Sixième volet de L'Heptalogie de Rafael Spregelburd, La Paranoïa est une oeuvre comme on en rencontre peu dans le théâtre contemporain. Une pièce de science-fiction, qui se déroule entre 5000 et 20000 ans après J.-C., offrant à son auteur une liberté totale pour écrire une fable qui nous plonge au coeur de la fabrication du théâtre. Il faut donc faire preuve d'imagination, ce dont ne manquent pas les metteurs en scène, pour transmettre sur le plateau cette écriture qui est tout sauf linéaire, passant allègrement du suspens policier à la réflexion métaphysique, intégrant les projections cinématographiques dans la représentation théâtrale. Faisant de la multiplicité des actions le moteur de sa pièce, Rafael Spregelburd propose un cocasse voyage dans le cerveau humain. La Paranoïa raconte l'histoire d'un petit groupe de personnes sommées par de puissants extra-terrestres, les Intelligences, de leur fournir sous 24 heures une fiction de qualité, un bien dont ils sont friands et qui ne pousse que sur la Terre. S'ils échouent, l'humanité sera détruite... Tel est le "pitch de départ" de cette extravagante épopée, pleine d'humour et de non-sens. Avec brio, la troupe d'Élise Vigier et de Marcial Di Fonzo Bo relève le pari d'inventer une fiction dans la fiction, de mêler scènes jouées et scènes filmées, de faire du cinéma en direct avec des acteurs qui se démultiplient pour interpréter tous les rôles, passant d'un jeu de telenovela à celui d'un film de David Lynch, menant à toute vitesse cette histoire folle et foisonnante, véritable machine infernale lancée à l'assaut de nos certitudes.
Rafael Spregelburd est argentin, mais son parcours dépasse les frontières de son pays. Il est d'abord boursier du Théâtre Beckett de Barcelone, avant de s'installer temporairement à Londres, puis à Hambourg, Berlin, Stuttgart et Munich, où il exerce son travail d'auteur et de metteur en scène, mais aussi ses activités de traducteur, de comédien ou de pédagogue. Depuis les années 90, en tant que dramaturge, il n'a cessé de mener une exploration formelle aussi féconde que théâtralement efficace. Une recherche dont l'aboutissement le plus évident se trouve certainement dans L'Heptalogie, un ensemble de sept pièces inspiré des Sept Péchés capitaux de Jérôme Bosch, que Rafael Spregelburd redéfinit comme L'Inappétence, La Modestie, L'Extravagance, La Connerie, La Panique, La Paranoïa et L'Entêtement.
JFP
Distribution
mise en scène Marcial Di Fonzo Bo, Élise Vigier
texte Rafael Spregelburd
traduction Marcial Di Fonzo Bo, Guillermo Pisani
dramaturgie Guillermo Pisani
décor et lumière Yves Bernard
son Manu Léonard
costumes Pierre Canitrot
perruques et maquillages Cécile Kretschmar
images Bruno Geslin
collaboration images Romain Tanguy
avec Rodolfo De Souza, Marcial Di Fonzo Bo, Frédérique Loliée, Pierre Maillet, Clément Sibony, Élise Vigier, Julien Villa
Production
production Théâtre des Lucioles
coproduction Théâtre national de Chaillot (Paris), Nouvel Olympia Centre dramatique régional de Tours, Théâtre national de Bretagne (Rennes), Théâtre de Nîmes, Le Maillon Théâtre de Strasbourg Scène européenne, Théâtre de la Place (Liège)