Entre journalisme et culture, je choisis les deux !

Suite aux deux éditions précédentes, le Festival d’Avignon poursuit en 2024 cette collaboration inédite et tripartite avec ses médias partenaires et les écoles de journalisme.

Entre journalisme et culture, je choisis les deux ! 2023 © Festival d'Avignon

Entre journalisme et culture, je choisis les deux !

Il s’agit d’un projet entre le Festival d’Avignon - terrain de « sujets » illimités - et la presse afin de sensibiliser la nouvelle génération de journalistes au spectacle vivant et, par rebond, travailler à la valorisation des approches métiers de la « presse culturelle » et au renouvellement des audiences et des spectateurs.

Ce projet est renouvelé en 2024 grâce à l'implication des rédactions dans des suppléments imprimés dédiés à chaque édition, de la présence importante de la presse (600 journalistes accrédités en juillet) et du travail d’accompagnement de notre bureau de presse chaque été auprès des nouvelles générations de journalistes.

C’est dans ce sens que le Festival d’Avignon propose à des étudiants en journalisme un parcours composé :

  • En avril d'un séminaire sur le Festival, son organisation, le spectacle vivant et le journalisme culturel. Encadrement pédagogique par Marie-Josée Sirach, journaliste culture et critique théâtre avec la collaboration des journalistes mandatés par les rédactions des médias partenaires. Rencontres avec des professionnels de la culture et découverte de l’environnement culturel.

  • Pendant le Festival d'un stage dans la rédaction d’un média partenaire du Festival d’Avignon

Postulats et pré-requis : accessible aux étudiants des écoles de journalisme ou en enseignement supérieur intéressés par le journalisme culturel.

En 2024, les médias actuellement partenaires sont : France Médias Monde, RFI, La Provence Les Echos, Scèneweb, L’Humanité, Théâtre(s), Zébuline et Vaucluse Matin.

Entre journalisme et culture, je choisis les deux ! 2023 © Festival d'Avignon

Étudiants 2023 - Leurs portraits

Quand Rafaël arrive quelque part, il y a deux choses qui sautent aux yeux. Premièrement, son grand corps long et élancé. Deuxièmement, son grand sourire communicatif et honnête, parfois un peu timide qui le caractérise bien.

Rafael est né en région Parisienne, mais très vite, il est venu vivre à Avignon avec ses parents. Il y passera une enfance heureuse, proche de la nature, dont il gardera un lien très fort malgré le fait qu’il habite désormais à Paris, pour ses études. Paris, c’est la ville qui l’a vu devenir un jeune homme épanoui, qui a également consolidé certaines de ses amitiés les plus fortes. À Paris, il se plait, c’est selon lui la ville qui lui correspond le mieux cette période de sa vie. Période où il passera d’étudiant à jeune homme débutant sa vie active. Une transition dont il n’a d’ailleurs pas hâte.

Parler de Rafael, c’est aussi parler de la Colombie, pays de cœur avec lequel il a noué une relation très forte lors d’un stage en immersion totale. Durant pratiquement un an, il a vécu au rythme de la vie locale, du reggaeton et de la salsa. Une expérience dont il ressortira changé et qui l’aura marqué à vie.

Avignon, c’est la ville qui l’a vu grandir, s’épanouir mais aussi nourrir son désir d’apprendre et de curiosité.

C’est grâce à son papa, que petit, pour la première fois, il a connu le OFF du festival d’Avignon. De là, grandira son amour pour le théâtre.

Au fil de ses multiples venues, une chose a toujours attiré son attention : les journalistes sur place. Face à eux, un mélange de curiosité et d’admiration habitait le jeune garçon. Pour lui c’était clair, un jour il couvrira lui aussi le festival en tant que journaliste. Aujourd’hui, à 22 ans, c’est chose faite. Une belle consécration pour le tout jeune Rafael qui quelques années auparavant, les regardaient de loin, les étoiles plein les yeux.

« J’ai rien compris » se désole Elisa, salariée à la RTBF (Radio-Télévision Belge de la communauté Française), après sa toute première représentation du Festival d’Avignon. Il s’agissait d’Exit Above, un spectacle de danse mis en scène par Anne Teresa de Keersmaeker. La belge au fort caractère nous regarde avec un air plein d’incompréhension. Mais il n’y a jamais une seule première fois. Pour preuve, la pièce Welfare de Julie Deliquet l’a bouleversé. “J’ai trop kiffé ! Ça m'a tenu en haleine” raconte Elisa avec ce regard pétillant qu’on lui connaît.

Et c’est avec cette même ferveur qu’elle évoque ses années à l’étranger, entre Londres et l’Argentine. Evidemment, son film préféré ne peut être autre que Into the wild de Sean Penn qui raconte le récit d’un étudiant américain abandonnant la civilisation pour retourner à l’état sauvage. Un aller sans retour. C’est avec nostalgie qu’Elisa se remémore cette virée dans les lointaines contrées de Patagonie ou encore cette colocation de 11 Français.e.s à Cordoba où elle a rencontré celle qui est désormais sa meilleure amie. De retour dans sa patrie natale, l’énergique belge monte un à un les échelons au sein de la RTBF. D’abord pigiste, elle accède enfin au sacro-saint CDI dans le plus important groupe audiovisuel de Belgique.

