La question d'Oración (création 2014) serait : comment les grands chants monodiques que sont la saeta flamenca andalouse et l'Adhan (l'appel du muezzin) toujours bien vivants, inspirent-ils les trois grands compositeurs des mondes arabes Ahmed Essyad, venu du Maroc et connu de la scène de musique contemporaine, Fawaz Baker, architecte et musicien syrien, joueur de oud, musicologue, et Amir El Saffar, Irako-Américain vivant à New York, trompettiste, joueur de santur et chanteur ?
Cycle Cinq Chants
"L'Andalousie fut-elle là ou là-bas? Sur terre ou dans le poème?"*
* Au dernier soir sur cette terre de Mahmoud Darwich, éditions Actes Sud, dans la traduction d'Elias Sanbar
Là où la musique occidentale a vu se développer l'art de la polyphonie et de l'harmonie, la musique dite arabe, plus largement celle qui s'est épanouie en terres d'Islam, est restée avant tout vocale et mélodique, fidèle à la tradition de la monodie où le chant et la voix humaine jouent les premiers rôles, avec ou sans accompagnement instrumental. Cette musique est construite sur un riche système de modes mélodiques, appelés maqâms, terme commun aux musiques arabe et turque, qui se maintient essentiellement grâce à la transmission orale. Cette musique s'est enrichie, modifiée et structurée au contact de différents patrimoines et de vieilles cultures. C'est « un impressionnant tronc commun poético-musical permettant aujourd'hui encore l'improvisation, de Marrakech à Boukhara », rappelle Frédéric Deval, directeur du programme Musiques transculturelles de la Fondation Royaumont. « Le présent fait en partie voler en éclats ce référentiel. Les lignes de fracture politique dans le monde arabe traduisent aussi en profondeur une recomposition de la sensibilité et des esthétiques. » Printemps arabe, mondialisation, internet ne sont pas étrangers à cette porosité chez des artistes dont le dialogue bouscule les appartenances culturelles, linguistiques ou religieuses, les héritages, les pratiques de transmission des savoirs artistiques. Résultat d'un compagnonnage avec la Fondation Royaumont, Cinq chants rassemble cinq créations et témoigne d'une approche partagée, d'une hybridation féconde et possible entre les cultures musicales et poétiques respectives.
Mustapha Laribi, avril 2014
Distribution
Composition Fawaz Baker, Amir El Saffar & Ahmed Essyad
Conseil artistique Francisco de la Rosa
Avec au chant Khaled Hafez, Jésus Méndez et Eva Zaïcik
Le musicien Tarek Assayed (oud)
et le Quatuor Tana : Antoine Maisonhaute (1er violon), Pieter Jansen (2e violon), Maxime Désert (alto), Jeanne Maisonhaute (violoncelle)