Feuillets d'Hypnos

de René Char

  • Théâtre
  • Spectacle
Archive 2007

Frédéric Fisbach

Vitry / Avignon / Création 2007

Feuillets d'Hypnos © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

Présentation

Frédéric Fisbach est né en 1966. Après un parcours de comédien à sa sortie du Conservatoire national d'Art dramatique où il intègre la troupe de Stanislas Nordey au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, puis au Théâtre des Amandiers de Nanterre, Frédéric Fisbach choisit à partir de 1996 de devenir metteur en scène. Il développe alors un rapport au théâtre fondé sur quelques axes dont il ne s'éloignera jamais : toujours mener de front travail de recherche et présentation de spectacles ; toujours mettre le public au centre de ses préoccupations de metteur en scène (en proposant par exemple un statut de spectateur-associé à des spectateurs qui interviennent en amont et pendant des représentations) ; toujours chercher des appuis dans les autres pratiques artistiques, adaptés à la nature des textes présentés, en les mêlant aux formes théâtrales ; chercher ailleurs, hors de France, des pratiques qu'il pourra confronter à nos façons de faire occidentales. C'est autour de ces désirs forts que se créent des formes nouvelles qui rendent le travail de Frédéric Fisbach original dans le paysage théâtral français depuis L'Annonce faite à Marie de Paul Claudel qu'il met en scène en 1996, en passant par Maïakovski (Un avenir qui commence tout de suite) et Strindberg (L'Île des morts / Le Gardien de tombeau). Lauréat de la Villa Médicis hors les murs au Japon en 1999, Frédéric Fisbach commence à établir des liens très étroits avec le théâtre japonais, mettant en scène Nous, les héros de Jean-Luc Lagarce avec des comédiens de Tokyo. Suivront Tokyo Notes d'Oriza Hirata en 2000, la création des Paravents de Jean Genet avec des marionnettistes du Théâtre japonais Youkiza en 2002, puis un nouveau travail avec des acteurs japonais pour la pièce d'Oriza Hirata Gens de Séoul en 2005. Entre-temps, Frédéric Fisbach rencontre le chorégraphe Bernardo Montet, avec qui il crée une “Académie de l'interprète”, pour une Bérénice où la danse, le chant et la musique seront associés au travail des comédiens. Il collabore aussi avec le metteur en scène Robert Cantarella avec qui il mène deux chantiers, l'un sur Molière et l'autre sur Corneille, ce dernier donnant naissance à L'Illusion comique. Pour Animal de Roland Fichet, une partie des répétitions a lieu au Cameroun, toujours dans un souci d'ouverture à l'autre. Frédéric Fisbach est également metteur en scène d'opéras, faisant preuve là aussi d'une curiosité qui lui permet de monter successivement des opéras contemporains, Forever Valley de Gérard Pesson sur un livret de Marie Redonnet en 2000, Kyrielle du sentiment des choses de François Sarhan sur un texte de Jacques Roubaud en 2003, Shadowtime de Brian Ferneyhough sur un livret de Charles Bernstein en 2004, et l'opéra baroque Aggripina de Haendel en 2003. Ce parcours atypique de metteur en scène se double d'une activité de directeur de lieux avec le Studio-théâtre de Vitry de 2002 à 2006. Aujourd'hui, il codirige le “104” avec Robert Cantarella, nouveau centre de création de la Ville de Paris, ouvert à toutes les pratiques artistiques. En prenant la direction de ce lieu, Frédéric Fisbach poursuit les problématiques propres à son travail de metteur en scène : celles d'un lieu attentif à la relation entre les artistes et les publics, pleinement ancré dans son environnement social et culturel. Au Festival d'Avignon, Frédéric Fisbach a déjà joué dans Vole mon dragon d'Hervé Guibert dans la mise en scène de Stanislas Nordey en 1994 et présenté comme metteur en scène Bérénice de Racine, codirigée avec Bernardo Montet, en 2001, L'Illusion comique de Pierre Corneille en 2004 et Gens de Séoul d'Oriza Hirata en 2006. JFP