Mais voilà que l’an passé, un poste se libère dans le pôle culture. C’est un nouveau défi pour la guerrière qui sommeille en elle. Alors en pleines vacances farniente sur l’île de Majorque, Elisa postule puis passe l’entretien. Et là c’est le drame. Convaincue qu’elle a échoué, elle espère que ses anciens supérieurs seront cléments et la réintègreront dans leur équipe. La sentence tombe enfin : elle est prise.

En racontant cette histoire, un soupir de soulagement s’échappe de sa bouche comme si elle ne s’était pas tout à fait remise de cet exploit. « J’en ai pleuré quand même. » Elisa fend l’armure. Car comme la jeune femme l’explique : “Je suis super dur envers moi”. A présent dans la culture, elle écume tous les festivals d’été, des Ardentes en Belgique à celui d’Avignon en France. La globe-trotteuse pose donc ses valises pendant une semaine dans la Cité des Papes pour un nouveau challenge. Sans nul doute, elle saura le relever !

Arthur Ponchelet-Cagnard couvrira pour la première fois le Festival d’Avignon comme stagiaire pour L’ADN, une revue trimestrielle et un site internet. Un stage comme journaliste culturel qu’il a obtenu à travers le programme « Entre journalisme et culture, je choisis les deux » organisé par le Festival d’Avignon.

La scène, Arthur la connaît intimement. Pendant dix ans, le jeune homme a pratiqué le théâtre en amateur. Mais cette année, la 77° édition du Festival d’Avignon sera la première où il ira au théâtre avec une autre casquette que celle de spectateur : celle de journaliste culturel. A 24 ans, il est bientôt diplômé de l’IPJ, l’Institut Parisien du Journalisme. « J’ai suivi une semaine de cours sur le journalisme culturel en Master, c’est là où l’idée a commencé à germer », explique-t-il.

Mais son amour du spectacle vivant remonte à bien plus loin. (Petit,) Enfant, il écoutait sa voisine comédienne répéter ses textes. La graine est plantée. A 7 ans, il se lance dans le théâtre. Sa pièce préférée ? Macbeth de Shakespeare. « Je jouais évidemment le rôle de Macbeth », sourit le jeune diplômé. C’est un parisien, un vrai, mais c’est au conservatoire de Meudon qu’il a fait ses armes. « Ma culture théâtrale, je l’ai faite seul », rajoute celui qui n’avait découvert Avignon que brièvement, lors d’un bref passage au Festival Off, avant d’y revenir pour se former au journalisme culturel. Au moment de commencer ses études supérieures, face aux concours des conservatoires nationaux, il choisit pourtant une autre voie. « Je sentais que ma place était autre part, on ne peut pas aller contre sa nature» continue-t-il, ses yeux bleus brillants de malice derrière ses lunettes rondes.

Après une licence de droit, qui ne lui convient pas, Arthur accepte l’évidence. « Je suis issu d’une lignée de journalistes : mais j’ai longtemps refusé de me tourner vers le même métier que ma mère et mon père », sourit le jeune homme, dont les parents exercent tous deux à la radio. Et il est ravi de ce choix : « Le concret, l’humain, les rencontres, c’est vraiment fait pour moi ».

Au moment de candidater au programme Entre Journalisme et Culture, je choisis les deux, qui invite des étudiants à devenir stagiaire auprès de médias partenaire, il sait pouvoir compter sur sa culture générale, et son penchant pourla création sous toutes ses formes, avec un penchant pour le cinéma, qu’il fréquente « au moins trois fois par semaine », précise le jeune apprenti-journaliste. C’est dans les salles obscures qu’il a peaufiné son art de la critique. A l’idée de pouvoir assister à l’ensemble des spectacles du Festival d’Avignon, mais aussi et surtout d’écrire dessus, il est enthousiaste. « On ne cherche pas les mêmes émotions au théâtre qu’au cinéma, ce n’est pas comparable ». Mais pas fait pour lui déplaire!

Après une semaine de séminaire pour découvrir les dessous du Festival, il est plus motivé que jamais à l’idée de pouvoir transmettre cette expérience sur le site web d’ADN, un site web et une revue dont le slogan est « Tendances et mutations ». Alors en juillet, il sera au rendez-vous pour faire découvrir à ces lecteurs le Festival d’Avignon, et cette ville où se rencontrent deux de ses passions : le journalisme et le théâtre.

Callysta Croizer

Elle porte le nom d’une nymphe proche d'Artémis, la déesse de la chasse dans la Mythologie grecque. En avril, lors du séminaire, sur son vélo, Callysta se la joue équilibriste. Le buste droit, les bras écartés, souriante, ses cheveux blonds coupés au carré forment une traînée d’or sur son passage. Il est impossible de ne pas deviner derrière sa silhouette et ses gestes son passé de danseuse. Elle en a fait longtemps, mais seulement en amateur. Aujourd’hui, depuis le public, cette discipline continue d’animer son cœur jusqu’à sa plume.

