Les personnages de Dors toi évoluent, ou plutôt n'évoluent pas, dans un dortoir que l'on serait tenté de situer dans un hôpital psychiatrique. Mais il pourrait tout aussi bien s'agir d'une chambre d'enfants, dans laquelle frères et sœurs rejoueraient à l'infini leurs traumas. « On a dit pas de famille », nous confie l'un d'entre d'eux. Quel lien peut donc bien unir ces cinq corps égarés, mis à part leurs monologues évoquant tous docteurs, poupées et médicaments ? Tous se succèdent au pupitre pour raconter leurs rêves, parmi lesquels on retrouve des classiques du genre : histoires de chutes, de serpents et de lait nourricier. Confessions ? Réminiscences ? Dépositions ? Seule une femme semble consigner ces récits et incarner de ce fait un peu d'autorité ; mais elle aussi passera à la barre, nous laissant seuls interprètes et seuls témoins de cette polyphonie de solitudes blessées. Après De frère inconnu, la comédienne Sasha Rau, partie prenante du Papperlapapp de Christoph Marthaler, livre un second texte dans l'écrin d'une lecture scénique.
Distribution
texte et mise en lecture Sasha Rau
avec Marc Bodnar, Charlotte Clamens, Janet Haufler, Bettina Stucky, Jeroen Willems
Production
avec le soutien du Centre national du théâtre, du Centre culturel suisse-Paris et de Pro Helvetia-Fondation suisse pour la Culture