Écrire au milieu de la tempête, du désastre et de l'effondrement. Écrire pour rester debout avec ses contradictions, ses doutes, ses inquiétudes, ses certitudes : c'est ce que René Char (1907-1988) n'a pas cessé de faire pendant ses années de maquis et de clandestinité. Il est entré en Résistance en 1940 et s'est engagé dans les Forces françaises combattantes en 1943 comme chef départemental dans les Basses-Alpes. Il décide de ne pas publier mais de raconter et de témoigner afin d'être toujours au plus près de l'humain alors confronté à la plus terrible des déshumanisations. Feuillets d'Hypnos, ce sont 237 moments d'écriture que Frédéric Fisbach fait entendre dans la Cour d'honneur du Palais des papes. 237 entrées dans la langue qui mêlent aphorismes, fragments poétiques, récits vécus et témoignages du quotidien. Des mots pour combattre l'incertain, pour dire l'engagement, l'amour et le désir. Faire entendre ce texte aujourd'hui n'est pas anodin. Plus qu'à sa dimension historique, Frédéric Fisbach s'intéresse aux différentes strates dramaturgiques qui travaillent ce texte afin d'observer comment celui-ci entre en résonance avec le monde contemporain. Il le place au cœur d'un dispositif théâtral et scénographique qui explore la langue du poète à travers ce qu'elle raconte de notre époque. Si ces mots nous parlent aujourd'hui encore avec autant de force, c'est parce qu'ils portent en eux l'essence même de nos interrogations les plus intimes. Parce qu'ils posent aussi les questions fondamentales de notre rapport au politique, au social, à l'art et à la culture ; à l'endroit même d'un engagement personnel, loin des schémas convenus et dangereusement populistes. Comme souvent, Frédéric Fisbach s'inscrit dans un espace et dans un temps qui dépassent le lieu du théâtre et le temps de la représentation. Il préfère aborder le théâtre comme un lieu d'expérience qui rassemble spectateur et acteur. Comme le lieu d'un partage du sensible qui travaille le spectacle et son inscription dans le quotidien. Un quotidien qu'il convoque sur scène par l'intermédiaire de la langue de René Char, immédiate et terriblement vivante, et par la proximité avec le plateau. Ce dernier est conçu comme un lieu d'habitation et de vie que le public est invité à découvrir au fil de la journée ; le matin pour un petit déjeuner suivi d'un atelier de pratique avec les interprètes ; en fin d'après-midi pour une causerie avec un intellectuel invité. Ainsi Frédéric Fisbach explore un théâtre en mouvement qui excède le seul moment de la représentation pour s'intéresser aux liens qui existent entre le réel et le spectaculaire. C'est dans cette perspective que nous parviennent les 237 fragments d'écriture des Feuillets d'Hypnos, révélant cette troublante accointance entre deux époques dès lors que la langue porte en elle ce qu'il y a de plus singulier chez l'homme et la femme. JFP

Distribution

Avant la représentation, le matin et l'après-midi, des rendez-vous et des visites du dispositif scénographique dans la Cour d'honneur sont proposés par l'équipe du spectacle.
Accès aux spectateurs munis d'un billet pour ce spectacle.
Détails dans le guide du spectateur disponible en juillet.


mise en scène: Frédéric Fisbach
avec: Wakeu Fogaing, Pulcherie Gadmer, Johanna Korthals Altes, Nicolas Maury, Benoit Résillot, Stéphanie Schwartzbrod, Fred Ulysse
avec la participation :de cent amateurs de la région d'Avignon et de Vitry-sur-Seine
collaboration artistique et scénographie: Laurent P. Berger
lumières: Daniel Lévy
costumes: Olga Karpinsky
régie générale: Gonzag
assistants à la mise en scène: Alexis Fichet, Lucie Nicolas
administration: Christine Chalas, Emmanuelle Favre-Bulle
Feuillets d'Hypnos (1946) in Fureur et mystère Éditions Gallimard

Production

coproduction :Studio-théâtre de Vitry, Festival d'Avignon
avec le soutien: du Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine, du Théâtre de Cavaillon - Scène nationale et de la Région Île-de-France
Le Festival d'Avignon reçoit le soutien: de l'Adami pour la production

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