Un jour, une jeune femme décida que le monde comme il était pouvait se raconter autrement. Comme il sera. Que dans son pays, l’Afghanistan, ou en Chine, en France, en Ukraine, n’importe où dans le monde, on pouvait changer le cours des récits, écrire une autre histoire. Cette jeune femme refusait un destin qu’on voulait lui imposer par la force. Sans violence, elle opposa une vérité alternative, partagée par la plupart des femmes, mais silencieuses, elle leur donna des mots et des images qui agrandirent les possibles, offrirent un vent de liberté. Comme dans toutes les histoires, des monstres éructaient et sortaient les dents, ils voulaient la faire taire car son courage à elle en faisait des lâches. Il s’agissait là déjà d’une victoire contre la fatalité, peut-être pas encore pour aujourd’hui, mais un espoir pour demain certainement. Nous l’attendions ce nouveau et 76e chapitre de l’histoire du Festival d’Avignon, écrit dans l’espoir des après crises et l’élan d’un futur proche, inventif et meilleur. Le réel vient toujours bousculer la fiction, s’invite sans crier gare, le virus encore présent, la chaleur comme une menace, les pluies de cendres comme un monde qui bascule. Pourtant, équipes et spectateurs étaient présents, engagés collectivement dans l’utopie réaliste que représente le Festival d’Avignon. Toutes et tous ensemble, nous avons insisté pour une République de la culture et transmis à ceux qui viennent le plaisir de faire peuple.