Between journalism and culture, I choose both!

Following the two previous editions, the Festival d'Avignon continues in 2024 this unique and tripartite collaboration with its media partners and journalism schools.

Between journalism and culture, I choose both! ! 2023 © Festival d'Avignon

Between journalism and culture, I choose both!

This is a project between the Festival d'Avignon - field of unlimited "subjects" - and the press in order to make the new generation of journalists aware of the performing arts, to work on the promotion of the "cultural press" and on the renewal of audiences and spectators.

This project is renewed in 2024 thanks to the involvement of the editorial staff in printed supplements dedicated to each edition, to the important presence of the press (600 accredited journalists in July) and to the support work of our press office each summer with the new generations of journalists.

The Festival d'Avignon proposes to journalism students a course composed of :

  • April : seminar on the Festival, its organisation, the performing arts and cultural journalism. Supervised by Marie-Josée Sirach, cultural journalist and theatre critic, in collaboration with journalists from the partner media. Meetings with cultural professionals and discovery of the cultural environment.

  • During the Festival work placement in the editorial department of a media partner of the Festival d'Avignon.

Requirements: open to students at journalism schools or higher education establishments interested in cultural journalism.

In 2024, the media currently partnering the Festival are : France Médias Monde, RFI, La Provence Les Echos, Scèneweb, L’Humanité, Théâtre(s), Zébuline et Vaucluse Matin.

Between journalism and culture, I choose both! ! 2023 © Festival d'Avignon

Students 2023 - Their portraits

Quand Rafaël arrive quelque part, il y a deux choses qui sautent aux yeux. Premièrement, son grand corps long et élancé. Deuxièmement, son grand sourire communicatif et honnête, parfois un peu timide qui le caractérise bien.

Rafael est né en région Parisienne, mais très vite, il est venu vivre à Avignon avec ses parents. Il y passera une enfance heureuse, proche de la nature, dont il gardera un lien très fort malgré le fait qu’il habite désormais à Paris, pour ses études. Paris, c’est la ville qui l’a vu devenir un jeune homme épanoui, qui a également consolidé certaines de ses amitiés les plus fortes. À Paris, il se plait, c’est selon lui la ville qui lui correspond le mieux cette période de sa vie. Période où il passera d’étudiant à jeune homme débutant sa vie active. Une transition dont il n’a d’ailleurs pas hâte.

Parler de Rafael, c’est aussi parler de la Colombie, pays de cœur avec lequel il a noué une relation très forte lors d’un stage en immersion totale. Durant pratiquement un an, il a vécu au rythme de la vie locale, du reggaeton et de la salsa. Une expérience dont il ressortira changé et qui l’aura marqué à vie.

Avignon, c’est la ville qui l’a vu grandir, s’épanouir mais aussi nourrir son désir d’apprendre et de curiosité.

C’est grâce à son papa, que petit, pour la première fois, il a connu le OFF du festival d’Avignon. De là, grandira son amour pour le théâtre.

Au fil de ses multiples venues, une chose a toujours attiré son attention : les journalistes sur place. Face à eux, un mélange de curiosité et d’admiration habitait le jeune garçon. Pour lui c’était clair, un jour il couvrira lui aussi le festival en tant que journaliste. Aujourd’hui, à 22 ans, c’est chose faite. Une belle consécration pour le tout jeune Rafael qui quelques années auparavant, les regardaient de loin, les étoiles plein les yeux.

J’ai rien compris” se désole Elisa, salariée à la RTBF (Radio-Télévision Belge de la communauté Française), après sa toute première représentation du Festival d’Avignon. Il s’agissait d’Exit Above, un spectacle de danse mis en scène par Anne Teresa de Keersmaeker. La belge au fort caractère nous regarde avec un air plein d’incompréhension. Mais il n’y a jamais une seule première fois. Pour preuve, la pièce Welfare de Julie Deliquet l’a bouleversé. “J’ai trop kiffé ! Ça m'a tenu en haleine” raconte Elisa avec ce regard pétillant qu’on lui connaît.

