Archéologue de l'ordinaire, tel qu'il se nomme lui-même, Michel Laubu a forgé l'identité particulière du Turak théâtre à partir d'une question : « Comment écrire à partir de l'usure de l'objet ? » Aussi, dans son atelier, rien ne se perd mais attend. À travers le temps qui l'a façonné, l'objet est prétexte à invention, poésie, à mettre en scène un univers, une fable ou des mythologies inventées.
Ses pièces sont construites sur un mode ludique et poétique. Il en va ainsi du « sentiment pingouin », à l'origine d'une série de spectacles qui offrait une vision du monde à travers la maladresse. La minutie du geste de l'artisan, son infinie précaution envers l'objet et son imaginaire guident ce théâtre d'objet, visuel et éphémère qui s'adresse à tous car il va droit à l'âme des choses, s'enchante de sentiments humains, interroge la vie à travers le temps et le regard.
Il existe un phénomène hors les genres qui voyage partout dans le monde. Il se nomme le Turak théâtre et s'apparente aux arts plastiques aussi bien qu'à la marionnette contemporaine. Ici, tout s'invente ou se rêve à partir de presque rien. Avec des objets ordinaires, usés, patinés par le temps, Michel Laubu, fondateur et metteur en scène de la compagnie, collecte, classe, répertorie et observe patiemment. En archéologue de l'imaginaire, il raconte un monde en détournant les objets de notre quotidien.
Depuis hier. 4 habitants met en scène des personnages réalisés à partir d'objets composites. Les visages sont de bois flotté, matériau recueilli sur la rivière de la Durance. Ces figures sans nom, certaines bizarrement casquées, aux gestes effarés ou farceurs, se font un monde du moindre événement. Avec pour théâtre une tente décharnée, pour cadre de scène une série de tables et la complicité des acteurs-manipulateurs, les personnages s'animent et se racontent à travers une écriture gestuelle, visuelle et sonore.
Ces fictions s'inspirent des voyages et résidences de la compagnie dans différents pays.
Pour cette création, quatre étapes : France, Syrie, Russie, Indonésie. À partir d'une question, « qu'est-ce que c'est que d'habiter là ? », Michel Laubu décline le temps, l'âge des personnages, les lieux, les paysages et cultures rencontrés et, ce faisant, crée de multiples jeux de sens.
Depuis hier. 4 habitants, telle une galerie de quatre portraits, nous invite à découvrir une petite géométrie des solitudes ordinaires. Sommes-nous au même moment dans quatre endroits du monde ? Sommes-nous au même endroit à quatre instants différents ou avec le même individu à quatre différents moments de sa vie ?
En proposant un autre endroit d'où regarder le monde, ces histoires en images composent un album de famille où chacun peut projeter sa propre fantaisie. Quatre variations sous la forme d'un journal intime imaginaire où le quotidien et l'ordinaire deviennent une épopée.
Irène Filiberti
Distribution
de et par : Michel Laubu
avec la complicité de : Emili Hufnagel
bricoleurs à vue : Emmeline Beaussier et Charly Frénéa
lumières : Dominique Legland
Production
Production : Turak théâtre
en coproduction avec : e Volcan-Scène nationale du Havre
avec le soutien : des Nouvelles Subsistances (Lyon) et de la Région Rhône-Alpes
avec la complicité : des Centres culturels français de Damas, Moscou et Djakarta
avec l'aide : de l'AFAA et de la Ville de Lyon