Metteur en scène et conteur né, Pippo Delbono peut aussi bien évoquer Pasolini ou Beckett et passer de l'anecdote à l'allégorie. Une façon pour lui de mettre en scène ce théâtre de la différence et du partage où il s'est engagé depuis ses débuts avec l'ensemble de ses collaborateurs. La compagnie Pippo Delbono, créée en 1986 par l'acteur et metteur en scène italien avec Pepe Robledo, est en partie composée d'individus marginalisés par la société.
Depuis Le Temps des assassins (1987) jusqu'à Urlo (2004) en passant par Il Silenzio, Guerra ou Gente di plastica, ce « théâtre de la nécessité » s'est imposé grâce à l'intensité de ses visions issues de véritables expériences de vie. De la parade aux rituels, de la danse au texte, les spectacles naissent de multiples récits de vie éprouvés et transfigurés sur scène. Ils prennent appui sur la musique et font souvent référence au cinéma.
Au Festival d'Avignon, Pippo Delbono a déjà présenté Guerra (Guerre), Il Silenzio (Le Silence) et La Rabbia (La Rage) en 2002, Urlo et Enrico V (Henri V) en 2004.
Sur scène, juste une table, une chaise, un verre. Réduit à l'essentiel, le théâtre élémentaire de Pippo Delbono se met à nu. Dans ses Récits de juin, seul sur le plateau, l'acteur et metteur en scène italien se livre et se délivre à travers les mots et de petits gestes, singulièrement aptes à capter et à libérer l'intensité d'un parcours voué à la nécessité des hommes et du théâtre. À mi-chemin entre confidence et conférence, l'exposition intime de cette recherche existentielle officie dans la pudeur et l'impudeur, entre silences éloquents et un dire cru parfois improvisé.
Tel un funambule, Pippo Delbono marche sur le fil de ses pensées, évoque cette « mémoire physique de la blessure » qui fonde ses spectacles et se redéploie à travers une écriture de scène poétique, élaborée à partir des corps.
Intimité hantée par ses rencontres et la présence de ses complices de création, de Pepe Robledo à Bobò – le petit homme sourd et muet que l'acteur a sorti de l'hôpital psychiatrique où il vivait –, Pippo Delbono raconte sa propre histoire et la leur entremêlées à des fragments de pièces, Urlo, Le Temps des assassins, La Rabbia, Henri V… Et ces Récits de juin confortent la vérité du créateur et l'acteur sans masque, dans un bouleversant moment d'abandon à la scène.
Irène Filiberti
Distribution
Conception : Pippo Delbono
avec : Pippo Selbono
son : Pepe Robledo
Production
Production : Compagnia Pippo Delbono