Et c’est avec cette même ferveur qu’elle évoque ses années à l’étranger, entre Londres et l’Argentine. Evidemment, son film préféré ne peut être autre que Into the wild de Sean Penn qui raconte le récit d’un étudiant américain abandonnant la civilisation pour retourner à l’état sauvage. Un aller sans retour. C’est avec nostalgie qu’Elisa se remémore cette virée dans les lointaines contrées de Patagonie ou encore cette colocation de 11 Français.e.s à Cordoba où elle a rencontré celle qui est désormais sa meilleure amie. De retour dans sa patrie natale, l’énergique belge monte un à un les échelons au sein de la RTBF. D’abord pigiste, elle accède enfin au sacro-saint CDI dans le plus important groupe audiovisuel de Belgique.

Mais voilà que l’an passé, un poste se libère dans le pôle culture. C’est un nouveau défi pour la guerrière qui sommeille en elle. Alors en pleines vacances farniente sur l’île de Majorque, Elisa postule puis passe l’entretien. Et là c’est le drame. Convaincue qu’elle a échoué, elle espère que ses anciens supérieurs seront cléments et la réintègreront dans leur équipe. La sentence tombe enfin : elle est prise.

En racontant cette histoire, un soupir de soulagement s’échappe de sa bouche comme si elle ne s’était pas tout à fait remise de cet exploit. “J’en ai pleuré quand même.” Elisa fend l’armure. Car comme la jeune femme l’explique : “Je suis super dur envers moi”. A présent dans la culture, elle écume tous les festivals d’été, des Ardentes en Belgique à celui d’Avignon en France. La globe-trotteuse pose donc ses valises pendant une semaine dans la Cité des Papes pour un nouveau challenge. Sans nul doute, elle saura le relever !

Arthur Ponchelet-Cagnard couvrira pour la première fois le Festival d’Avignon comme stagiaire pour L’ADN, une revue trimestrielle et un site internet. Un stage comme journaliste culturel qu’il a obtenu à travers le programme « Entre journalisme et culture, je choisis les deux » organisé par le Festival d’Avignon.

La scène, Arthur la connaît intimement. Pendant dix ans, le jeune homme a pratiqué le théâtre en amateur. Mais cette année, la 77° édition du Festival d’Avignon sera la première où il ira au théâtre avec une autre casquette que celle de spectateur : celle de journaliste culturel. A 24 ans, il est bientôt diplômé de l’IPJ, l’Institut Parisien du Journalisme. « J’ai suivi une semaine de cours sur le journalisme culturel en Master, c’est là où l’idée a commencé à germer », explique-t-il.

Mais son amour du spectacle vivant remonte à bien plus loin. (Petit,) Enfant, il écoutait sa voisine comédienne répéter ses textes. La graine est plantée. A 7 ans, il se lance dans le théâtre. Sa pièce préférée ? Macbeth de Shakespeare. « Je jouais évidemment le rôle de Macbeth », sourit le jeune diplômé. C’est un parisien, un vrai, mais c’est au conservatoire de Meudon qu’il a fait ses armes. « Ma culture théâtrale, je l’ai faite seul », rajoute celui qui n’avait découvert Avignon que brièvement, lors d’un bref passage au Festival Off, avant d’y revenir pour se former au journalisme culturel. Au moment de commencer ses études supérieures, face aux concours des conservatoires nationaux, il choisit pourtant une autre voie. « Je sentais que ma place était autre part, on ne peut pas aller contre sa nature» continue-t-il, ses yeux bleus brillants de malice derrière ses lunettes rondes.

Après une licence de droit, qui ne lui convient pas, Arthur accepte l’évidence. « Je suis issu d’une lignée de journalistes : mais j’ai longtemps refusé de me tourner vers le même métier que ma mère et mon père », sourit le jeune homme, dont les parents exercent tous deux à la radio. Et il est ravi de ce choix : « Le concret, l’humain, les rencontres, c’est vraiment fait pour moi ».

