« Le roi est mort, vive le roi ! » La célèbre formule indique bien que chaque souverain incarne une idée qui le dépasse et que sa disparition ne compromet pas. Il en va de même de la littérature, écrit Pierre Michon à propos de Samuel Beckett ou plus précisément d'une photo prise par le photographe turc Lutfi Özkök de l'auteur de En attendant Godot. Mais Corps du roi n'est pas seulement un exercice d'admiration pour Flaubert, Hugo, Faulkner, Beckett ou Muhamad Ibn Mangli, auteur arabe d'un traité de chasse au XIVe siècle. C'est aussi une autobiographie détournée où il évoque la mort de sa mère et la naissance de sa fille. Le sujet d'ailleurs est secondaire, tout comme l'érudition éblouissante ou la perfection du style, car Pierre Michon donne toujours le sentiment de ne parler que de l'essentiel.
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L'œuvre de Pierre Michon est autant inspirée par la géographie - les rudes terres d'Irlande comme celles des Causses - que marquée par les hommes. Vies minuscules ou magistrales, vies de peintres ou d'écrivains, vies de pauvres égarés du destin qu'il dépeint d'un trait assuré et singulier. Hanté par les correspondances entre l'art et la vie, Pierre Michon ne considère pas l'écriture comme un travail, mais plutôt comme une révélation. Sa langue, érudite et raffinée, semble dictée par la nécessité, ses livres sont une singulière trouée entre le récit factuel et le recours à la fiction.
dernière parution : Les Onze, Verdier, 2009