On se souvient d'Attitude Clando et des Inepties volantes, présentés il y a quelques années au Festival. Deux monologues dans lesquels, le verbe viscéralement rivé au corps, Dieudonné Niangouna criait son urgence de vivre par-delà les incommensurables meurtrissures que lui avait infligées la guerre. Pour l'édition 2013 du Festival d'Avignon dont il est, avec Stanislas Nordey, l'un des deux artistes associés, l'auteur, acteur et metteur en scène congolais a conçu un projet d'une nature différente : une odyssée chorale, à la fois théâtrale et musicale. Avec Shéda, Dieudonné Niangouna orchestre un flot de mots et d'images qui s'agencent en une fresque métaphorique touchant tout autant à la vie qu'à la mort, à la violence qu'à l'amour, à la sagesse qu'à la folie, à l'impasse qu'à l'espoir. Un creuset de la parole et de la pensée qui sera porté par un chœur de douze comédiens africains et européens – dont Dieudonné Niangouna lui-même – et deux musiciens. Répétée depuis plusieurs mois à Brazzaville, cette création est destinée à l'un des espaces les plus vibrants du Festival d'Avignon : la carrière de pierres de Boulbon. Un espace de légende, un écrin minéral où l'œuvre de Dieudonné Niangouna devrait résonner de toute sa force tellurique et poétique.
LP, janvier 2013