Au moment de candidater au programme Entre Journalisme et Culture, je choisis les deux, qui invite des étudiants à devenir stagiaire auprès de médias partenaire, il sait pouvoir compter sur sa culture générale, et son penchant pourla création sous toutes ses formes, avec un penchant pour le cinéma, qu’il fréquente « au moins trois fois par semaine », précise le jeune apprenti-journaliste. C’est dans les salles obscures qu’il a peaufiné son art de la critique. A l’idée de pouvoir assister à l’ensemble des spectacles du Festival d’Avignon, mais aussi et surtout d’écrire dessus, il est enthousiaste. « On ne cherche pas les mêmes émotions au théâtre qu’au cinéma, ce n’est pas comparable ». Mais pas fait pour lui déplaire!

Après une semaine de séminaire pour découvrir les dessous du Festival, il est plus motivé que jamais à l’idée de pouvoir transmettre cette expérience sur le site web d’ADN, un site web et une revue dont le slogan est « Tendances et mutations ». Alors en juillet, il sera au rendez-vous pour faire découvrir à ces lecteurs le Festival d’Avignon, et cette ville où se rencontrent deux de ses passions : le journalisme et le théâtre.

Étudiants 2022 - Leurs portraits

The students did their internships with the editorial offices of Les Inrockuptibles, (RFI), Théâtre(s), La Scène, France Bleu Vaucluse and La Scène Web.

"Moi, la radio, c'est mon truc !" Fanny Imbert, 22 ans, doit finir sa deuxième année à l'IFP (Institut français de presse) à Paris pour être diplômée de journalisme. Après son bac littéraire, elle quitte son Poitou Charentes natal pour s'installer dans la capitale. Ses parents, eux, vivent toujours dans la campagne de Poitiers, et elle prend plaisir à y revenir pour remonter ses chevaux.
Discrète mais pourtant affirmée, Fanny est pleine d'ambition et compte bien enchaîner les expériences professionnelles dans la radio. Pour cela, c'est la première fois qu'elle descend dans le sud : "je ne connaissais pas Avignon mais je savais que ça allait être cool", se rappelle-t-elle toute sourire avant de reconnaître "je me sens très chanceuse d'être ici, j'avais très hâte de venir !".
Et à peine fini son stage à RFI dans le cadre du programme "entre journalisme et culture, je choisis les deux !", elle sera en stage à la production de France Culture en août.
Depuis sa licence en lettres modernes à Lille en partenariat avec l'académie de l'ESJ (l'Ecole supérieure de journalisme), pour elle c'est clair, elle veut concilier culture et journalisme. "Ce sont des sujets qui me portent", avoue-t-elle fièrement en recoiffant ses fins cheveux blonds.

Né dans la campagne de Tours en 2000 et issu d’une famille nombreuse, Malo part en internat à Tours à 15 ans. Là-bas il se découvrira des intérêts très poussés pour la culture, le journalisme, la politique, l’écologie et le vagabondage (selon ses propres dires). Sa curiosité pour le théâtre a débuté à cette époque, moins sous la forme de spectateur que sous celle d’acteur. Cependant, les deux allant de pair, Malo voit de plus en plus de spectacles. En parallèle, il vit au lycée sa première expérience journalistique. À la suite d’un bac économique, il se dirige vers une hypokhâgne et une khâgne où il se plaît, bien qu’il en supporte mal l’enfermement. Mais il se rattrape lors d’une L3 en humanité où il assouvit ses désirs d’activisme, de théâtre et de journalisme. En 2021, il est reçu au master de journalisme de Sciences Po Toulouse, où il déménage avec son frère jumeau. Ayant été notifié de l’opportunité Avignonnaise via son école, Malo tente sa chance. Et quand il l’obtient, malgré quelques obstacles à l’instar d’une jambe cassée de sa maître de stage, il exploite l’occasion autant que possible en étant le plus motivé d’entre nous. Après une semaine de formation et de contact avec les coulisses du festival qu’il a trouvé passionnante, Malo se lance dans le festival. Durant vingt jours, il voit pièce sur pièce, et en redemande, profitant du statut privilégié que nous offre ce stage.

Hanna Bernard

"Des sacrifices/ S'il le faut j'en ferai/ J'en ai déjà fait /Mais toujours le poing levé" chantait Amel Bent. Ce refrain pourrait convenir à la vie de Pauline Guillet, dite Poloche, dont la détermination s’est forgée par les épreuves et les obstacles. En apparence, rien ne sépare Pauline de n’importe qu’elle femme de vingt ans. Le visage jeune, volontiers rieur, entourée d’une bande d’hurluberlus. Pourtant Pauline a déjà reçu quelques coups vicieux de la vie, « cette vieille chienne borgne boitant sous un ciel d’automne » comme disait Fabcaro.