Après deux années de classe préparatoire à Louis-Le-Grand, elle commence un master d’histoire transnationale à l’ENS-PSL. Passionnée par le Brésil, elle mène aujourd’hui des recherches sur la formation de la compagnie du Ballet Municipal de Rio de Janeiro dans la première moitié du XXème siècle. Callysta rêve de faire une thèse sur l’histoire de la danse.

Pour celle qui venait d’un petit lycée de Vendée, l’arrivée à Paris a été pour le moins vertigineuse. Chaillot, Garnier, ou encore La Villette; les plus grandes scènes n’ont bientôt plus de secret pour elle. Méthodique, en juillet, elle se plonge déjà dans les programmations, passe au crible de son œil expert les noms qui la font vibrer, les anciennes et nouvelles têtes à suivre. Vous vous demandez que voir à Paris ? C’est à Callysta qu’il faut poser la question !

A l’université, elle suit avec passion un cours de critique sur la danse. Une révélation. Il lui permet d’affirmer sa plume et son regard, de gagner en légitimité aussi. Cette année, elle tombe par hasard sur l’annonce du stage. Elle qui a fait ses armes sur Culture Tops, en français et en anglais à Springback Magazin, rejoint en juillet la rédaction des Echos. Si ce mois estival rime avec première fois pour Callysta, certains noms présents sur le programme viennent la rassurer. En avril, le jour de présentation de la 77ème édition du Festival d’Avignon, elle s’enthousiasme à la vue de non pas un mais bien deux spectacles d’Anne Teresa de Keersmaeker, chorégraphe belge qu’elle admire tout particulièrement.

Callysta, c’est un peu la force tranquille. L’oeil toujours attentif, à la sortie d’une pièce, en un regard, on devine déjà chez elle ses impressions. A Avignon, elle fend la foule. La voilà courant d’une salle à une autre, jamais rassasiée. Un jour, au croisement d’une rue, elle fait part de son programme du jour, ô combien impressionnant : assister à toutes les performances des Hivernales, le CDCN d’Avignon.

Après le Festival, Callysta s’envolera au Brésil. Sous son sourire, elle reste humble. Elle y va oui, mais pas pour la plage ou la samba; non pour se perdre dans les archives lusophones jusqu’en octobre. C’est donc un été des premières fois pour Callysta. Premier Avignon, premier Pac à l’eau, premier long voyage de recherche à l’étranger. Ce ne seront sans doute pas les derniers !

Julia Vida

Garis Gentet

Garis est un pur produit de la drome espagnole. Exactement, vous avez bien lu. Quand on lui demande, il aime raconter qu’il est né à Valence. La seconde question, fuse, logique. « Valence en Espagne ? ». Et non, c’est bien Valence en France, capitale de la controversée drome provençale. Mais pas d’inquiétude, il n’y est pas resté longtemps.Son enfance est marquée par l’empreinte laissée par les villes par lesquelles il est passé. Mais attention, toujours dans le sud. Pas question d’aller plus au nord que Lyon.

C’est de Toulouse que remontent ses premiers souvenirs, quand il habitait à la « maison des trains » comme il l’appelle. Puis Montpellier, pendant sept ans, et Carpentras, jusqu’à la fin du lycée. Beaucoup de route pour le jeune Garis. Peut-être de quoi expliquer sa drôle de passion pour les panneaux de signalisation. Garis n’a pas dit « maman » ou « papa » comme premier mot, mais bien un vocabulaire varié sur les différents types de panneaux. Ce qui ne l’a pas empêché de rater son permis. Il a tout de même atterri à Aix en Provence, à Sciences Po plus précisément. Ville qu’il aime. Ça se sent quand il en parle. Il n’est allé voir ailleurs qu’une seule fois, pour son année à l’étranger il y a deux ans. Un séjour en Arizona, aux Etats-Unis qui a été « la meilleure année de sa vie ».

Sous ses cheveux blonds, Garis est un « adulescent ». Adulte, mais encore un peu adolescent dans son cœur et dans sa tête. « Sois fou mais dans la mesure » pourrait être son slogan. Haut en couleur dans la vie. Réfléchi et sans cesse dans la remise en question au moment d’écrire. Car écrire, il aime ça. Le spectacle vivant aussi. Alors quoi de mieux pour lui que de couvrir le festival d’Avignon. Le OFF il l’avait déjà fait. Mais le Festival, il n’osait pas. Qu’à cela ne tienne, il a rattrapé en un mois 21 ans de retard. Enchainant les pièces, les papiers, les verres et les pas de danse. Premier arrivé, dernier parti car « il faut profiter ».

Léna Rosada couvrira pour la première fois le Festival d’Avignon comme stagiaire pour le magazine Théâtre(s). Un stage comme journaliste culturel qu’elle a obtenu à travers le programme « Entre journalisme et culture, je choisis les deux » organisé par le Festival d’Avignon. À la voir pédaler dans les rues d’Avignon, les cheveux au vent, on sent bien qu’elle a mille choses à faire. Juchée sur son inséparable vélo, Léna Rosada voit défiler les rues de la cité des Papes, en route vers un spectacle, une interview, ou simplement vers la piscine. Une vie à 100 à l’heure. Les rues pavées d’Avignon, la native de Montpellier les connaît bien. Petite, elle est venue plusieurs fois au Off, avec sa mère. « On allait voir des trucs dans des garages, se souvient-elle en riant, c’était pas toujours du grand théâtre ! » Les années passent, mais son amour pour les planches se poursuit. « J’y suis retournée seule plusieurs fois, grâce au TER Montpellier-Avignon à 1 € », explique-t-elle. Camping sur les bords du Rhône, théâtre, spectacles de danse… Tout y passe.

