Après l'échec du communisme réellement existant et depuis l'avènement du règne de l'individualisme, l'idée de communauté semble un rêve brisé, une attente souvent comblée par les sursauts, réflexes ou replis identitaires. L'idée de partage, de bien commun et de communauté semble voler en éclats, notamment à chaque nouvelle révélation de conflits d'intérêts touchant de hauts fonctionnaires de l'État. D'où le problématique mais compréhensible entre-soi communautaire et la lancinante tentation du repli identitaire. D'où le désir d'ériger un nouveau contrat social. Sur quelles bases politiques, juridiques et esthétiques inventer un nouveau commun des hommes ? Pour Antonio Negri, le commun s'est très tôt identifié au communisme. Un mot que l'on croyait mort et enterré. Or un étonnant regain se fait jour, vingt ans après la chute du Mur de Berlin. Alors que l'on croyait révolu le siècle des « - isme », voici qu'une partie de l'Europe intellectuelle ravive l'idée du communisme. Il faut dire qu'entre le dirigisme du tout-État et la tyrannie du chacun pour soi, le communisme aurait pu dessiner une autre voie. Mais comment réactiver un mot aussi cabossé par les États qui s'en sont réclamés, un espoir aussi démenti par l'histoire ? Comment comprendre notre déficit de « commun»? Il convient de réinventer un nouveau commun des hommes, sans oublier les impasses de la collectivisation du siècle dernier comme de l'atomisation sociale de notre hypermodernité, c'est ce que tente de faire Antonio Negri, aux confins de la politique et du droit, du théâtre et de la philosophie.