Wasl est une création collective dirigée par Kamilya Jubran (oud, chant), avec Sarah Murcia (contrebasse) et Werner Hasler (trompette et électronique). C'est une tentative audacieuse en résonance avec les bouleversements en cours dans les mondes arabes et avec la question du devenir de la Palestine, cette terre de Kamilya Jubran, qui ressemble beaucoup à l'Andalousie du poème de Mahmoud Darwich : « L'Andalousie fut-elle là ou là-bas ? Sur terre ou dans le poème ? » Kamilya Jubran chante ici les textes des deux poètes Salman Masalha (Israël, Palestine) et Hasan Najmi (Maroc).
Cycle Cinq Chants
"L'Andalousie fut-elle là ou là-bas? Sur terre ou dans le poème?"*
*Au dernier soir sur cette terre de Mahmoud Darwich, éditions Actes Sud, dans la traduction d'Elias Sanbar.
Là où la musique occidentale a vu se développer l'art de la polyphonie et de l'harmonie, la musique dite arabe, plus largement celle qui s'est épanouie en terres d'Islam, est restée avant tout vocale et mélodique, fidèle à la tradition de la monodie où le chant et la voix humaine jouent les premiers rôles, avec ou sans accompagnement instrumental. Cette musique est construite sur un riche système de modes mélodiques, appelés maqâms, terme commun aux musiques arabe et turque, qui se maintient essentiellement grâce à la transmission orale. Cette musique s'est enrichie, modifiée et structurée au contact de différents patrimoines et de vieilles cultures. C'est « un impressionnant tronc commun poético-musical permettant aujourd'hui encore l'improvisation, de Marrakech à Boukhara », rappelle Frédéric Deval, directeur du programme Musiques transculturelles de la Fondation Royaumont. « Le présent fait en partie voler en éclats ce référentiel. Les lignes de fracture politique dans le monde arabe traduisent aussi en profondeur une recomposition de la sensibilité et des esthétiques. » Printemps arabe, mondialisation, internet ne sont pas étrangers à cette porosité chez des artistes dont le dialogue bouscule les appartenances culturelles, linguistiques ou religieuses, les héritages, les pratiques de transmission des savoirs artistiques. Résultat d'un compagnonnage avec la Fondation Royaumont, Cinq chants rassemble cinq créations et témoigne d'une approche partagée, d'une hybridation féconde et possible entre les cultures musicales et poétiques respectives.
Mustapha Laribi, avril 2014
Distribution
Direction musicale Kamilya Jubran
Sur des poèmes de Salman Masalha et Hasan Najmi
Avec Werner Hasler (trompette, électronique), Kamilya Jubran (voix, oud), Sarah Murcia (contrebasse)