Rien d’étonnant quand on connaît son attachement au théâtre. Cette « fille de quartiers populaires » découvre la scène en CE1. « Sur le temps périscolaire, Virginie, l’une des animatrices, a lancé une activité théâtre, se remémore-t-elle. Toutes mes copines y allaient, j’étais jalouse ! » Alors elle se lance. La découverte de Père Ubu, puis de Pablo Neruda l’a marquée. La graine était plantée. Son amour pour l’auteur espagnol la pousse à intégrer un lycée international spécialisé dans la langue de Cervantès. « Le théâtre, ça amène des trucs que tu ne suspectes pas ! » Sorj Chalandon, Bernard-Marie Koltès, Frederico Garcia Lorca…

La jeune diplômée de l’EJCAM, l’école de journalisme de Marseille, se nourrit d’une multitude d’auteurs. Des textes puissants qu’elle retrouve dans plusieurs théâtres de la cité phocéenne où elle travaille à côté de ses études. Éternelle insatiable, Léna est partout à la fois. Passionnée de boxe, elle a sans cesse besoin de se dépenser, que ce soit sur le ring ou à la piscine. Si cette mordue de radio a déjà connu l’effervescence du Festival d’Avignon, ce sera sa première fois en tant que critique. C’est pour le magazine Théâtre(s) que Léna écumera les salles du Festival. Un moment émouvant pour elle, puisque c’est dans cette ville que sa mère a grandi. « C’est comme si je marchais sur ses pas », glisse-t-elle. L’occasion, aussi, de se nourrir encore plus de l’art. « J’ai hâte d’être bouleversée, décontenancée et de découvrir des choses que je ne connais pas encore. C’est ça, la magie d’Avignon ! »

 Arthur Ponchelet

Tanita Fallet, journaliste couteau suisse, spectatrice engagée

Entre deux reportages pour RFI, la radio dans laquelle elle est en stage, Tanita a quand même trouvé le temps d’aller voir le concert de SCH au Vélodrome. Un évènement inratable pour cette avignonnaise, marseillaise de coeur. Si vous cherchez Tanita, vous avez de grande chance de la trouver au théâtre, dans les locaux d’un média ou à un match de l’OM, équipe qu’elle supporte avec ferveur, suivant les traces de sa mère. Car cette jeune femme de 24 ans a plusieurs cordes à son arc et mène sa barque avec aplomb et audace. En 1998, à Avignon, naît Tanita Fallet. Très tôt, sa mère l’encourage à commencer la danse, “un moyen d’éduquer mon corps”, explique-t-elle. Elle n’a depuis jamais cessé de danser et se réjouit de la place importante que prend la danse, notamment au Festival d’Avignon, qu’elle fréquente depuis toujours et qu’elle couvre aujourd'hui pour RFI.

En sixième, à l’âge de 11 ans, la jeune fille intègre une classe danse étude, en horaire aménagé. Les années passent, Tanita est extrêmement talentueuse mais, comme cela arrive bien trop souvent dans le sport de haut niveau, elle se blesse et abandonne le rêve d’une carrière professionnelle. Loin de se laisser abattre, ce n’est pas dans son vocabulaire, Tanita change de voie, reconsidère son avenir : elle sera journaliste. “J’ai pensé à être médecin, mais j’étais nulle en maths, alors je suis devenue journaliste.” À chaque problème une solution. Ainsi va la vie de Tanita. Cependant, elle doute. Va-t-elle réussir son rêve? “Je me disais que si je ne faisais pas une grande école, type Sciences po, je n’allais jamais réussir.” Mais elle ça dans le sang, ce métier est fait pour elle : “quand j’étais petite, j’avais la tchatche. J’aimais poser des questions aux gens, en apprendre sur leur vie… On m’appelait potin girl!”, se rappelle Tanita. Alors elle met toutes les chances de son côté pour atteindre son objectif : après une classe préparatoire aux concours d’entrée en Institut d’études politiques à Marseille, c’est à Lille que cette sudiste pose ces valises pour intégrer une faculté de sciences politiques. Si le soleil et l’OM lui manque, Tanita commence en parallèle une préparation aux concours d’entrée en école de journalisme à l’académie ESJ de Lille. Une formation très coûteuse qu’elle a la chance de pouvoir intégrer grâce à son statut de boursière. À Lille confirme sa vocation et travaille ardemment pour devenir journaliste.

