Les héros de la Grèce antique ont de tout temps questionné les dramaturges. Leur histoire, à l'origine même du théâtre, n'a cessé d'être représentée, traversant les époques et les modes. C'est en racontant les faits et gestes de la grande famille des Atrides qu'Eschyle, composant L'Orestie, a traversé les siècles et involontairement mis au second plan l'histoire de l'autre famille, celle des Labdacides. Ce sont les descendants de Cadmos, fondateur de Thèbes et père de Labdacos, lui-même père de Laïos qui, avec Jocaste, donna naissance à Œdipe. Désireux de faire entendre ce qu'il définit lui-même comme une « Jocastie moderne », Joël Jouanneau est parti sur le chemin tracé par Sophocle et Euripide, à la recherche des enfants de la maison de Labdacos. Vingt-cinq siècles après leur première apparition sur un plateau, ils seront là, avec nous, réinventés à la lumière des rencontres que l'auteur et metteur en scène a faites dans la littérature contemporaine : Pierre Michon, Henri Michaux, Paul Celan, Yeats, T.S. Eliot, Emily Dickinson, Caroline Sagot-Duvauroux, Claude Louis-Combet et surtout Ritsos, porte-voix de la dernière survivante du clan – Ismène. Dans un monde en plein bouleversement, qui doute et s'inquiète profondément, Joël Jouanneau pose une question éternelle : faut-il écrire son destin pour l'aimer ? Il y répond affirmativement souhaitant, comme Sophocle, le faire avec élégance. Soucieux de pénétrer le mystère de la malédiction, il a réécrit cette saga dans une langue du XXIe siècle qui se nourrit de celle des Grecs pour mieux s'en affranchir. Entre fidélité obligatoire et impertinence nécessaire, sa trilogie revisite le destin sanglant de cette dynastie de Thèbes, redonne vie aux héros connus (Œdipe, Antigone, Tirésias...) et à tous ceux qui se sont évanouis dans nos mémoires (Cadmos, Ismène, Polynice, Étéocle...). Tel un trait d'union entre notre mythologie fondatrice et le monde qui nous entoure, ils seront là-bas et ici, nous entraînant derrière les murs des palais hellènes, là où l'histoire de notre civilisation a commencé. JFP
Distribution
texte et mise en scène: Joël Jouanneau
assistanat à la mise en scène: Pauline Bourse
scénographie: Jacques Gabel
lumière: Franck Thévenon
son: Pablo Bergel
costumes: Patrice Cauchetier
avec: Jacques Bonnaffé, Mélanie Couillaud, Philippe Demarle, Cécile Garcia-Fogel, Sabrina Kouroughli, Bruno Sermonne, Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre, Alexandre Zeff
Texte publié aux éditions Actes Sud-Papiers (parution mi-juin)
Production
production déléguée: Théâtre Vidy-Lausanne
coproduction: L'Eldorado, MC2 Grenoble, Le Grand T scène conventionnée de Loire-Atlantique