C'est sans doute l'un des mots les plus utilisés de la langue française dans la vie courante et, paradoxalement, le moins présent dans les textes dramatiques : l'argent. Sans doute parce que sa valeur morale et sa valeur concrète se mêlent pour occuper nos esprits et faire en sorte qu'il y ait une acceptation tacite du rôle prédominant qu'il joue dans notre existence. Le poète Christophe Tarkos ne s'est pas satisfait de ce « circulez, il n'y a plus rien à voir » en composant un texte qui, avec une malicieuse finesse, multiplie les assertions, les formulations, les affirmations dans une spirale infernale et répétitive émaillée d'humour pour, à terme, nous faire prendre conscience de notre dépendance à ; cet argent omniprésent, ici comme partout dans le monde. Ni condamnation, ni dénonciation de la part de l'auteur, juste la volonté d'utiliser la force des mots pour questionner une évidence pas si évidente que cela. En s'emparant de ce texte, Anne Théron a voulu à la fois le faire entendre, le faire « voir » et le faire ressentir, en utilisant tous les moyens dont dispose aujourd'hui le théâtre pour ouvrir le poème et le faire résonner davantage sans le trahir : corps et voix des interprètes bien sûr – en l'occurrence l'acteur Stanislas Nordey et la danseuse Akiko Hasegawa –, mais aussi procédés technologiques sophistiqués. Avec Christian Van der Borght, elle a en effet imaginé un environnement à l'esthétique toute numérique dans lequel sont plongés les interprètes comme les spectateurs, faisant l'expérience partagée du flux des données qui nous submerge quotidiennement, plus ou moins consciemment, l'argent s'étant en grande partie dématérialisé. Une proposition immersive où le théâtre est aussi performance, musique et danse, puisque la poésie de Christophe Tarkos est affaire de rythme et de mouvement. JFP
Celui qui se considérait comme un «fabricant de poèmes par improvisations» est resté relativement inconnu du grand public jusqu'à sa mort en 2004, bien que son œuvre ait été saluée comme l'une des plus novatrices de la poésie contemporaine. Poésie en prose ou prose poétique, c'est à choisir tant Christophe Tarkos malaxait le langage telle une «pâte-mot» pour mieux le pénétrer. Toujours teintés d'humour et de malice, ses textes sont des torrents verbaux creusant jusqu'à l'os une langue dont l'oralité n'est pas la moindre des qualités. Son œuvre, dont Caisses, Le Signe =, PAN, Anachronisme et Écrits poétiques, dont est issu L'Argent, a été publiée chez Al Dante puis P.O.L.
Distribution
texte Christophe Tarkos mise en scène Anne Théron collaboration artistique Christian Van der Borght, Stanislas Nordey scénographie digitale et création numérique Christian Van der Borght artiste programmateur et création numérique Philippe Boisnard scénographie et costumes Ania Goldanowska son Jean Reibel lumière Benoît Théron
avec Akiko Hasegawa, Stanislas Nordey
Production
production Compagnie Les Productions Merlin coproduction Compagnie Stanislas Nordey, Gaîté lyrique, Théâtre Liberté avec la participation du DICREAM Ministère de la Culture et de la Communication, du Centre national du Cinéma et du Centre national du Livre
Merci de vous rendre sur le lieu 45 minutes avant le début de la représentation. Attention les places de stationnement et l’arrêt de bus le plus proche se situent à 10 minutes à pied. Nous vous conseillons de prendre de l’avance, nous n’acceptons pas les retardataires une fois que la représentation a débuté.