Les Barbares

de Maxime Gorki

  • Théâtre
  • Spectacle
Archive 2006

Éric Lacascade

France / Création 2006

Les Barbares © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

Présentation

Éric Lacascade est un chef de troupe, qui aime le travail collectif. Cofondateur du Ballatum Théâtre avec Guy Alloucherie, il ne cessera de réunir autour de lui des collectifs d'acteurs, en particulier depuis sa nomination à la tête du Centre dramatique national de Normandie en 1997, où il a créé une « coopérative d'acteurs » unique dans le paysage théâtral français.
Au contact de Grotowski et des œuvres de Guy Debord, il a pris le goût prononcé pour le travail de recherche qu'il considère comme un préliminaire indispensable à sa pratique de metteur en scène. C'est par de longues traversées dans des univers d'auteurs qu'il organise son travail – Tchekhov plusieurs fois visité (Ivanov, La Mouette, Cercle de famille pour trois sœurs, Platonov), mais aussi Racine, Eugène Durif, Claudel (à partir desquels il compose son spectacle À la vie, à la mort) ou encore Marivaux et Pasolini. S'appuyant sur la dynamique de la troupe qu'il réunit pour chaque aventure, il propose des spectacles où l'engagement physique des acteurs, aboutissement d'un travail rigoureux, permet de mieux faire entendre les histoires que les grands poètes dramatiques ont inventées, développant un art de la narration unique et d'une grande exigence. Cette équipe s'est déjà frottée à la Cour d'honneur en réussissant un magnifique Platonov qui transforma le Palais des papes en une grande propriété russe. Alors le travail et la recherche disparaissaient aux yeux du spectateur pour laisser place à la magie.
Au Festival d'Avignon, Éric Lacascade a déjà présenté une séance de travail d'après Le Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare, avec le Groupe 30 de l'École dramatique supérieure du Théâtre national de Strasbourg, une trilogie Tchekhov Cercle de Famille pour trois sœurs, Ivanov et La Mouette en 2000, Sonnets en 2001, Platonov en 2002.

Après un long compagnonnage avec Anton Tchekhov – Ivanov, La Mouette, Cercle de famille pour trois sœurs et Platonov –, Éric Lacascade met en scène Les Barbares de Gorki pour raconter ce qui pourrait être une suite aux aventures des héros tchekhoviens, une sorte de « Platonov, 20 ans après »....
Dans cette œuvre, rarement jouée, Gorki imagine l'arrivée de deux ingénieurs chargés de construire un chemin de fer dans une province oubliée de l'Empire russe, dans une ville où il ne peut rien se passer. Ils vont par leur seule présence mettre en ébullition le petit monde étriqué de ces endroits figés dans le passé qui, d'un coup et brutalement, se confrontent aux changements sociaux et économiques d'une Russie en plein bouleversement. Tout un quotidien de mesquineries, d'humiliations, de ridicules abus de pouvoir, de petitesses en tout genre apparaît alors.
Imaginant une construction dramatique où de multiples petites histoires s'entrelacent pour former une fresque, Gorki raconte cette vie qui souvent tourne à vide, ces désirs inassouvis d'une population qui voudrait le changement et en même temps craint les bouleversements qui pourraient survenir et déranger le petit ordonnancement du quotidien qui rassure. Nous ne sommes plus dans le regret du monde ancien que développent les héros tchekhoviens mais de plain-pied dans le nouveau monde, celui des « barbares ». Petits-bourgeois, étudiants et intellectuels sans causes et sans avenir, déclassés de toutes sortes, mais aussi ingénieurs venus d'ailleurs promettant un avenir enthousiasmant, tous peuvent être barbares dans cette Russie prérévolutionnaire de 1905 dont Gorki dresse le sombre tableau. Plus de nostalgie, plus d'excuses, mais un constat sans complaisance de la réalité puisque, selon Gorki, « le carrosse du passé ne nous conduit nulle part ».
Réunissant son collectif de comédiens qu'il avait déjà mis en scène dans Platonov avec l'engagement qu'on leur connaît, Éric Lacascade veut faire entendre la force de l'écriture de Gorki à travers les voix multiples qui composent ce chœur de personnages. Un Gorki engagé dans la lutte politique pour un monde meilleur, un Gorki révolutionnaire, mais toujours indépendant, dont l'œuvre entière est un témoignage fort sur cette société qui brime et écrase les plus faibles. Un auteur dont Éric Lacascade se sent proche, lui qui a toujours lié sa pratique artistique aux préoccupations des hommes de son temps.
Jean-François Perrier


Distribution

adaptation et mise en scène : Éric Lacascade
adaptation d'après la traduction de : André Markowic
avec : Jérôme Bidaux, Jean Boissery, Fanny Catel-Chanet, Arnaud Chéron, Arnaud Churin, Gilles Defacque, Alain D'Haeyer, Pascal Dickens, Frédérique Duchêne, David Fauvel, Christophe Grégoire, Evelyne Istria, Stéphane Jais, Éric Lacascade, Christelle Legroux, Daria Lippi, Millaray Lobos, Grégori Miege, Arzela Prunennec, Virginie Vaillant
dramaturgie : Vladimir Petkov
scénographie : Philippe Marioge
lumières : Philippe Berthomé
costumes : Margot Bordat
son : Frédéric Deslias
collaborateurs artistique : Daria Lippi, David Bobée, Thomas Ferrand
décor réalisé par : l'Atelier du CDN de Normandie

Production

Production : Centre dramatique national de Normandie-Comédie de Caen
Coproduction : Festival d'Avignon, Automne en Normandie, Les Célestins-Théâtre de Lyon
avec le soutien : du Conseil régional de Basse-Normandie et du Conseil général du Calvados ° avec la complicité :du Prato, Théâtre international de Quartier-Lille
Le Festival d'Avignon reçoit le soutien de l'Adami pour la production

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