Pour commencer, Pauline a un peu plus de bouteille que ses flamboyantes compagnes stagiaires. Derrière ses airs d’étudiante en deuxième année, elle a en fait trente balais, car Pauline est née 13 juillet 1992 à Nantes. La légende dit que c’est âgée d’un jour qu’elle aurait déclaré « À bas la monarchie » en gazouillant dans la splendeur de son premier feu d’artifice. Fille cadette d’une petite famille de quatre, elle se découvre une âme de rêveuse et de créatrice un peu comme son père, technicien en électronique mais surtout bricoleur inventif et artiste amateur. Là où son père sculpte et bidouille, elle adopte comme armes l’appareil photo argentique  et la plume, douce ou acérée mais toujours poétique. À l’inverse pas toujours facile de concilier sa vision du monde avec celle de sa mère une femme exigeante à l’esprit cartésien de qui elle tient sans doute sa persévérance et sa résistance aux chocs. Son enfance à Nantes est bercée par sa grande complicité avec son frère aîné avec qui elle partage ses rêves, ses secrets, ses espoirs… Sans surprise, et au dam de sa mère, cette amoureuse de la culture fait un bac littéraire et une licence de lettres, en dévorant au passage des écrivain·e aussi éclectique que Camus, Quinien et Anaïs Nin. Tentée par le journalisme, elle bifurque vers une licence de tourisme à Saint-Brieuc, un secteur qui lui semble moins risqué mais non moins intéressant. Ces licences qui l’abreuvent de connaissances la laissent parfois perdue dans un besoin de concrétisation. Elle fait donc l’expérience de plusieurs emplois dans le tourisme et les ressources humaines, de patelins paumés en patelins paumés telle une aventurière du Poitou-Charentes. Ces expériences professionnelles et un voyage en Angleterre la confrontent à une réalité parfois passionnante, d’autre fois douloureuse. Elle y expérimente la débrouillardise, le sentiment de solitude, la ténacité et la confrontation avec des personnages plus ou moins recommandables. Elle décide alors de repiquer vers une école nantaise de journalisme, dans une ambiance très sportive : joyeuse et déconnante les bons jours, elle devient très « esprit de vestiaire » les mauvais. Son stage dans le groupe M Média est une véritable révélation. Une ambiance de travail calme, organisée ou Pauline trouve une façon d’équilibrer son besoin d’écrire et son besoin de solitude. Avignon, n’est pas précisément un lieu calme et solitaire mais elle y trouve des compensations plus que réjouissantes. Elle va de spectacles en spectacles, erre dans la rue à photographier la vie bouillonnante du festival, et passe le reste de son temps à philosopher au fil de l’eau avec son stagiaire préféré, votre serviteur. Si l’on tendait l’oreille près de la chambre de Pauline, au cœur de la nuit noire, on entendrait probablement la voix d’une femme éternellement jeune chanter doucement « Je n’ai qu’une philosophie, être acceptée comme je suis. Malgré tout ce qu'on me dit. Je reste le poing levé... »

Malo Toquet

Elle a le “flow” de paroles de l’Arlequin d’Olivier Py et l’énergie électrique d’un projecteur de théâtre. Du haut de ses 21 ans et de ses origines maternelles grecques, Elza Goffaux a déjà vécu plusieurs vies et parcouru des continents inexplorés. Après deux années à Sciences Po Paris à Menton, son attrait pour les cultures arabes l’a conduit au Caire en Egypte pour une année d’échange Erasmus. Enchaîner une poignée de jours après son retour par le Festival d’Avignon semble une formalité pour cette insatiable curieuse du monde et des cultures. Guidée par Marie-Josée Sirach, journaliste, critique et cheffe du service culture de l’Humanité, Elza s’est vue publiée tout au long du festival dans ce quotidien mythique. La jeune journaliste plus tout à fait en herbe ne cache pas sa joie d’avoir notamment rencontré la poétesse palestinienne Carol Sansour pour le projet Shaeirat : “Sa poésie est tellement personnelle ! Le festival d’Avignon nous offre des opportunités incroyables", exulte-elle. Extravertie, un brin hyperactive, la globe-trotteuse se voit reporter. En Egypte, elle s’est initiée à la photographie argentique, s’est entraînée à l’écriture intensive, réalisant de nombreux reportages géopolitiques et sur l’économie du recyclage pour Al Ahram Hebdo, journal égyptien francophone édité par le plus grand groupe de presse du pays. Cet intense mois de juillet achevé, l’heure est au retour à Paris pour un Master en Journalisme et de très belles expériences au compteur.