Entre stages dans des rédactions, La Provence, France Bleu, Le Mouv’, et projets personnels, un podcast Fil Rouge, diffusé sur Arte Radio, Tanita se forme peu à peu. Et en 2021, elle débarque à Paris pour un Master de 2 ans à l’IPJ, dans lequel elle choisit la spécialité radio. Car le métier de journaliste, pour elle, est indissociable du média radio. Elle s’exerce à différentes formes pendant ces deux années parisiennes : le podcast, le flash info, le reportage…Elle comprend assez vite que c’est dans le domaine de la culture qu’elle se sent le mieux : parler avec les artistes de leurs pratiques, les faire échanger avec d’autres artistes, faire connaître des créateurs… Voilà ce que Tanita aime par dessus tout. C’est dans le domaine de la danse mais surtout du théâtre, qu’elle aime travailler. Ce n’est donc pas par hasard qu’elle a postulé à ce stage Entre journalisme et culture, je choisis les deux. Embauché par RFI, elle peut, pendant un mois, concilier ses passions : théâtre, journalisme et danse. Habitante d’Avignon, elle a grandi entourée de théâtre, de comédiens et de metteurs en scène. Tous les ans elle se rend au Festival, y travaille de temps en temps, à la billetterie ou au bar. Cette année, et pour la première fois, c’est avec la casquette de journaliste qu’elle se rend au Festival.

Cholé Bergeret

Étudiants 2022 - Leurs portraits

Les étudiants ont réalisé leurs stages auprès des rédactions des Inrockuptibles, de (RFI), Théâtre(s), La Scène, de France Bleu Vaucluse et La Scène Web.

"Moi, la radio, c'est mon truc !" Fanny Imbert, 22 ans, doit finir sa deuxième année à l'IFP (Institut français de presse) à Paris pour être diplômée de journalisme. Après son bac littéraire, elle quitte son Poitou Charentes natal pour s'installer dans la capitale. Ses parents, eux, vivent toujours dans la campagne de Poitiers, et elle prend plaisir à y revenir pour remonter ses chevaux.
Discrète mais pourtant affirmée, Fanny est pleine d'ambition et compte bien enchaîner les expériences professionnelles dans la radio. Pour cela, c'est la première fois qu'elle descend dans le sud : "je ne connaissais pas Avignon mais je savais que ça allait être cool", se rappelle-t-elle toute sourire avant de reconnaître "je me sens très chanceuse d'être ici, j'avais très hâte de venir !".
Et à peine fini son stage à RFI dans le cadre du programme "entre journalisme et culture, je choisis les deux !", elle sera en stage à la production de France Culture en août.
Depuis sa licence en lettres modernes à Lille en partenariat avec l'académie de l'ESJ (l'Ecole supérieure de journalisme), pour elle c'est clair, elle veut concilier culture et journalisme. "Ce sont des sujets qui me portent", avoue-t-elle fièrement en recoiffant ses fins cheveux blonds.

Né dans la campagne de Tours en 2000 et issu d’une famille nombreuse, Malo part en internat à Tours à 15 ans. Là-bas il se découvrira des intérêts très poussés pour la culture, le journalisme, la politique, l’écologie et le vagabondage (selon ses propres dires). Sa curiosité pour le théâtre a débuté à cette époque, moins sous la forme de spectateur que sous celle d’acteur. Cependant, les deux allant de pair, Malo voit de plus en plus de spectacles. En parallèle, il vit au lycée sa première expérience journalistique. À la suite d’un bac économique, il se dirige vers une hypokhâgne et une khâgne où il se plaît, bien qu’il en supporte mal l’enfermement. Mais il se rattrape lors d’une L3 en humanité où il assouvit ses désirs d’activisme, de théâtre et de journalisme. En 2021, il est reçu au master de journalisme de Sciences Po Toulouse, où il déménage avec son frère jumeau. Ayant été notifié de l’opportunité Avignonnaise via son école, Malo tente sa chance. Et quand il l’obtient, malgré quelques obstacles à l’instar d’une jambe cassée de sa maître de stage, il exploite l’occasion autant que possible en étant le plus motivé d’entre nous. Après une semaine de formation et de contact avec les coulisses du festival qu’il a trouvé passionnante, Malo se lance dans le festival. Durant vingt jours, il voit pièce sur pièce, et en redemande, profitant du statut privilégié que nous offre ce stage.

Hanna Bernard

"Des sacrifices/ S'il le faut j'en ferai/ J'en ai déjà fait /Mais toujours le poing levé" chantait Amel Bent. Ce refrain pourrait convenir à la vie de Pauline Guillet, dite Poloche, dont la détermination s’est forgée par les épreuves et les obstacles. En apparence, rien ne sépare Pauline de n’importe qu’elle femme de vingt ans. Le visage jeune, volontiers rieur, entourée d’une bande d’hurluberlus. Pourtant Pauline a déjà reçu quelques coups vicieux de la vie, « cette vieille chienne borgne boitant sous un ciel d’automne » comme disait Fabcaro.

