Edito

62e édition
du 4 au 26 juillet 2008

Avant de composer cette 62e édition, nous avons longuement dialogué avec l'actrice Valérie Dréville et l'artiste italien Romeo Castellucci, à qui nous avions demandé d'être ensemble artistes associés. Ils se situent à des endroits très différents de la création. Elle, actrice, a construit un parcours d'artiste auprès de metteurs en scène comme Antoine Vitez, Claude Régy, Alain Françon ou Anatoli Vassiliev. Lui, concepteur de ses propres spectacles, invente une forme de théâtre sensible et visuel d'une rare puissance. Leurs arts proposent toujours aux spectateurs de vivre une expérience forte et singulière et les conduisent souvent vers des territoires inattendus, à entendre au-delà des mots, à voir au-delà des images. Nous avons choisi de publier une de nos conversations pour accompagner les spectateurs dans leur traversée du Festival (voir ci-contre).

Les créations de ce Festival nous interrogeront sur la vie et la mort, sur nos peurs et notre mélancolie, notre besoin d'aimer et de croire, de grandir et de transmettre. S'appuyant sur des écritures contemporaines ou revisitant des grandes oeuvres du répertoire européen, elles feront appel à notre curiosité, à notre envie de découverte et nous mèneront parfois en pays inconnu pour mieux stimuler notre propre esprit critique.

Parce qu'elle embrasse le mystère de l'être humain dans toute sa complexité, parce qu'elle sollicite l'intelligence du spectateur et respecte sa liberté de regard face aux spectacles, cette édition est politique et résiste aux tentations de simplification qui nous entourent. Elle nous rappelle que le théâtre porte en lui, depuis son origine, ce désir paradoxal d'une représentation commune du monde que partagent des spectateurs assistant ensemble à une expérience, mais qui les marquera chacun différemment. En ce sens, il dépasse symboliquement le lieu même du théâtre et investit la cité. C'est pour cela qu'il est nécessaire que les politiques publiques, en France comme en Europe, considèrent la création artistique comme un bien public inaliénable et qu'il faut accompagner sa production et sa diffusion en dehors des seules lois du marché, dans une démarche de solidarité et de partage.

Nous vous attendons, artistes et spectateurs, cet été à Avignon, pour que le théâtre advienne et pour témoigner ensemble de sa nécessité, de sa diversité et de sa vitalité.

Hortense Archambault et Vincent Baudriller
directeurs
Avignon, 7 mars 2008

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