Tyrannie ou démocratie, les exemples d'abus de pouvoir ne manquent pas. Non seulement tel dictateur ubuesque se permet d'affamer son peuple et d'accumuler les richesses, mais de nombreux représentants d'une République démocratique n'hésitent pas aujourd'hui à « se servir plutôt qu'à servir ». Les abus de pouvoir ne sont pourtant pas l'apanage des sommets de l'Etat. A l'école, à l'université, dans la rue, la famille, au guichet, dans les partis ou à l'intérieur de l'entreprise, des groupes ou des individus exercent leur emprise, profitent de leur position afin d'asseoir leur domination. Pourquoi est-on sensible aux abus pouvoir ? Pour quelles raisons y cède-t-on si souvent ? Le pouvoir corrompt-il nécessairement ? Peut-on diriger sans dominer ? Les attributs du pouvoir éloignent-ils du sens des responsabilités civiques ? Les révolutions sont-elles condamnées aux dérives autoritaires ? Comment éviter, même en démocratie, que le gouvernement de tous ne se transforme en la tyrannie d'un seul ? La résistance à l'oppression est une vertu individuelle qu'il serait peut-être possible d'entretenir, le refus des abus de pouvoir une sensibilité à éveiller par une vie démocratique plus concrète et effective, par une éducation destinée à former un corps social résistant, comme le pensait notamment les Révolutionnaires de 1789, avant que la réaction thermidorienne ne répande l'idée que l'émancipation populaire ouvre inéluctablement la porte aux dérives totalitaires. Et si, comme le disait Alain (1868-1951), la démocratie n'était qu'« un effort perpétuel des gouvernés contre les abus du pouvoir » ? Une conversation où seront invités les textes et les propos de Montesquieu et Foucault, Robespierre et Saint-Just, et qui prendra à bras-le-corps les questions de personnes et l'art des coups tordus, à travers un va-et-vient permanent entre passé et présent.
Distribution
Avec Mathieu Potte-Bonneville philosophe Sophie Wahnich historienne