Il était une fois une guerre civile, une parmi tant d'autres, aussi terrifiante et destructrice que toutes les autres. C'était en 1997 au Congo-Brazzaville. Elle a duré plusieurs années, presque trois. Dieudonné Niangouna l'a vécue dans sa chair et dans son esprit. Aujourd'hui, il peut enfin livrer un texte à ce sujet, un texte qu'il a longtemps tenu caché, persuadé qu'il était que tous les survivants ne peuvent être que des lâches puisqu'ils ne sont pas morts en héros. Un « tas d'inepties » dont une – Les Barricades – est au centre de ce duo parole et musique qui fait entendre un voyage en tragédie, un voyage en irréalité, un voyage dans un ailleurs que l'on préférerait ne pas connaître. Voyage en reconstruction aussi, puisque l'auteur-conteur Niangouna ressuscite en écrivant, en jouant, reprend vie en criant ces moments de violence et de peur. Au « lecteur vivant » auquel il s'adresse, il transmet un vécu transfiguré que l'on pourrait croire fictionnel, s'il ne faisait l'effet d'une bombe à ceux qui ont eu la chance d'échapper à cette aventure bouleversante et souvent irrationnelle qu'est la guerre. Ce voyage en enfer, Dieudonné Niangouna le partage avec Pascal Contet, figure hors pair de la musique contemporaine, capable de faire de son accordéon un personnage à part entière qui accompagne les hurlements comme les murmures et devient un partenaire de souffrance. C'est un véritable dialogue qui s'installe entre les deux interprètes et entre leurs instruments : la voix de l'un, la musique de l'autre. Ainsi est-on dans le théâtre et non dans le récit documentaire, ainsi la distance nécessaire s'établit-elle pour faire entendre ce qui est au cœur d'un travail de reconstruction par la survie du souvenir. Écrit dans un style unique fait d'accumulations d'images et d'inventions verbales pleines d'humour et d'ironie, ce spectacle confirme, s'il en était besoin, la présence évidente d'un des plus grands écrivains congolais, doublé d'un acteur puissant et généreux. JFP
Distribution
texte, mise en scène et interprétation: Dieudonné Niangouna
musique et interprétation musicale: Pascal Contet
lumière: Xavier Lazarini et Brunel Makoumbou
administration: Cie Les Bruits de la rue Audifax Moumpossa
production: Marthe Lemut
Production
production déléguée: Bonlieu Scène nationale Annecy
coproduction: Festival d'Avignon, l'Allan Scène nationale de Montbéliard,
Châteauvallon Centre national de Création et de Diffusion culturelles, Théâtre 71 Scène nationale de Malakoff, Théâtre d'Arras
avec le soutien: de CulturesFrance dans le cadre d'Afrique en création, de l'Ina GRM, des Francophonies en Limousin et des Centres culturels français de Brazzaville et de Pointe Noire