Pauline Guillet

Étudiants 2021 - Leurs portraits

Les étudiants ont réalisé leurs stages auprès des rédactions des Inrockuptibles, de Transfuge, Théâtre(s), La Scène, RFI et de la RTBF. Merci aux rédactions pour leurs participations au projet et aux écoles pour le soutien cette nouvelle démarche : CFJ, IFP, SC PO, EJCAM, ESJ Montpellier

De l’école de journalisme Sciences Po Paris, par Alexandra Jaegy de l’IFP.

Au premier abord, Nadège n’aurait jamais dû couvrir le Festival d’Avignon. Dans son enfance, cette Suissesse, désormais âgée de 25 ans, n’a que rarement eu l’occasion d’aller au théâtre. C’est du moins ce qu’elle évoque lorsqu’on lui demande de but en blanc de détailler son rapport à la cutlure. Mais, après réflexion, Nadège se reprend. « Bien-sûr que j’ai grandi en allant au théâtre. Mais ce n’était pas celui du Festival. J’adorai les comédies musicales. » Alors, longtemps, Nadège a pensé qu’elle n’était pas assez cultivée. C’est seule et après le lycée qu’elle se construit son patrimoine culturel, sans avoir peur des découvertes en solitaire. Après sa Maturité (l’équivalent du bac en Suisse), elle décide de voyager et d’étudier la sociologie. C’est là que commence une réflexion sur son parcours personnel au sein de la société. Avec soif de connaissance, elle découvre les musées, la peinture et le théâtre « légitime », comme elle aime à le décrire. Un nouveau monde s’offre à elle, fascinant, spirituel, dont elle se nourrit au quotidien. Ce qu’elle aime le plus dans le théâtre, c’est naturellement la magie des costumes, car Nadège aime la mode. Pour elle, les habits ont une symbolique très forte, à tel point que cette étudiante à Sciences Po Paris rêve d’être journaliste de mode. Sa première passion : écrire, depuis qu’elle sait tenir un stylo. Lors d’un passage à La Tribune de Genève, Nadège a une révélation : travailler dans la presse écrite pour y devenir une journaliste culturelle, une idée qui sonne comme une revanche sur son enfance loin de la culture classique. Finalement, couvrir le Festival d’Avignon pour les Inrockuptibles sonne comme une évidence lorsque l’on connaît vraiment Nadège.
Écrit par Alexandra Jaegy

Intervenante pédagogique au service des communautés des quartiers sensibles depuis 2012, à Avignon et dans les alentours.

