Ils sont à l'automne de leur vie et célèbrent, à leur façon, le printemps. Celui que Stravinski a composé en 1913 et dont Pierre Boulez a sans doute livré l'une des plus belles versions en 1969, avec l'orchestre de Cleveland. Sous l'oeil d'un Chronos athlétique, dont les foulées baskettées égrènent les secondes, vingt femmes et hommes, âgés de soixante à quatre-vingt-sept ans, entrent en mouvement. De leurs corps anonymes et vieillissants, ils revisitent cette pièce majeure du répertoire du XXe siècle, questionnant la figure du temps à l'intérieur d'une ligne chorégraphique simple : le cercle. En courant ou en marchant, mais sans jamais abandonner le lien qui les unit, ils recomposent à l'infini une spirale dont surgissent mille et une images, comme autant de rites et de récits, de farandoles enfantines et de processions funéraires, de fins et de recommencements. Loin du culte de la performance, dans une fragilité assumée et revendiquée, se joue devant nous le cycle perpétuel de la vie. Le mouvement de ces danseurs amateurs nous hypnotise tandis que la partition de Stravinski, dans son exceptionnelle puissance d'écriture, accueille et porte haut les élans et les souffles de cette communauté incroyablement vivante : des êtres sans fard, qui se donnent pleinement au présent. Des rêves dansants, auraiton également envie de dire, comme un clin d'oeil à la chorégraphe Pina Bausch.
Distribution
une pièce de Thierry Thieû Niang et de Jean-Pierre Moulères
créé avec et dansé par Odette Bernard, Thérèse Caltaux, Françoise Coulombel, Alain Crépin, Emmanuel Cuchet, Maria Fontaneda, Suzy Fraiz, Jeanine Gevaudan, Anik Grell, Andrée Hagege, Lucienne Le Bouard, Geneviève Loiseleur, Josette Orsucci, Anne-Marie Paillard, Claude Panaye, Jacqueline Pignon, Daniel Piovanacci, Marie-Georges Pruneau, Maryse Robion-Lamotte, Aline Ruggieri
Production
production La Comédie de Valence Centre dramatique national
avec le soutien du Ballet national de Marseille Centre chorégraphique national et du studio Michel Kéléménis à Marseille