, Hypolite Tanguy
Production
production Musée de la danse / Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne coproduction Festival d'Avignon, Théâtre de la Ville-Paris, Festival d\'Automne à Paris, Internationales Sommerfestival Hamburg et Siemens Stiftung dans le cadre de Schauplätze, Théâtre national de Bretagne (Rennes), La Bâtie-Festival de Genève, Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles) avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication-DRAC Bretagne, de la Ville de Rennes, du Conseil régional de Bretagne, du Conseil général d'Ille-et-Vilaine, de Rennes Métropole et d'Arkéa Banque entreprises et institutionnels en collaboration avec la Ligue de l'enseignement d'Ille-et-Vilaine
Par son soutien, l'Adami aide le Festival d'Avignon à s'engager sur des coproductions.