En astrophysique, superamas désigne un amas galactique en migration, la plus grande structure connue dans l'univers ; dans le sud des États-Unis, c'est une chaîne de supermarchés ; sur scène, c'est un collectif qui dit “nous” pour mieux affirmer sa singularité. Un spectacle de Superamas, c'est donc du monde sur le plateau, une énergie incomparable, de la légèreté et de la complexité mêlées, du plaisir, de la séduction, alliés à une critique impitoyable de notre réalité médiatique, sociale et politique. Comme ils disent : “Il incombe aux artistes aujourd'hui une position éminemment politique : ne pas laisser à Walt Disney le monopole de l'amusement.” Autrement dit : “faire la pute” peut être une position extrêmement subversive. Et les spectacles de Superamas font bien d'énormes dégâts critiques par implosion de plaisir : ils miment à la perfection nos travers spectaculaires pour mieux remettre en cause notre condition de spectateur / acteur d'un monde surmédiatique, surproductif, dont l'obsession de pouvoir tourne à plein comme à vide. Les artistes français et autrichiens qui composent Superamas, structure migrante et internationale basée à Vienne et à Paris, jouent de tous les supports et sur tous les genres : théâtre, danse, vidéo, performance, installation, conversation, cocktail, G8, ou encore farce potache entre copains et grand spectacle pharaonique. Depuis une dizaine d'années, ils se produisent dans de nombreux théâtres et festivals en Europe, et ont imposé leur trilogie Big 1st episode - Artificial Intelligence/Reality Show, Big 2nd episode - Show/Business, Big 3rd episode - Happy/End. Au Festival d'Avignon, Superamas a déjà présenté Big 3rd episode et l'installation High Art en 2007.
Le nouveau spectacle de Superamas est une fable sur la fabrication et la propagation des empires. Passant de la reconstitution d'une bataille napoléonienne au petit film de voyage, d'une réception mondaine à une samba endiablée, d'une cérémonie aux drapeaux à un feu d'artifice qui sent le roussi, Empire (Art & Politics) n'est pas exempt d'une réflexion sur la nature de la propagande d'État ou sur la puissance de feu de l'impérialisme américain. En mai 1809, aux portes de Vienne, les armées de l'empereur Napoléon passent le Danube dans l'intention de détruire les forces de l'archiduc Charles. 175 000 soldats sont engagés dans les combats, 40 000 meurent en deux jours. Les Autrichiens célèbrent depuis la victoire d'Aspern ; les écoliers français connaissent la bataille remportée à Essling. Chacun revendique le succès, mais c'est surtout la première boucherie de l'ère moderne, combat vain et sans vainqueur qui creuse le sillon des guerres industrielles pour chair à canons.C'est aussi une bataille de communiqués de presse et d'éditoriaux triomphants : comment se fabrique une victoire ? Faut-il imprimer la légende ou la réalité ? Ainsi naissent et meurent les empires. Le spectacle de Superamas débute sur ce paradoxal succès qui est aussi une étrange défaite, et continue par une réjouissante interrogation sur l'empire comme un des beaux-arts : sa fabrique, son tournage, sa propagande, ses mondanités, aussi bien que sa violence, sa soif de pouvoir, et son imparable besoin de se reproduire jusqu'à nos jours, des sommets réunissant les grandes puissances à la guerre en Afghanistan. C'est tout cela que montre sur scène Empire (Art & Politics), de l'imagerie napoléonienne à la télé de George Bush : comment, troquant le costume militaire pour le trois pièces-cravate, délaissant la propagande pour l'industrie des loisirs, nos hommes politiques se sont habillés comme nos marchands, signe inéluctable de la diffusion de l'idéologie impériale. Reste à la donner à voir comme une représentation hystérique et à la faire sentir telle une odeur de poudre. ADB
Distribution
conception et production: Superamas avec: Roch Baumert, Alix Eynaudi, Davis Freeman, Magda Loitzenbauer, Ariane Loze, Jamal Mataan, Anna Mendelssohn, Diederik Peeters, Faris-Endris Rahoma, Rachid Sayet et Superamas
Production
coproduction: Buda arts centre (Courtrai), Parc de La Villette (Paris), Kaaitheater (Bruxelles), Linz 2009 capitale culturelle européenne, Workspace (Bruxelles) en collaboration: avec le Choreographic Center Linz (CCL), Centre chorégraphique national de Montpellier-programme hors-série, CNEAI, wp zimmer (Anvers) avec le soutien: de la Ville de Vienne, du ministère fédéral de l'Éducation, des Arts et de la Culture d'Autriche, la DRAC Île-de-France et Le Cru 100% Champagne avec l'aide: de l'Onda pour les surtitres