Comédien, auteur dramatique et metteur en scène, Olivier Py se revendique essentiellement comme un poète du théâtre. Il dirige le Centre dramatique national / Orléans-Loiret-Centre depuis juillet 1998. En 1988, il fonde sa compagnie L'inconvénient des boutures, avec laquelle il mettra en scène ses premières pièces. Mais c'est avec La Servante, histoire sans fin en 1994 que débute un cycle d'aventures théâtrales où comédiens et spectateurs font en commun l'exploration de la terre et du ciel, de l'humain et du divin pour s'oublier, se perdre, se retrouver et rêver ensemble dans ce lieu magique du théâtre qui est pour Olivier Py un des derniers refuge de la pensée agissante. Avec Le Visage d'Orphée (1997) et L'Apocalypse joyeuse (2000), le poète s'expose encore davantage en tant qu'homme de contradictions mais aussi homme de vérité, ne se cachant pas derrière ses mots mais se risquant avec eux dans un engagement total, sans aucune facilité mais avec une grande exigence. Pour lui le théâtre et l'opéra, pour lequel il a réalisé cinq mises en scène, doivent être les lieux de grandes fêtes populaires s'adressant à des spectateurs prêts à abandonner leur statut de “consommateurs culturels” pour s'aventurer ensemble dans des territoires nouveaux ou réinventés. Au Festival d'Avignon, Olivier Py a déjà présenté La Servante, histoire sans fin en 1995, Apologétique en 1996, Le Visage d'Orphée dans la Cour d'honneur du Palais des papes en 1997, Requiem pour Srebrenica et Les Ballades de Miss Knife en 1999, L'Apocalypse joyeuse en 2000.
C'est dans une nouvelle épopée théâtrale que nous entraîne Olivier Py avec sa dernière création Les Vainqueurs. Un prologue et trois parties composent ce nouvel opus qui nous mènera, une journée durant, sur les pas d'un héros armé d'un sourire énigmatique qui, à travers le monde méditerranéen, tentera de vivre poétiquement dans un univers qui oscille entre le contemporain le plus proche et le souvenir encore vivant de nos mythes les plus lointains. Et ce poète, qui se métamorphose sous trois identités, un prince, une prostituée et un fossoyeur pour chercher inlassablement une révolutionnaire façon d'appréhender le monde, traversera les trois cercles du politique, de l'esthétique et de la métaphysique, tentant d'échapper à toute idéologie, à toute croyance, posant de façon radicale un regard sur le possible ou l'impossible, la réalité et l'utopie. C'est à une œuvre salutaire de dynamitage des faux-semblants et des idéologies creuses que se livre le héros, à travers bordel, prison, cabaret, théâtre et radeau dérivant sur la Méditerranée, n'épargnant pas les faux prophètes, les rimailleurs et les bigots de tout poil. Dans cette tentative qui mêle rire et désespoir, on retrouve un auteur qui ne se cache pas derrière son œuvre mais qui s'expose en elle et avec elle, sur les pas de Genet, de Claudel et de Pasolini, et qui ne croit qu'au théâtre pour dire le monde. Le bonheur, s'il existe pour l'homme, serait-il d'être à la fois païen, libre, cruel et beau ? C'est cette recherche menée allégrement, dans une scénographie mouvante de Pierre-André Weitz qui captive le regard, que proposent à chaque spectateur Olivier Py et son équipe artistique. Un bouillonnement maîtrisé d'images et de mots, dits et chantés, pour un voyage initiatique et mystérieux qui prend le temps de dire et de montrer, véritable hymne au théâtre comme dernier refuge du poème incarné.
Distribution
Mise en scène et en lumière : Olivier Py
Avec : Olivier Balazuc, Nazim Boudjenah, Céline Chéenne, Frédéric Giroutru, Benoît Guibert, Christophe Maltot, Thomas Matalou, Elizabeth Mazev, Bruno Sermonne
Et en alternance : Albert Killy, Louis Ritter
Et les musiciens : Stéphane Leach, Sylvie Magand, Benjamin Ritter, Pierre-André Weitz
Scénographie, costumes et maquillages : Pierre-André Weitz
Musique : Stéphane Leach
Son : Benjamin Ritter
Assistant à la mise en scène : Olivier Balazuc
Assistants stagiaires à la mise en scène : Muriel Ryngaert, Robert Sandoz
Production
Production : Centre dramatique national / Orléans-Loiret-Centre
Résidence de création : à la Ferme du Buisson - Scène nationale de Marne-la-Vallée
Avec le soutien : du ministère de la Culture et de la communication - aide à la création
Avec la participation : du Théâtre national populaire - Villeurbanne et du Carré Saint-Vincent - Scène nationale d'Orléans
Accueil au festival avec le soutien : de la région Centre
Texte publié : aux éditions Actes Sud-Papiers
© photo Alain Fonteray