Hamid Ben Mahi découvre la danse hip-hop en autodidacte dans les années quatre-vingt. Désireux de s'ouvrir à d'autres influences – classique, contemporaine, jazz ou africaine –, il se forme au Conservatoire national de Région de Bordeaux, à l'école de danse Rosella Hightower de Cannes ou encore au sein de l'école d'Alvin Ailey à New York. Interprète pour différents chorégraphes contemporains, dont Philippe Decouflé, Michel Schweizer et Kader Attou, il fonde en 2000 sa propre compagnie, Hors Série. Depuis sa première création, Édition spéciale, Hamid Ben Mahi revendique par la danse hip-hop son engagement en tant qu'artiste et sa place dans une société en pleine mutation. Il prend la parole pour exorciser le quotidien et lui donner un sens, et chorégraphier une vie faite de ruptures, d'émotions et de générosité, comme dans Chronic(s) et Sekel, ses deux dernières créations.
Guy Alloucherie met en scène, dés le début des années quatre-vingt, au sein du Ballatum théâtre des spectacles dont les maîtres mots sont improvisation, danse et travail collectif. En 1997, il rencontre le monde du cirque en travaillant avec la neuvième promotion du Centre national des Arts du cirque de Châlons-en-Champagne et crée la Compagnie Hendrick Van Der Zee (HVDZ), « ensemble à géométrie variable » réunissant des artistes issus du théâtre, du cirque, de la danse ou des arts vidéo. Chantiers de création, expérimentations, recherches autour de sujets de société nourrissent un travail qui porte sur la parole et l'écriture, le témoignage, l'enfance et la mémoire. Une dizaine de créations ont vu le jour depuis les débuts de la compagnie dont J'mexcuse ou Les Sublimes. Multipliant les collaborations, Guy Alloucherie développe un travail d'écoute et de lien, créant des spectacles qui tentent de faire coïncider « engagement militant, action culturelle et recherche artistique».
Hamid Ben Mahi vient de la danse hip-hop, danse qui, toute en prouesses, défie les lois physiques. Il garde d'elle un geste précis qu'il déploie en douceur sur les plateaux pour dire sa vie et le monde. La vocation du chorégraphe, également remarquable interprète, c'est-à-dire danser, en fait aussi une tête chercheuse qui tente constamment d'ouvrir un questionnement sur le mouvement lié au dire d'un vécu, d'une révolte.
Dans Faut qu'on parle !, ce souci de l'autre prend racine sur le plateau sous le regard et l'accompagnement de Guy Alloucherie qu'il rencontre pour ce projet. Faire résonner la mémoire, œuvrer à l'intégration et à la reconstruction de la dignité des oubliés fondent les projets développés par le metteur en scène. Patient et délicat travail à la croisée des langages artistiques qui, du cirque à la danse, en passant par l'image et la musique, anime la démarche du directeur de la compagnie HVDZ.
Avec Guy Alloucherie, il a entrepris de retracer son parcours. Ensemble, ils ont enquêté et travaillé en amont de la création, de l'Algérie où vit son père, à la cité des Aubiers à Bordeaux où il a grandi, en passant par Avignon. Les visages et les mots accompagnent Hamid Ben Mahi, son mouvement. Terrain fertile et sensible qui donne son sens, sa nécessité à cette nouvelle création. Écrite à plusieurs mains, Faut qu'on parle !, autoportrait du danseur dans un environnement musical et visuel, révèle de manière sensible le visage d'un monde capté hors de ses clichés. Un généreux travail sur la mémoire et l'identité.
Irène Filiberti
Distribution
chorégraphie Hamid Ben Mahi
mise en scène Guy Alloucherie
avec : Hamid Ben Mahi
dramaturgie et vidéo : Martine Cendre
assistant à la chorégraphie : Hassan Razak
scénographie et lumières : Frantz Loustalot
environnement sonore : Nicolas Barillot
régie générale : Antoine Auger
administration : Anne Berger
Production
Production : Compagnie Hors Série, Compagnie Hendrick Van Der Zee
en coproduction avec : le Parc de la Villette – Rencontres de la Villette, Le Cuvier de Feydeau (Artigues-près-Bordeaux), l'Office artistique de la Région Aquitaine, Culture Commune - Scène nationale du Bassin minier du Pas-de-Calais, le Festival d'Avignon, les Hivernales d'Avignon, la CCAS
avec l'aide de : l'AFAA
Le Festival d'Avignon reçoit le soutien de l'Adami pour la production