Pour commencer, Pauline a un peu plus de bouteille que ses flamboyantes compagnes stagiaires. Derrière ses airs d’étudiante en deuxième année, elle a en fait trente balais, car Pauline est née 13 juillet 1992 à Nantes. La légende dit que c’est âgée d’un jour qu’elle aurait déclaré « À bas la monarchie » en gazouillant dans la splendeur de son premier feu d’artifice. Fille cadette d’une petite famille de quatre, elle se découvre une âme de rêveuse et de créatrice un peu comme son père, technicien en électronique mais surtout bricoleur inventif et artiste amateur. Là où son père sculpte et bidouille, elle adopte comme armes l’appareil photo argentique  et la plume, douce ou acérée mais toujours poétique. À l’inverse pas toujours facile de concilier sa vision du monde avec celle de sa mère une femme exigeante à l’esprit cartésien de qui elle tient sans doute sa persévérance et sa résistance aux chocs. Son enfance à Nantes est bercée par sa grande complicité avec son frère aîné avec qui elle partage ses rêves, ses secrets, ses espoirs… Sans surprise, et au dam de sa mère, cette amoureuse de la culture fait un bac littéraire et une licence de lettres, en dévorant au passage des écrivain·e aussi éclectique que Camus, Quinien et Anaïs Nin. Tentée par le journalisme, elle bifurque vers une licence de tourisme à Saint-Brieuc, un secteur qui lui semble moins risqué mais non moins intéressant. Ces licences qui l’abreuvent de connaissances la laissent parfois perdue dans un besoin de concrétisation. Elle fait donc l’expérience de plusieurs emplois dans le tourisme et les ressources humaines, de patelins paumés en patelins paumés telle une aventurière du Poitou-Charentes. Ces expériences professionnelles et un voyage en Angleterre la confrontent à une réalité parfois passionnante, d’autre fois douloureuse. Elle y expérimente la débrouillardise, le sentiment de solitude, la ténacité et la confrontation avec des personnages plus ou moins recommandables. Elle décide alors de repiquer vers une école nantaise de journalisme, dans une ambiance très sportive : joyeuse et déconnante les bons jours, elle devient très « esprit de vestiaire » les mauvais. Son stage dans le groupe M Média est une véritable révélation. Une ambiance de travail calme, organisée ou Pauline trouve une façon d’équilibrer son besoin d’écrire et son besoin de solitude. Avignon, n’est pas précisément un lieu calme et solitaire mais elle y trouve des compensations plus que réjouissantes. Elle va de spectacles en spectacles, erre dans la rue à photographier la vie bouillonnante du festival, et passe le reste de son temps à philosopher au fil de l’eau avec son stagiaire préféré, votre serviteur. Si l’on tendait l’oreille près de la chambre de Pauline, au cœur de la nuit noire, on entendrait probablement la voix d’une femme éternellement jeune chanter doucement « Je n’ai qu’une philosophie, être acceptée comme je suis. Malgré tout ce qu'on me dit. Je reste le poing levé... »

Malo Toquet

Elle a le “flow” de paroles de l’Arlequin d’Olivier Py et l’énergie électrique d’un projecteur de théâtre. Du haut de ses 21 ans et de ses origines maternelles grecques, Elza Goffaux a déjà vécu plusieurs vies et parcouru des continents inexplorés. Après deux années à Sciences Po Paris à Menton, son attrait pour les cultures arabes l’a conduit au Caire en Egypte pour une année d’échange Erasmus. Enchaîner une poignée de jours après son retour par le Festival d’Avignon semble une formalité pour cette insatiable curieuse du monde et des cultures. Guidée par Marie-Josée Sirach, journaliste, critique et cheffe du service culture de l’Humanité, Elza s’est vue publiée tout au long du festival dans ce quotidien mythique. La jeune journaliste plus tout à fait en herbe ne cache pas sa joie d’avoir notamment rencontré la poétesse palestinienne Carol Sansour pour le projet Shaeirat : “Sa poésie est tellement personnelle ! Le festival d’Avignon nous offre des opportunités incroyables", exulte-elle. Extravertie, un brin hyperactive, la globe-trotteuse se voit reporter. En Egypte, elle s’est initiée à la photographie argentique, s’est entraînée à l’écriture intensive, réalisant de nombreux reportages géopolitiques et sur l’économie du recyclage pour Al Ahram Hebdo, journal égyptien francophone édité par le plus grand groupe de presse du pays. Cet intense mois de juillet achevé, l’heure est au retour à Paris pour un Master en Journalisme et de très belles expériences au compteur.

Pauline Guillet

Étudiants 2021 - Leurs portraits

Les étudiants ont réalisé leurs stages auprès des rédactions des Inrockuptibles, de Transfuge, Théâtre(s), La Scène, RFI et de la RTBF. Merci aux rédactions pour leurs participations au projet et aux écoles pour le soutien cette nouvelle démarche : CFJ, IFP, SC PO, EJCAM, ESJ Montpellier

De l’école de journalisme Sciences Po Paris, par Alexandra Jaegy de l’IFP.

