Il dit de lui-même qu'il est simplement “un faiseur de théâtre, un bricoleur”. Arne Sierens, auteur et metteur en scène, vit à Gand, en Belgique. Il a grandi dans un quartier ouvrier, et son théâtre est resté proche de la rue et de sa réalité. Ce qui intéresse le plus le metteur en scène, ce sont les histoires de chacun. Et comme il n'aime pas l'expression de théâtre populaire, il préfère dire qu'il fait “des pièces sur des gens blessés qui continuent envers et contre tout”. Soit un théâtre de la générosité. Atypique dans sa méthode et ses partis pris, Arne Sierens a développé son travail et son écriture à partir d'improvisations avec les acteurs et de ce qu'il appelle des échantillonnages. Toutes sortes d'enquêtes et d'entretiens sont réalisés en préambule à chaque création et nourrissent texte, jeu théâtral et mise en scène. Au rythme régulier d'un spectacle par an, Arne Sierens a créé de nombreuses pièces, qu'il a montées lui-même comme Pas tous les Marocains sont des voleurs (2001), Martino (2003) ou avec d'autres metteurs en scène, en particulier Johan Dehollander et le chorégraphe Alain Platel, Mère et enfant (1995), Bernadetje (1996), Tous des Indiens (1999). Avec des références de toutes sortes – cinéma, danse, chanson, bande dessinée, cirque – en quête d'une alchimie entre mouvement et musique, dans un croisement permanent avec la culture populaire, le théâtre d'Arne Sierens est avant tout un théâtre d'émotion et d'humanité.
Arne Sierens met en scène trois personnages aux prénoms bibliques, d'autant plus remarquables qu'ils sont sans qualités. Si ordinaires que le monde sans doute aurait tendance à les oublier. Le metteur en scène gantois fait de cette sainte Trinité un spectacle d'aujourd'hui. Une tendre, drôle et truculente peinture des laissés pour compte du libéralisme, des rescapés de ses murs vulgaires, que l'on découvre à l'étage -3 d'un centre commercial. Le dispositif scénique, un sol gelé, met les interprètes en fragilité. Dans ce centre commercial habite Michel Le Boiteux, le concierge. Il est en compagnie de deux amis, Gabriel le frimeur et Marie, dite Mimi la souillon, qui donne son titre au spectacle. Elle exerce le curieux métier de “cliniclown”. Une vocation peut-être : assister les malades hospitalisés. Partout où elle passe, elle apporte du réconfort, pourtant elle a aussi ses secrets. Des gens simples en somme qui ont des choses sur le cœur : des peines, des rêves, des douleurs, pleins de petits mensonges qui les aident à surnager et beaucoup de grands sentiments cachés. Dans ce curieux nid en sous-sol, blottis dans l'intimité de leurs conversations, accompagnés d'un quatrième acteur, un bien étrange Saint-Esprit, le perroquet nommé Coco, les mots fusent, s'aiguisent aux émotions, aux choses de la vie, et trouvent des expressions inattendues, esquissent des scènes surréalistes, parfois crues et souvent burlesques où se racontent plein de petites histoires. Il y a beaucoup d'amour et de souci de l'autre dans le théâtre de vérité, poétique et ritualisé qui intéresse Arne Sierens.
Distribution
Un spectacle de : Arne Sierens, Titus De Voogdt, Johan Heldenbergh, Marijke Pinoy
Avec : Titus De Voogdt, Johan Heldenbergh, Marijke Pinoy, un perroquet
Traduction : Monique Nagielkopf
Scénographie : Guido Vrolix
Diction : Didier De Neck
Production
Avec le soutien : de la Communauté flamande et du ministre de la Culture Bert Anciaux
Production : DASTHEATER (Gand), Theater Zuidpool (Anvers)
En partenariat avec : le Centre d'arts Vooruit (Gand)