Né en 1976, Dieudonné Niangouna est comédien, auteur et metteur en scène et directeur du festival international de théâtre Mantsina sur scène à Brazzaville, sa ville natale. C'est dans les années quatre-vingt-dix, années des guerres civiles incessantes dans la République du Congo, qu'il travaille successivement avec la compagnie Salaka, la compagnie Deso et le théâtre d'Art africain, avant de créer, avec son frère Criss, la compagnie Les Bruits de la rue en 1997. Comédien reconnu, il se révèle alors comme un auteur protéiforme dont les pièces sont jouées aussi bien à Brazzaville qu'en France. Il alterne des pièces à la forme dialoguée de facture plus classique et une écriture plus explosive et subversive, nourrie par la langue poétique de Sony Labou Tansi, comme Attitude clando et My name is. Il n'écrit que pour entrer en contact avec ses contemporains, dans l'immédiateté et parfois l'urgence, dans son pays et partout dans le monde, là où l'on veut bien l'accueillir, dans les théâtres et hors des théâtres, se moquant des frontières, sautant les barrières que les hommes ont artificiellement installées.
C'est l'errance d'un homme qui doit sans cesse se poser la question des frontières, sans comprendre cette volonté de fermeture et d'isolement qui envahit le monde occidental, que le dramaturge congolais Dieudonné Niangouna met au centre de ce monologue. Mais ce n'est pas un archétype qui énonce l'horreur de la clandestinité permanente, la peur d'être sans cesse découvert : c'est un homme libre qui parle, qui pense, qui réagit. Un individu marqué par son passé, avec ses cicatrices, qui nous interpelle dans une langue originale, inventive, subversive, chaotique, une langue de la rue, du parler imagé. Entre les quatre murs blancs munis de barbelés, qui peuvent symboliser un hôpital ou n'importe quel lieu d'enfermement, il raconte, questionne et rêve, tantôt agité, triste, amoureux, euphorique, cherchant à retrouver à tout prix l'homme qu'il était dans cette bête traquée qu'il est devenu. Le réel est cassé, brisé, reconstruit dans une suite de pensées successives qui affleurent à son esprit au gré des voyages passés, des parcours obligés ou choisis, des rencontres qui ponctuent la grande solitude. Refusant la peur, refusant d'être classé, catalogué, encarté, il revendique l'anonymat et la liberté de choisir. Dieudonné Niangouna sait utiliser la farce, le burlesque, le grotesque, la caricature pour faire surgir ce qui se cache au plus profond de son héros, un héros qui refuse l'héroïsme, pour toucher au tragique d'une recherche incessante de liberté. Recréant dans son imaginaire tous les lieux de cette vie hachée, le “Clando” anonyme nous entraîne dans son voyage, refusant la pitié et le misérabilisme, réclamant juste le droit de vivre librement sur une terre que nul ne devrait avoir le droit de s'accaparer. JFP
Distribution
auteur, metteur en scène, comédien: Dieudonné Niangouna
assistant et régie lumière: Brunel Makoumbou
administration: Audifax Moumpossa
Production
coproduction: Les Bruits de la rue (Brazzaville), Festival d'Avignon
avec le soutien :des Francophonies en Limousin, de l'Ambassade de France
à Brazzaville et de CulturesFrance dans le cadre du programme Afrique en créations