Après une formation de marionnettiste à l'École supérieure nationale des arts de la marionnette, Gisèle Vienne initie son propre parcours en 2000. Dès ses premières pièces créées en collaboration avec Etienne Bideau-Rey, elle inscrit son travail de scène à travers un geste plastique qui utilise marionnettes, poupées, mannequins, masques, pour explorer cet univers trouble dont l'érotisme est la problématique centrale. Interroger la notion de représentation entre réalité et fantasme, questionner le rapport des corps, du vivant à l'artificiel, sont au cœur de sa démarche. Après Splendid's (2000), mise en scène d'une pièce de Jean Genet, ShowRoomDummies (2001) conçu entre froideur robotique et sensualité glamour, Stéréotypie (2003), où l'image des corps traités comme des icônes s'élabore sur le vide laissé entre réalité et désir, Tranen veinzen (2004) sur le dévoilement, elle poursuit sa recherche avec d'autres collaborateurs. Auprès de Dennis Cooper – critique d'art et écrivain américain dont l'œuvre iconoclaste travaille sur l'effraction et la violence, tant du point de vue des corps que des formes littéraires – elle met en scène ses deux nouvelles pièces, tandis que ce dernier écrit les textes et collabore à la dramaturgie. Les spectacles de Gisèle Vienne sont autant d'objets suggestifs où les images métaphoriques de la violence et de l'érotisme deviennent des rituels de spectacle.
Trois personnages, immergés dans un monde mental étiré par l'obsession, déambulent mystérieusement. Ils sont entourés d'une vingtaine de poupées souples et réalistes figurant des jeunes filles. L'un des personnages, tel un adolescent sans repères, met en scène ses souvenirs. Tandis que Dennis Cooper, en voix off, distille poèmes et monologues entre deux incidences musicales. Pas à pas, se dessine un parcours où planent des fragments de mémoire. Des images troubles, une histoire qui se tisse par bribes et sécrète une savante confusion entre le réel et l'imaginaire. Dans cette pièce, Gisèle Vienne poursuit sa réflexion autour du corps et de l'objet, à travers l'érotisme. Accompagnée par Dennis Cooper, auteur de textes sombres et passionnés, elle développe une dramaturgie à la structure fragmentaire. Un travail de reconstitution où mémoire, fiction et composition plastique contribuent à la création d'un univers peuplé de rêves et de fantasmes. Un climat froid, pourtant nimbé d'une harmonieuse douceur, accueille ce récit disloqué. Effets de masques, icônes, postures et impostures, traversent ce paysage inquiétant qui fleure l'énigme policière et le fantasme. Des indices d'une violence adolescente disséminés dans le spectacle stigmatisent ce glissement des sens et contribuent au dévoilement d'une poétique ambiguë, tout à la fois charnelle et désincarnée, dont le timbre vibre d'une étrange séduction.
Distribution
Conception : Gisèle Vienne
Textes : Dennis Cooper
Créé en collaboration avec et interprété par : Jonathan Capdevielle, Anja Röttgerkamp, Jean-Luc Verna
Musique : Peter Rehberg
Lumières : Patrick Riou
Maquillages : Rebecca Flores
Création des poupées : Raphaël Rubbens, Dorothéa Vienne-Pollak, Gisèle Vienne
Textes traduits de l'américain : par Laurence Viallet
Production
Coproduction : Les Subsistances 2004 Lyon, Wp-zimmer (Anvers)
Avec le soutien : du Centre chorégraphique national de Grenoble dans le cadre de l'accueil Studio 2004, du ministère de la Culture et de la Communication / Drac Rhône-Alpes, du Conseil régional Rhône-Alpes, du Conseil général de l'Isère, de Ske (Autriche)
Les livres de Dennis Cooper sont publiés : aux éditions P.O.L
Les musiques de Peter Rehberg sont éditées : chez Mego
Certains textes peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.