Formé comme comédien au Centre théâtral du Maine, où il rencontre Didier-Georges Gabily, puis à l'école du Théâtre national de Strasbourg, Jean-François Sivadier travaille notamment avec Jacques Lasalle, Christian Rist, Alain Françon, Dominique Pitoiset, tout en devenant metteur en scène. Il écrit Italienne avec orchestre créée en 1996 et reprise en 2003, satire brillante du monde de l'opéra qu'il fréquente assidûment en mettant en scène Madame Butterfly de Puccini et Wozzeck d'Alban Berg. Fidèle à son compagnonnage avec Didier-Georges Gabily, il ne conçoit le théâtre que comme une œuvre collective qu'il ne peut réaliser qu'avec un groupe d'acteurs et d'artistes unis pour défendre un projet, unis pour aller vers les spectateurs dans un moment de temps suspendu où tout est possible. Méticuleusement attentif aux mots et au mouvement général des textes, il les met en valeur, les offre à un public hors de toutes les conventions. Il les rend proches sans les affadir, faisant du théâtre le lieu du plaisir qui enrichit par la découverte d'œuvres dramatiques réinventées dans l'instant de la représentation.
Au Festival d'Avignon, Jean-François Sivadier a déjà joué dans Enfonçures de Didier-Georges Gabily en 1993 et dans Henry IV de Shakespeare mis en scène par Yann-Joël Collin en 1999 et présenté La Vie de Galilée de Brecht
en 2002 et un diptyque La Vie de Galilée de Brecht – La Mort de Danton de Büchner en 2005.
Après Beaumarchais, Brecht et Büchner, c'est Shakespeare (1564-1616) que Jean-François Sivadier et son équipe ont choisi de questionner cette fois pour la Cour d'honneur du Palais des papes. L'auteur anglais écrit cette pièce en 1606 en pleine maturité au moment où s'annonce la fin du règne d'Elisabeth Ire. À lieu mythique, pièce mythique qui superpose et entrelace les thèmes autour des trois images de ce Lear : roi, père et fou. Profitant des mystères qui entourent les choix de ce roi qui donne son pouvoir, de ce père qui réclame des paroles d'amour filial et se trompe tragiquement sur la réelle nature de ses filles, de ce fou qui erre dans une tempête qu'il a en partie créée, Shakespeare et son Lear traversent les champs du politique, du désir, de la folie, de la paternité avec une force telle qu'il a servi de sujet d'études tant à Freud qu'à Lacan, sans véritablement livrer les secrets d'un parcours unique qui ressemble à un voyage qui pourrait ne jamais se finir. Fidèle à ses choix d'un théâtre qui ne peut se construire, chaque soir, qu'avec la conscience que le spectateur doit avoir qu'il est partie intégrante de la représentation, d'un théâtre qui ne peut être qu'une œuvre chorale offerte par ses interprètes, Jean-François Sivadier et ses acteurs s'engagent dans un spectacle à la hauteur de la démesure de cette aventure fascinante. Autour de Lear interprété par Nicolas Bouchaud, il s'agira aussi de parler du vide, du “rien” dans lequel se retrouve le héros et à sa suite tous les personnages. À la question que se pose Lear dès le premier acte : “Qui est celui qui me dira qui je suis ?”, la seule réponse est : toi-même… Et cette réponse l'entraîne dans la recherche permanente de l'endroit où il pourra se reconnaître, lorsque débarrassé de tout ce qui faisait sa vie de roi et de père, il fera l'expérience du manque. Du pouvoir absolu à la soumission absolue, du “tout” au “rien”, Lear chemine dans l'espace de sa pensée, dans les méandres d'une recherche qui se conclut par l'effacement définitif. S'il y a un moment où Shakespeare est bien cet “homme océan” dont parle Victor Hugo, c'est sans aucun doute lorsqu'il écrit Le Roi Lear. JFP
Distribution
traduction :Pascal Collin
mise en scène :Jean-François Sivadier
collaboration artistique :VĂ©ronique Timsit, Nicolas Bouchaud, Nadia Vonderheyden
avec :Nicolas Bouchaud, Stephen Butel, Murielle Colvez, Vincent Dissez, Vincent Guédon, Norah Krief, Nicolas Lê Quang, Christophe Ratandra, Nadia Vonderheyden, Rachid Zanouda
collaboration exceptionnelle :Vincent Rouche, Anne Cornu
scénographie :Jean-François Sivadier, Christian Tirole
lumières :Philippe Berthomé
costumes :Virginie Gervaise
création musique :Fred Fresson
sonorisateur :Jean-Louis Imbert
assistantes à la mise en scène :Véronique Timsit, Anne de Quiroz
régie générale :Dominique Brillault
Production
Production déléguée :Théâtre national de Bretagne (Rennes)
texte à paraître aux éditions Théâtrales en juillet 2007
Jean-François Sivadier est artiste associé au :Théâtre national de Bretagne (Rennes)
coproduction :Théâtre national de Bretagne (Rennes), Théâtre Nanterre-Amandiers, Festival d'Avignon, La rose des vents - Scène nationale Lille Métropole/Villeneuve d'Ascq, l'Espace Malraux - Scène nationale de Chambéry et de la Savoie, Italienne avec Orchestre, Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées
Le Festival d'Avignon reçoit le soutien de :l'Adami pour la production