Pendant la Seconde Guerre mondiale, Jan Karski, résistant polonais catholique, est témoin de l'extermination de la population juive du ghetto de Varsovie. Il révèle cette tragédie à ceux qui ont le pouvoir d'agir, mais son appel reste sans suite, malgré son entrevue avec Roosevelt en 1943. Héros oublié ou presque, en dépit du livre qu'il publie en 1944, Mon témoignage devant le monde, il se retrouve, des années plus tard, en pleine lumière lorsque le cinéaste Claude Lanzmann le fait parler dans son film essentiel Shoah en 1985. Le destin de cet homme, confronté à l'attitude passive des démocraties alliées face au génocide organisé par les nazis, interroge Yannick Haenel qui écrit, en 2009, un roman construit en trois temps : celui de la parole filmée qu'il retranscrit, celui de l'autobiographie de Karski et, enfin, celui de l'imaginaire du romancier qui fait parler le héros au présent. Troublé par ce livre, Arthur Nauzyciel a décidé de le faire résonner sur un plateau, persuadé que « s'il n'y a pas de limites à la littérature », il ne peut y en avoir au théâtre. Comme à son origine, le théâtre, selon lui, peut faire entendre la voix de ceux qui n'en ont plus et transmettre au plus grand nombre cette tragédie du silence imposé. Au moment où les témoins de l'Holocauste disparaissent, le temps du relais est venu. Accompagné notamment du comédien Laurent Poitrenaux, Arthur Nauzyciel poursuit ici son désir d'un théâtre qui s'interroge sur lui-même, tout en questionnant la mémoire du monde.
Rencontre publique avec Arthur Nauzyciel
- Rencontres mensuelles
Archive 2011
Il évoque le spectacle qu'il créera en juillet, Jan Karski (Mon nom est une fiction)