Hormis un projet de webradio éducative en partenariat avec Rfi en 2019, rien ne destinait Fouziya Limoan, intervenante pédagogique établie dans la cité des Papes à l’âge de 18 ans, à participer à une résidence organisée pour de jeunes journalistes par le Festival d’Avignon. « L’essentiel, c’est que je me sente faire partie du groupe », souligne-t-elle, quand on lui fait remarquer qu’elle ne figure pas sur la photo officielle prise pour les réseaux sociaux. S’inscrire dans le collectif et dans l’échange de points de vue, voilà ce qui a amené cette passionnée de boxe thaï de 37 ans à faire partie de l’aventure « Jeunes Reporters d’Avignon ». Son arrivée à Avignon est aussi peu banale que sa mue professionnelle : c’est « un accident heureux » qui l’a conduite vers la cité des papes, à savoir la naissance de sa nièce lors de l’été 2001. Elle fait ses bagages, pensant passer les vacances en famille ; elle n’en repartira finalement jamais. La cité Berthe, dans laquelle elle a grandi, proche de la Seyne-sur-mer, à deux heures de route, peut toujours l’attendre, Fouziya a des ambitions qui ferait craquer les murs de n’importe quelle petite ville. « Au départ, j’étais travailleuse sociale pure, mais je me suis rendu compte que c’était un truc chiant. Il fallait que ça change, j’étais “déter”…, alors je suis allé au Conseil général pour demander une aide qui me permette de faire une formation en audiovisuel. » Cette étape est un tournant. Fouziya crée son association « Par l’image et le son » en 2012, dénomination qu’elle fait précéder du mot « Volt » en 2020 pour faire écho à son tryptique de vie : « énergie – force – potentiel. » Tout s’enchaîne : elle intègre toutes les compétences techniques, crée des capsules vidéo sur des problématiques sociales en lien avec son territoire et, plus important encore, avec les jeunes de quartiers sensibles qu’elle défend bec et ongles. « Les écouter pour qu’ils parlent, leur parler pour qu’ils écoutent », condense-t-elle, mais jamais leur mâcher le travail. Actrice de son destin, derrière et non devant la caméra, Fouziya souhaite la même chose pour les jeunes n’ayant pas eu le privilège de fréquenter le Festival d’Avignon ou, plus largement, les institutions culturelles. Elle fait ainsi le lien entre culture(s) et public(s), entre Avignon et ses communautés. La médiation est ce qui la définirait le mieux : elle lui permet de « donner la parole » à ceux qui ne l’ont pas, ou pas assez, autour d’elle, et de « donner (sa) parole pour faire un retour d’expérience », ce qui, elle l’espère, « favorisera l’ouverture » et l’émergence d’un nouveau vivier de talents. Comme elle le dit : « Chaque jeune est une graine. » Et, comme l’on entend plus souvent dans le sud qu’ailleurs, « la bienveillance, c’est comme le soleil, ça coute pas plus cher d’en arroser le plus grand nombre ».
Écrit par Theo Bessard

C’est une petite brune, souriante. De faux airs d’Audrey Tautou. Cigarette à la main, Tania Markovič, 25 ans, parle beaucoup avec son corps. Quand elle s’exprime, c’est d’une voix posée, radiophonique, colorée de l’accent de son pays d’adoption, la Belgique. Quand elle rit, c’est sans retenue. Le théâtre, l’écriture, Tania connaît. Elle y navigue depuis l’enfance, tant à l’école que dans sa vie personnelle. A la fin de ses études, après l’école de formation de l’acteur Claude Mathieu à Paris, elle enchaîne les petits boulots. « J’ai essayé deux fois de monter une pièce que j’ai écrit, mais le projet n’a pas fonctionné. J’ai joué dans quelques courts-métrages, quelques web-séries, mais rien qui me permette de vivre », explique-t-elle. Elle déménage à Bruxelles et reprend ses études en 2019 à l’institut des Arts de Diffusion de Louvain-la-Neuve. Elle devient pigiste pour la RTBF. Quand on l’interroge sur le Festival d’Avignon, ses yeux bruns s’éclairent. « J’espère y faire des rencontres, tenter de nouveaux sujets. » Et la radio la rattrape toujours : elle envisage aussi d’expérimenter avec les sons, de se faire « passeuse », comme elle le dit volontiers, de l’ambiance si particulière de cet intense mois de juillet.
Écrit par Pauline Demange

