Ariane Mnouchkine fonde en 1964 la troupe du Théâtre du Soleil avec laquelle elle crée collectivement plusieurs spectacles dont La Cuisine en 1967, Le Songe d'une nuit d'été en 1968 et Les Clowns en 1969. En 1970, le Théâtre du Soleil s'installe à la Cartoucherie qui deviendra ainsi un lieu mythique pour la création théâtrale. Plusieurs dizaines de milliers de spectateurs assisteront aux représentations de 1789, 1793, L'Âge d'or et Méphisto entre 1970 et 1980. S'ouvre ensuite une période de retour aux sources du théâtre et aux grandes formes de récits à la confluence des arts de l'Orient et de l'Occident avec la présentation de trois pièces de Shakespeare : Richard II, La Nuit des rois et Henri IV. La volonté affirmée de traiter les grandes questions du monde contemporain se retrouve dans la création de L'Histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge, première collaboration avec l'écrivain Hélène Cixous qui se poursuivra avec L'Indiade, ou l'Inde de leurs rêves. De 1990 à 1992, le cycle des Atrides marque le retour vers les origines du théâtre, avant de revenir au théâtre contemporain avec La Ville parjure ou le Réveil des Erinyes, fable épique écrite par Hélène Cixous concernant le scandale du sang contaminé. Tartuffe, Et soudain des nuits d'éveil, Tambours sur la digue et Le Dernier Caravansérail (Odyssées) s'enchaîneront, abordant, chacune à leur façon, quelques-uns des grands sujets d'inquiétude de notre époque : le fondamentalisme, le sort du Tibet colonisé, le destin des réfugiés de par le monde. Ariane Mnouchkine est aussi cinéaste et a réalisé le film 1789 puis Molière, La Nuit miraculeuse, Tambours sur la digue et Le Dernier Caravansérail (Odyssées).
Au Festival d'Avignon, Ariane Mnouchkine a déjà présenté Les Clowns en 1969, Méphisto en 1979, La Nuit des rois et Richard II dans la Cour d'honneur en 1982 et 1984, Henry IV dans la Cour d'honneur en 1984, Tartuffe et La Ville parjure en 1995. Elle devait y présenter Le Dernier Caravansérail (Odyssées) en 2003 dont le film a été projeté en 2006 dans la Cour d'honneur.
Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil, depuis ses origines, ne sont motivés que par “l'impérieuse nécessité” de faire partager à leur public les questionnements qui les traversent en proposant pour chaque nouvelle aventure une forme artistique différente adaptée à leur propos. Avec Les Éphémères, nous sommes invités à voir des morceaux de “vies minuscules”, des moments du quotidien dans lesquels nous pouvons nous reconnaître, des moments de vécu passés au filtre du souvenir, moments de joie, moments de peine, moments d'émotion, moments de haine, moments de tendresse, tous ces instants qui composent une vie de femme ou d'homme. Ils défilent devant nous dans leur simplicité et leur complexité, sans mièvrerie, dans une justesse troublante et une précision d'une grande intensité qui évite tout voyeurisme, tout sentimentalisme gratuit. Circulant sur des scènes mouvantes où sont stylisés des intérieurs d'appartement, de jardin, de plage…, les comédiens sont les héros d'une saga de “l'intime”, d'une épopée des souvenirs. En quelques minutes, ils deviennent nos sœurs et nos frères d'humanité et le lien se tisse entre eux et nous, spectateurs, devenus confidents de ces confessions intimes offertes par la grâce d'un art théâtral maîtrisé au plus haut degré de l'exigence. Il y a l'œil de la cinéaste qu'est aussi Ariane Mnouchkine dans l'incroyable fluidité des mouvements de décors, dans l'incessant mouvement des plateaux qui circulent, nous permettant de voir sans cesse tous les angles possibles de la scène présentée. Il y a aussi comme de la photographie animée quand un rideau s'ouvre et que l'action commence, comme de la peinture hyperréaliste dans ces décors reconstitués au moindre détail qui fixent le temps du récit en quelques secondes. Il y a surtout la grande histoire des petits riens qui vient balayer les gradins bi-frontaux qui tiennent tout à la fois de l'arène et de l'amphithéâtre de faculté de médecine, section dissection et autopsie. Entre rires et larmes, Ariane Mnouchkine nous offre un moment d'art, généreux et collectif, pour, en reprenant une phrase de l'écrivain Michel Leiris : “Faire un théâtre qui soit un acte qui engage tout entier”. JFP
Distribution
épisodes rêvés, invoqués, évoqués, improvisés et mis en scène par:Shaghayegh Beheshti, Duccio Bellugi-Vannuccini, Charles-Henri Bradier, Sébastien Brottet-Michel, Juliana Carneiro da Cunha, Virginie Colemyn, Olivia Corsini, Delphine Cottu, Marie-Louise Crawley, Eve Doe-Bruce, Emmanuel Dorand, Maurice Durozier, Astrid Grant, Émilie Gruat, Dominique Jambert, Jeremy James, Marjolaine Larranaga y Ausin, Virginie Le Coënt, Jean-Jacques Lemêtre, Elena Loukiantchikova-Sel, Vincent Mangado, Alexandre Michel, Ariane Mnouchkine, Serge Nicolaï, Seietsu Onochi, Pauline Poignand, Matthieu Rauchvarger, Francis Ressort, Andreas Simma
et les enfants :Alba Gaïa Kraghede-Bellugi, Galatea Kraghede-Bellugi, Paco Falgas, Iñaki Falgas, Emmie Poinsot, Emma Zinszner, Balthazar Perraud, Rebecca Jodorowsky, Alice Le Coent, Ruben Delgado, Nathan Agranat, Raquele de Miranda, Orane Mounier, Lucien Jaburek, Simon Rousteau, Nina Gregorio
la proposition :Ariane Mnouchkine
la musique :Jean-Jacques Lemêtre
l'espace:Ariane Mnouchkine
mis en œuvre par: Everest Canto de Montserrat
peint par :Elena Antsiferova
les décors:les comédiens sous l'œil attentif de Serge Nicolaï, Duccio Bellugi-Vannuccini, Sébastien Brottet-Michel, Jeremy James, Olivia Corsini, Francis Ressort, Eve Doe-Bruce, Seietsu Onochi, Astrid Grant
l'assistant à la mise en scène :Charles-Henri Bradier
la lumière :Cécile Allegoedt, Cédric Baudic, Nil Tondeur, Elsa Revol
le son :Yann Lemêtre, Judith Marvan Enriquez, Virginie Le Coënt, David Santonja Ruiz
les costumes, tentures et tapisseries :Nathalie Thomas,Marie-Hélène Bouvet, Annie Tran, Chloé Bucas
coiffures et perruques :Jean-Sébastien Merle Barreau
chargée des tournées :Elaine Meric
Production
production :Théâtre du Soleil