Anatoli Vassiliev intègre en 1968 l'école du GITIS de Moscou pour devenir metteur en scène. Après avoir présenté dans des conditions très difficiles ses premières mises en scène dans la Russie soviétique, il obtient en 1987, pendant la perestroïka, la direction de son théâtre, « École d'Art dramatique », qui ouvre ses portes avec un spectacle marquant, Six Personnages en quête d'auteur de Pirandello.
Voulant développer ses travaux de pédagogue dans la tradition des grands maîtres russes, il choisit de privilégier un travail d'atelier, de laboratoire, ce qui ne l'empêche pas de travailler à l'étranger, particulièrement en France, à la Comédie-Française où il trouvera en Valérie Dréville une interprète idéale.
En 2001, il crée, avec deux architectes, le nouveau bâtiment de son théâtre, une énorme construction au centre de Moscou, tel un étrange navire blanc, plein de lumière avec ses espaces intérieurs entrelacés et transparents. Il y continue son travail de laboratoire et poursuit ses recherches pédagogiques sur l'intonation afin de dépasser les deux formes traditionnelles, exclamative et narrative, et développer la forme « affirmative » qui devient porteuse de la verticalité du sens, du lien qui existe entre le son, le souffle et la transcendance. Exigeant autant sur l'action physique que sur le travail vocal, dans un rapport permanent à la musique, il tente d'y donner la formation la plus complète en présentant des travaux sans cesse remis en chantier.
Platon, Homère, Pouchkine, Pirandello, Molière, Tchekhov, Heiner Müller, entre autres, seront ainsi magnifiés, donnant souvent au spectateur le sentiment qu'il les découvre pour la première fois.
Depuis 2004, Anatoli Vassiliev est également responsable pédagogique de la formation à la mise en scène à l'École nationale supérieure des Arts et Techniques du théâtre (ENSATT, Lyon).
Au Festival d'Avignon, Anatoli Vassiliev a déjà présenté Six Personnages en quête d'auteur en 1988, Amphitryon et Les Lamentations de Jérémie en 1997 et Médée-Matériau en 2002.
À partir de 1830, le grand poète Pouchkine compose quatre « petites tragédies », quatre études dramatiques dont Mozart et Salieri fait partie. 231 vers pour raconter l'ultime rencontre entre ces deux musiciens compositeurs et faire naître la légende de l'assassinat de Mozart par Salieri, légende reprise et élaborée ensuite dans diverses œuvres dramatiques jusqu'à devenir quasiment une vérité souvent admise comme telle.
Commencé en 2000, le travail d'Anatoli Vassiliev sur cette œuvre est sans cesse remis en chantier dans son théâtre laboratoire de Moscou et recréé à chaque série de représentations. Cherchant à faire entendre la parole et la voix de Pouchkine, Anatoli Vassiliev travaille comme à son habitude avec ses acteurs pour trouver non seulement le son spécifique de cette œuvre mais aussi, grâce à l'improvisation plastique, la présence physique la plus juste pour chacun d'entre eux sur le plateau. Dans le cadre de la Carrière de Boulbon, les lumières, qui découpent tant l'espace scénique que les corps des acteurs, rendent encore plus fascinante cette aventure théâtrale.
Dans un premier temps, nous sommes entraînés au cœur même de la tragédie, dans le chant funèbre du poète qui va mourir, avant d'être plongés dans la musique du Requiem de Vladimir Martynov, mis en scène et chorégraphié pour soixante interprètes. Traversé par le rire de Mozart, l'espace scénique devient le lieu du verbe, le lieu du poème, le lieu du crime. Jamais peut-être, on est allé aussi loin dans la volonté d'être au plus profond d'une parole poétique pour qu'elle résonne et éblouisse, donnant à celui qui écoute la sensation de ne l'avoir jamais vraiment entendue auparavant.
Jean-François Perrier
Distribution
mise en scène : Anatoli Vassiliev
requiem ,musique de : Vladimir Martynov
avec : Igor Yatsko, Grigory Glady Interludes dramatiques Nikolai Tchindiaykin, A. Ogarev, O. Malakhov, K. Grebenchikov, O. Laptiy, V. Yuchenko ° Chef du chœur et des musiciens Tatiana Grindenko
ensemble de cordes « Opus posth » : Tatiana Grindenko premier violon, A. Ivanenko, L. Yegorova, E. Polouyantchenko, V. Metelev, N. Panasiuk, N. Kotcherguine, I. Solokhin scénographie : Igor Popov, Anatoli Vassiliev
chorégraphie : Efva Lilja
chœur des anges : S. Anistratova (chef de chœur), E. Amirbekian, I. Baigoulova, S. Barannikov, E. Berdnikova, A. Boukatina, A. Goussarova, O. Elisseev, O. Ermakova, A. Kouzmenko, D. Poletaeva, E. Serebrinskaya, A. Chlevis, A. Yachenko
piano : N. Nikolskaya
pédagogue : I. Yatsko
pédagogue danse : V. Yuchenko
costumes : V. Andreev
lumières : I. Danitchev
son : A. Zatchessov
Production
Production : Théâtre « École d'Art dramatique » (Moscou)
Remerciements : au Centre culturel français de Moscou