Au premier abord, Nadège n’aurait jamais dû couvrir le Festival d’Avignon. Dans son enfance, cette Suissesse, désormais âgée de 25 ans, n’a que rarement eu l’occasion d’aller au théâtre. C’est du moins ce qu’elle évoque lorsqu’on lui demande de but en blanc de détailler son rapport à la cutlure. Mais, après réflexion, Nadège se reprend. « Bien-sûr que j’ai grandi en allant au théâtre. Mais ce n’était pas celui du Festival. J’adorai les comédies musicales. » Alors, longtemps, Nadège a pensé qu’elle n’était pas assez cultivée. C’est seule et après le lycée qu’elle se construit son patrimoine culturel, sans avoir peur des découvertes en solitaire. Après sa Maturité (l’équivalent du bac en Suisse), elle décide de voyager et d’étudier la sociologie. C’est là que commence une réflexion sur son parcours personnel au sein de la société. Avec soif de connaissance, elle découvre les musées, la peinture et le théâtre « légitime », comme elle aime à le décrire. Un nouveau monde s’offre à elle, fascinant, spirituel, dont elle se nourrit au quotidien. Ce qu’elle aime le plus dans le théâtre, c’est naturellement la magie des costumes, car Nadège aime la mode. Pour elle, les habits ont une symbolique très forte, à tel point que cette étudiante à Sciences Po Paris rêve d’être journaliste de mode. Sa première passion : écrire, depuis qu’elle sait tenir un stylo. Lors d’un passage à La Tribune de Genève, Nadège a une révélation : travailler dans la presse écrite pour y devenir une journaliste culturelle, une idée qui sonne comme une revanche sur son enfance loin de la culture classique. Finalement, couvrir le Festival d’Avignon pour les Inrockuptibles sonne comme une évidence lorsque l’on connaît vraiment Nadège.
Écrit par Alexandra Jaegy

Intervenante pédagogique au service des communautés des quartiers sensibles depuis 2012, à Avignon et dans les alentours.

Hormis un projet de webradio éducative en partenariat avec Rfi en 2019, rien ne destinait Fouziya Limoan, intervenante pédagogique établie dans la cité des Papes à l’âge de 18 ans, à participer à une résidence organisée pour de jeunes journalistes par le Festival d’Avignon. « L’essentiel, c’est que je me sente faire partie du groupe », souligne-t-elle, quand on lui fait remarquer qu’elle ne figure pas sur la photo officielle prise pour les réseaux sociaux. S’inscrire dans le collectif et dans l’échange de points de vue, voilà ce qui a amené cette passionnée de boxe thaï de 37 ans à faire partie de l’aventure « Jeunes Reporters d’Avignon ». Son arrivée à Avignon est aussi peu banale que sa mue professionnelle : c’est « un accident heureux » qui l’a conduite vers la cité des papes, à savoir la naissance de sa nièce lors de l’été 2001. Elle fait ses bagages, pensant passer les vacances en famille ; elle n’en repartira finalement jamais. La cité Berthe, dans laquelle elle a grandi, proche de la Seyne-sur-mer, à deux heures de route, peut toujours l’attendre, Fouziya a des ambitions qui ferait craquer les murs de n’importe quelle petite ville. « Au départ, j’étais travailleuse sociale pure, mais je me suis rendu compte que c’était un truc chiant. Il fallait que ça change, j’étais “déter”…, alors je suis allé au Conseil général pour demander une aide qui me permette de faire une formation en audiovisuel. » Cette étape est un tournant. Fouziya crée son association « Par l’image et le son » en 2012, dénomination qu’elle fait précéder du mot « Volt » en 2020 pour faire écho à son tryptique de vie : « énergie – force – potentiel. » Tout s’enchaîne : elle intègre toutes les compétences techniques, crée des capsules vidéo sur des problématiques sociales en lien avec son territoire et, plus important encore, avec les jeunes de quartiers sensibles qu’elle défend bec et ongles. « Les écouter pour qu’ils parlent, leur parler pour qu’ils écoutent », condense-t-elle, mais jamais leur mâcher le travail. Actrice de son destin, derrière et non devant la caméra, Fouziya souhaite la même chose pour les jeunes n’ayant pas eu le privilège de fréquenter le Festival d’Avignon ou, plus largement, les institutions culturelles. Elle fait ainsi le lien entre culture(s) et public(s), entre Avignon et ses communautés. La médiation est ce qui la définirait le mieux : elle lui permet de « donner la parole » à ceux qui ne l’ont pas, ou pas assez, autour d’elle, et de « donner (sa) parole pour faire un retour d’expérience », ce qui, elle l’espère, « favorisera l’ouverture » et l’émergence d’un nouveau vivier de talents. Comme elle le dit : « Chaque jeune est une graine. » Et, comme l’on entend plus souvent dans le sud qu’ailleurs, « la bienveillance, c’est comme le soleil, ça coute pas plus cher d’en arroser le plus grand nombre ».
Écrit par Theo Bessard

C’est une petite brune, souriante. De faux airs d’Audrey Tautou. Cigarette à la main, Tania Markovič, 25 ans, parle beaucoup avec son corps. Quand elle s’exprime, c’est d’une voix posée, radiophonique, colorée de l’accent de son pays d’adoption, la Belgique. Quand elle rit, c’est sans retenue. Le théâtre, l’écriture, Tania connaît. Elle y navigue depuis l’enfance, tant à l’école que dans sa vie personnelle. A la fin de ses études, après l’école de formation de l’acteur Claude Mathieu à Paris, elle enchaîne les petits boulots. « J’ai essayé deux fois de monter une pièce que j’ai écrit, mais le projet n’a pas fonctionné. J’ai joué dans quelques courts-métrages, quelques web-séries, mais rien qui me permette de vivre », explique-t-elle. Elle déménage à Bruxelles et reprend ses études en 2019 à l’institut des Arts de Diffusion de Louvain-la-Neuve. Elle devient pigiste pour la RTBF. Quand on l’interroge sur le Festival d’Avignon, ses yeux bruns s’éclairent. « J’espère y faire des rencontres, tenter de nouveaux sujets. » Et la radio la rattrape toujours : elle envisage aussi d’expérimenter avec les sons, de se faire « passeuse », comme elle le dit volontiers, de l’ambiance si particulière de cet intense mois de juillet.
Écrit par Pauline Demange

