C'est en plasticien que Jan Lauwers conçoit ses mises en scène directes et visuelles qui s'inscrivent dans le renouveau artistique des Flandres du début des années quatre-vingt. Fondateur de la Needcompany en 1985, il s'oriente vers des pièces fragmentées, pensantes et transparentes, où la violence et l'amour, l'érotisme et la mort s'articulent dans un va-et-vient permanent entre le jeu et le non-jeu. Après l'exploration d'un théâtre chorégraphique d'une dureté délibérée qui culmine avec Snakesong Trilogy (1994-1998) où Jan Lauwers cherche à « exagérer, parce que la vérité peut être ennuyeuse », il change de ton. Utopie et maladie, mensonge et intimité, humour franc et désespéré (Morning Song, 1999 ; Images of Affection, 2002) : les pièces de “la compagnie du besoin” se colorent à présent d'une douceur, d'une gravité, d'une drôlerie et d'une légèreté déconcertantes.
La chambre d'Isabella
Quatre-vingt-quatorze ans : presque un siècle. C'est aussi l'âge de la rayonnante Isabella Morandi, femme aveugle qui vit dans la solitude d'une chambre parisienne. Son cerveau est le siège d'une expérimentation scientifique destinée à restituer les images aux non-voyants. Dans une pièce émaillée de milliers d'objets archéologiques paternels venus de la nuit des temps, Isabella rêve d'Afrique où elle pourra découvrir le secret de son père, se baptise “princesse du désert”, déroule l'histoire de ses errances et de ses passions, de ses amants et de ses enfants, dans le rétroviseur de son passé. Écrite par Jan Lauwers à la mort de son propre père, cette pièce épique et musicale part de l'émotion ressentie lors de la (re)découverte de la collection de statuettes hétéroclites et de talismans inestimables dont il hérita. Masque jaka, couteau de diligence 1800 à glisser dans la jarretière des femmes aventurières, vase de libation d'esclaves égyptiens destiné à recueillir les larmes des pharaons... chaque objet chimérique compose un volet de la légende des siècles. Joué, dansé et chanté par neuf comédiens danseurs, parmi lesquels la grande actrice Viviane de Muynck, le nouvel opus de la Needcompany est le spectacle le plus émouvant de son histoire.
Distribution
mise en scène, scénographie et concept éclairages : Jan Lauwers avec : Anneke Bonnema, Hans Petter Dahl, Julien Faure, Benoît Gob, Ludde Hagberg, Tijen Lawton, Viviane de Muynck, Louise Peterhoff, Maarten Seghers texte : Jan Lauwers le monologue du menteur est écrit par : Anneke Bonnema musique : Hans Petter Dahl, Maarten Seghers costumes : Lot Lemm concept son : Dré Schneider commentaires dramaturgiques : Erwin Jans assistante à la mise en scène : Elke Janssen
Production
production : Needcompany (Bruxelles) coproduction : Festival d'Avignon, Théâtre de la Ville (Paris), Théâtre Garonne-Toulouse, La Rose des vents - Scène nationale de Villeneuve d'Asq, Octobre en Normandie, Brooklyn Academy of Music New York, welt in basel theaterfestival avec la collaboration : du Kaaitheater (Bruxelles) et la Commission Communautaire flamande de la Région Bruxelles-Capitale avec la participation : du ministère de la Communauté flamande et de la Loterie nationale belge