Mercredi 19 mai 2021, le rendez-vous est pris à un café-croissanterie Rue de la République, une des artères commerçantes les plus importantes d'Avignon Intra-Muros. En robe légère malgré le mistral qui souffle ce matin-là sur la Cité des Papes, Alexandra Jaegy a le regard qui pétille, tout à sa joie de boire un café en terrasse pour la première fois de l'année. Malgré son jeune âge (25 ans), Alexandra a déjà un parcours bien rempli. Son bac économique et social en poche, elle intègre la prépa littéraire du lycée parisien Victor Duruy avant de valider sa licence en « lettres, édition, médias et audiovisuel » à la Sorbonne avec le projet de devenir journaliste. Là, ses attentes sont déçues : « Sur le papier, explique-t-elle, cela faisait très actuel, mais dans les faits on n’avait qu’une heure de journalisme par semaine. » Elle rejoint alors une autre licence en « création de contenu numérique, majeur journaliste » à l’école W avec laquelle elle a l’occasion de partir en Nouvelle-Zélande pour un stage au sein d’un média s’adressant aux expatriés français. A son retour en France, elle est pigiste pendant près d’un an pour BFM TV, une expérience qu’elle qualifie de « géniale, car on lui a donné très vite de nombreuses responsabilités. Dans un média comme BFM, on ne s’ennuie jamais ». En septembre 2020, elle entre en master de journalisme à l’Institut Français de Presse, dont elle vient juste d’achever la première année. Il sera bientôt temps pour elle de se spécialiser. Son choix s’est porté sur la radio : « Il y a un lien affectif fort qui unit la radio et son public ; elle peut accompagner l’auditeur dans chaque moment de sa vie quotidienne, contrairement à la “consommation” de la télé ou de la presse écrite qui suppose de se poser ». Alexandra aime à dire que « le micro, le journaliste peut l’oublier, contrairement à la caméra ou au fait d’écrire. Cela permet une plus grande proximité avec le public». Pour son projet de fin d’étude, elle réalise un podcast sur la prise en charge psychologique des migrants en France. Ce mois de juillet, elle couvrira le Festival d’Avignon – sa « première fois » – comme stagiaire pour RFI, média où elle rêve de travailler en tant que correspondante à l’étranger. Aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle a toujours voulu être journaliste. Passionnée de voyages, (elle a notamment été quatre fois en Chine, dont la première fois à seize ans), elle envisage le journalisme comme « une ouverture au monde », estimant qu'une de ses missions sera de faire entrevoir au public des cultures différentes. D'origine franco-catalane, parfaitement bilingue, elle répond depuis son enfance aux questions de ses amis français ou catalans sur ce qui se passe « de l’autre côté ». Elle est, comme qui dirait, « tombée dans la marmite journalistique quand elle était petite ».
Écrit par Tania Markovic

Du côté de sa mère, il est issu de la haute bourgeoisie juive moscovite et, de son père, d’une famille paysanne de la Bresse, « là où il y a les poulets », sourit-il, les yeux noisette. « Notre entente familiale est exceptionnelle, poursuit-il, tout repose sur la transparence et la communication. » Cet étudiant de 27 ans en journalisme à l’EJCAM, à Marseille, passé par une licence de droit-éco-gestion à Lille et un Master de médiation culturelle à Paris, est traversé par ces origines multiples. Comment résumer Theo, qui échappe à tous les cadres ? Il parle français, anglais et arabe libanais à la perfection. Son film préféré est L’incompris de Comencini, son musicien fétiche Alain Bashung, et son livre favori Bel Ami de Maupassant. Lorsqu’on parle de culture, Theo reconnaît sa chance : « Petit, tous les dimanches, nous allions visiter un musée ou assister à une pièce de théâtre en famille. En sortant, on se baladait pour en parler. » Théâtre, opéra, danse, cinéma, concerts, galeries d’art. Tout y passe. De plus, il pioche régulièrement dans la bibliothèque de sa grand-mère, qui lui conseille des livres adaptés à son âge et ses intérêts. Theo aime voyager, il a vécu trois ans à Beyrouth, où il a rencontré sa moitié, Christine, une artiste plasticienne dont le travail et la philosophie de vie l’inspirent au quotidien. En 2019, ils perdent tous les deux leur travail lorsque le pays sombre dans une grave crise économique et sociale. Situation dramatique, qui va l’amener à se tourner vers le journalisme: « Je voulais être le relai de la situation du Liban à cette période. Ça me révoltait qu’il puisse se passer quelque chose de si grave et qu’on n’ait pas accès à toutes les informations. » Les thématiques qui lui sont chères sont celles de la mémoire, du langage et des migrations, fruit et moteur de son histoire personnelle. Une évidence pour Theo : « La nuit peut enfanter un jour totalement différent de la veille, il faut se prémunir des variables. Avoir de la culture, selon moi, est la meilleure arme. »
Écrit par Nadège Delépine