Mercredi 19 mai 2021, le rendez-vous est pris à un café-croissanterie Rue de la République, une des artères commerçantes les plus importantes d'Avignon Intra-Muros. En robe légère malgré le mistral qui souffle ce matin-là sur la Cité des Papes, Alexandra Jaegy a le regard qui pétille, tout à sa joie de boire un café en terrasse pour la première fois de l'année. Malgré son jeune âge (25 ans), Alexandra a déjà un parcours bien rempli. Son bac économique et social en poche, elle intègre la prépa littéraire du lycée parisien Victor Duruy avant de valider sa licence en « lettres, édition, médias et audiovisuel » à la Sorbonne avec le projet de devenir journaliste. Là, ses attentes sont déçues : « Sur le papier, explique-t-elle, cela faisait très actuel, mais dans les faits on n’avait qu’une heure de journalisme par semaine. » Elle rejoint alors une autre licence en « création de contenu numérique, majeur journaliste » à l’école W avec laquelle elle a l’occasion de partir en Nouvelle-Zélande pour un stage au sein d’un média s’adressant aux expatriés français. A son retour en France, elle est pigiste pendant près d’un an pour BFM TV, une expérience qu’elle qualifie de « géniale, car on lui a donné très vite de nombreuses responsabilités. Dans un média comme BFM, on ne s’ennuie jamais ». En septembre 2020, elle entre en master de journalisme à l’Institut Français de Presse, dont elle vient juste d’achever la première année. Il sera bientôt temps pour elle de se spécialiser. Son choix s’est porté sur la radio : « Il y a un lien affectif fort qui unit la radio et son public ; elle peut accompagner l’auditeur dans chaque moment de sa vie quotidienne, contrairement à la “consommation” de la télé ou de la presse écrite qui suppose de se poser ». Alexandra aime à dire que « le micro, le journaliste peut l’oublier, contrairement à la caméra ou au fait d’écrire. Cela permet une plus grande proximité avec le public». Pour son projet de fin d’étude, elle réalise un podcast sur la prise en charge psychologique des migrants en France. Ce mois de juillet, elle couvrira le Festival d’Avignon – sa « première fois » – comme stagiaire pour RFI, média où elle rêve de travailler en tant que correspondante à l’étranger. Aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle a toujours voulu être journaliste. Passionnée de voyages, (elle a notamment été quatre fois en Chine, dont la première fois à seize ans), elle envisage le journalisme comme « une ouverture au monde », estimant qu'une de ses missions sera de faire entrevoir au public des cultures différentes. D'origine franco-catalane, parfaitement bilingue, elle répond depuis son enfance aux questions de ses amis français ou catalans sur ce qui se passe « de l’autre côté ». Elle est, comme qui dirait, « tombée dans la marmite journalistique quand elle était petite ».
Écrit par Tania Markovic

Du côté de sa mère, il est issu de la haute bourgeoisie juive moscovite et, de son père, d’une famille paysanne de la Bresse, « là où il y a les poulets », sourit-il, les yeux noisette. « Notre entente familiale est exceptionnelle, poursuit-il, tout repose sur la transparence et la communication. » Cet étudiant de 27 ans en journalisme à l’EJCAM, à Marseille, passé par une licence de droit-éco-gestion à Lille et un Master de médiation culturelle à Paris, est traversé par ces origines multiples. Comment résumer Theo, qui échappe à tous les cadres ? Il parle français, anglais et arabe libanais à la perfection. Son film préféré est L’incompris de Comencini, son musicien fétiche Alain Bashung, et son livre favori Bel Ami de Maupassant. Lorsqu’on parle de culture, Theo reconnaît sa chance : « Petit, tous les dimanches, nous allions visiter un musée ou assister à une pièce de théâtre en famille. En sortant, on se baladait pour en parler. » Théâtre, opéra, danse, cinéma, concerts, galeries d’art. Tout y passe. De plus, il pioche régulièrement dans la bibliothèque de sa grand-mère, qui lui conseille des livres adaptés à son âge et ses intérêts. Theo aime voyager, il a vécu trois ans à Beyrouth, où il a rencontré sa moitié, Christine, une artiste plasticienne dont le travail et la philosophie de vie l’inspirent au quotidien. En 2019, ils perdent tous les deux leur travail lorsque le pays sombre dans une grave crise économique et sociale. Situation dramatique, qui va l’amener à se tourner vers le journalisme: « Je voulais être le relai de la situation du Liban à cette période. Ça me révoltait qu’il puisse se passer quelque chose de si grave et qu’on n’ait pas accès à toutes les informations. » Les thématiques qui lui sont chères sont celles de la mémoire, du langage et des migrations, fruit et moteur de son histoire personnelle. Une évidence pour Theo : « La nuit peut enfanter un jour totalement différent de la veille, il faut se prémunir des variables. Avoir de la culture, selon moi, est la meilleure arme. »
Écrit par Nadège Delépine