Le dispositif est donné d'emblée : trois septuagénaires - deux femmes et un homme - ont engagé trois enfants d'une dizaine d'années et trois adultes de trente ans, sur le critère explicite de leur ressemblance physique avec eux-mêmes, afin qu'ils rejouent, tous ensemble, les différents âges de leur vie. Une vie qu'ils ont pris soin d'enregistrer sur de petits films super-8, il y a soixante et quarante ans. Au fond de la scène, un grand écran de cinéma sur lequel défilent les images d'antan ; sur le plateau, neuf comédiens qui reprennent des gestes, des attitudes, endossent des costumes, des manières, font revivre des musiques, des lectures, des rêves. Nous voici introduits dans une grande boîte à miroirs où les reflets, parfois multipliés à l'infini, aident à transmettre la vie d'une génération à une autre, où les histoires d'hier et d'aujourd'hui, comme dans une machine à remonter le temps, servent à mêler passé, présent et futur. Théâtre proustien de la remémoration sensitive, labyrinthe à la Borges de ce qui reste et de ce qui change, de ce qui se transmet et de ce qui s'oublie, la recherche de Federico León vise à faire partager l'expérience des temps. Où est-on dans l'histoire et la mémoire de ces trois personnages ? Qu'apprend-t-on de leur vie, de leurs secrets, de leurs relations ? Comment entre-t-on dans leur univers mental en passant par le quotidien de leurs gestes et de leurs habitudes ? Toutes ces questions posées conjointement par les images et par le jeu, dont le déroulement est simultané, recomposent peu à peu, par un phénomène hypnotique et un travail collectif, une sorte de sculpture du temps, où tous sont inclus et tous sont distincts. Ces coïncidences, ces correspondances et ces différences offrent le sentiment théâtral suprême et mystérieux d'assister à une représentation unique où rien ne pourra jamais se reproduire exactement comme cette fois. Ce que Federico León veut toucher du doigt dans Yo en el Futuro, ce n'est pas seulement l'image, le jeu ni le temps, mais l'essence même du théâtre. ADB
Distribution
conception et mise en scène: Federico León
en collaboration avec: Jimena Anganuzzi, Marianela Portillo, Esteban Sánchez Lamothe, Julián Tello
assistanat à la mise en scène: Adrián Lakerman
scénographie: Ariel Vaccaro
vidéo: Guillermo Nieto
montage: Martín Mainoli
lumière: Guillermo Nieto, Alejandro Le Roux
son: Catriel Vildosola
costumes: Valentina Bari
maquillage et coiffure: Néstor Burgos
avec: Jimena Anganuzzi, Elisabeth Bagnes, Isabella Ghiara Longhitano, Oscar Mariano Grilli, Dina Minster, Marianela Portillo, Belén Abril Pulvirenti, Federico Rosenzvaig, Esteban Sánchez Lamothe
diffusion internationale: Tatiana Saphir
Production
production: Complejo Teatral de Buenos Aires
coproduction: Kunsten Festival des Arts (Bruxelles), Hebbel am Ufer (Berlin), Festival des Collines (Turin), Steirischer Herbst Festival (Graz)
avec le soutien: de la DGAC - Ministère argentin des Relations extérieures, du Commerce international et du Culte