Voilà un spectacle où l'on s'amuse beaucoup, mais qui peut tout d'un coup faire rire jaune et grincer des dents. Car ici, on danse « juste avant la catastrophe », c'est-à-dire avec la jubilation inquiète de la dernière fois. Chez les Grecs, Kaïros représentait l'idée du moment propice pour agir, l'instant opportun mais fugace pour faire les choses. Figuré comme un éphèbe aux pieds ailés, coiffé d'une houppette, qu'il fallait attraper au vol, au bon moment, Kaïros reste notre contemporain. Entre happening et performance, petit manifeste philosophique et traité d'autodérision, Oskar Gómez Mata et l'Alakran trouent la réalité ouatée dans laquelle nous nous lovons en proposant cette interrogation sur le temps : comment arrêter le cours insignifiant des choses pour retrouver la force de l'instant ? On entre dans ce rituel théâtral comme dans un jeu de société grandeur nature, attiré par ces acteurs sur le fil de la folie et du mauvais goût. On en sort la conscience éveillée et les perceptions à vif. Comme le Charlot des Temps modernes en proie à l'horloge mécanisée, il s'agit là de conquérir l'essentiel : le temps d'une autre vie possible. ADB
Distribution
conception et mise en scène: Oskar Gómez Mata avec la collaboration: d'Esperanza López texte: Perú C. Saban, Oskar Gómez Mata assistanat à la mise en scène: Delphine Rosay scénographie, vidéo et photographie: Chine Curchod, Régis Golay, Oskar Gómez Mata lumière: Michel Faure son: Serge Amacker costumes: Isa Boucharlat avec: Mathieu Berclaz, Maria Danalet, Oskar Gómez Mata, Michèle Gurtner, Esperanza López, Olga Onrubia, Valerio Scamuffa production: Barbara Giongo
Production
coproduction: compagnie L'Alakran, Comédie de Genève Centre dramatique, Espace Malraux Scène nationale de Chambéry et de la Savoie avec le soutien: du Festival Bad de Bilbao, du Grand Marché Centre dramatique de l'océan Indien, de l'Arsenic (Lausanne), du Théâtre du Grütli (Genève) et de Pro Helvetia Fondation suisse pour la Culture