L'Empereur de la perte

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  • Spectacle
Archive 2005

Jan Fabre

Belgique

L'Empereur de la perte © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

Présentation

Jan Fabre est “artiste en résidence” au DeSingel (Anvers) Un monde entièrement livré au pouvoir de l'imagination théâtrale, c'est ce que prône Jan Fabre dès C'est du théâtre comme il était à espérer et à prévoir (1982) et Le Pouvoir des folies théâtrales (1984), ses premières pièces remarquées qui décapent les conventions de la scène. Un théâtre de la rébellion (As long as the world needs a warrior's soul, 2000), influencé par sa formation de plasticien et sa pratique de la performance, qui met en scène aussi bien le temps de la matière, celle du peintre, que celui de l'être humain ou de l'animal (Parrots and Guinea Pigs, 2002). Mais tout se crée à partir du corps et de son langage. Corps physique dans Sweet Temptations (1991), spirituel dans Universal Copyrights 1&9 (1995) et érotique dans Glowing Icons (1997). Proche de l'animal, avec sa mémoire et ses instincts fondamentaux, ce corps est doté d'un pouvoir presque magique, celui de la métamorphose. C'est pour cela qu'il aime à désigner ses acteurs comme des “guerriers de la beauté”, entraînés à la démesure des images et du rêve. Cependant, au-delà de l'excès, et souvent avec humour ou ironie, Jan Fabre manifeste une profonde tendresse envers l'humain et ses faiblesses. Depuis ces nombreuses années entièrement dédiées à son art, avec une œuvre protéiforme qui comprend sculptures et installations, textes et mises en scène – plus d'une trentaine à ce jour –, Jan Fabre, de l'atelier à l'œuvre plastique, du studio à la scène, poursuit la quête fiévreuse de ses visions. Chez lui, l'homme se manifeste à travers ses pulsions, là où réside sa beauté, celle du corps, sa jouissance, de l'extase à l'agonie, de la soumission à la révolte. Des monologues (Elle était et elle est, même, Étant donnés) ou solos intimes composés sur mesure pour ses interprètes (Quando l'uomo principale è una donna, L'Ange de la mort) à ses flamboyantes pièces de groupe, la démarche de cet “Homme qui mesure les nuages” garde le goût de l'enfance et de ses jeux. Se fiant à l'intuition, Jan Fabre travaille sans cesse la plasticité de l'homme, cherchant à la couler dans une forme poétique pour donner jour à de nouveaux horizons. Au Festival d'Avignon, Jan Fabre a déjà présenté Das glas im kopf wird vom glas en 1988, My movement are alone like street-dogs en 2000, Je suis sang dans la Cour d'honneur du Palais des papes et l'installation plastique Umbraculum en 2001, et L'Ange de la mort en 2004.

Écrit en 1996, L'Empereur de la perte – premier volet d'un diptyque composé de deux monologues avec Le Roi du plagiat – questionne l'identité, le statut de l'artiste. Ce texte que Jan Fabre revisite aujourd'hui est interprété par Dirk Roofthooft, acteur de renom avec lequel le metteur en scène travaille en grande complicité. Entre jonglage et pitrerie, un clown juché sur un podium délire, interprète, analyse. Il a pour compagne une minuscule fourmi, rêve d'impossible, et possède un cœur trop grand qu'il a dû extraire de son corps et dont il ne sait plus que faire. Poussé par un immense désir de puissance, ce clown fier en quête d'absolu déploie dans son art les multiples facettes d'un personnage aux attitudes paradoxales. Son corps est traversé, habité par d'autres figures. Tantôt Prospero, Satan ou clown, il rêve de lumière, et voudrait être un ange. Entre merveilleux et ironie, tragédie et grotesque, on retrouve dans ce texte, sans doute en partie autobiographique, l'un des credo du metteur en scène : “Chez moi, il est question de l'artificialité du théâtre, de la construction de l'image et de la métamorphose du corps.” Aucun texte ne peut exister sans l'acteur, les mots sont tissés pour et autour de lui mais ils doivent aussi subir la confrontation avec sa mise en jeu. Chez Jan Fabre, ils ne prennent vie que grâce aux acteurs pour lesquels il taille ce vêtement invisible entre ironie et émotion.

Distribution

Texte, mise en scène, scénographie : Jan Fabre
Avec : Dirk Roofthooft
Traduction : Olivier Taymans
Dramaturgie : Miet Martens
Assistante : Coraline Lamaison
Lumières : Geert Vanderauwera, Jan Fabre
Masque : Gerda Vanhoof

Production

Production : Troubleyn / Jan Fabre (Anvers)
En coproduction avec : deSingel (Anvers), Festival d'Avignon, Bonlieu - Scène nationale d'Annecy, Espace Malraux - Scène nationale de Chambéry et de la Savoie, Comédie de Valence - Centre dramatique national Drôme Ardèche avec le soutien de la Région Rhône-Alpes
Texte français publié : par L'Arche éditeur

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