En 1988, Hubert Colas crée Diphtong Cie. Il met en scène ses propres pièces, tout en se confrontant à d'autres auteurs : Witold Gombrovicz, Sarah Kane, Christine Angot ou Martin Crimp. Que ce soit dans son travail d'écriture ou dans ses choix de metteur en scène, il privilégie la force de la langue, une langue qui doit être à l'origine de l'énergie des acteurs, une langue qui agit sur le corps même de l'écrit, qui imprime son énergie sur les corps qui la reçoivent, leur donne matière à résister, à être une force d'action. Voilà vers quoi tend Hubert Colas qui, depuis 2000, associé à Jean-Marc Montera, a fondé à Marseille un centre de création pluridisciplinaire, montévidéo, afin de permettre aux écritures et aux musiques contemporaines de se créer et de se faire entendre. Au Festival d'Avignon, Hubert Colas a déjà présenté La Croix des oiseaux en 1996.
Inépuisable Hamlet... Depuis 1600, la pièce se déploie sur toutes les scènes du monde et il n'y a pas une génération d'acteurs ou de metteurs en scène qui ne se soit interrogée sur les mystères de ce héros universel, qui ne se soit pas engagée dans la traversée de ce texte emblématique. Objet de fascination, cette pièce a très souvent été détournée, amputée, trafiquée. Hubert Colas a eu le désir de la faire entendre dans sa totalité, n'évitant aucune des complexités, des interrogations, des secrets qu'elle renferme. Il offre ainsi à tous les protagonistes le temps d'être présents sur le plateau et de participer à cet empoisonnement qui gagne lentement les corps, les têtes et les cœurs. Inscrite dans un décor modulable, qui dessine parfois le réel, parfois l'imaginaire, cette mise en scène est entièrement au service du texte que Shakespeare nous a laissé et qui agit sur le plateau comme un combustible qui alimente l'action et qui fait mouvoir les corps. C'est un Hamlet brûlant qui se présente sur la scène, à la recherche de vérité et ne trouvant que mensonges. Un Hamlet politique qui n'oublie jamais d'où il vient, de quelle dynastie il est issu, de quelle puissance de despotisme il peut être porteur lui aussi. Un Hamlet qui se confronte et s'affronte à tous les autres personnages, qui reçoit autant qu'il donne, qui provoque autant qu'il est provoqué. Un Hamlet de l'évidence et non de l'interrogation, agissant comme un révélateur auprès de ceux qui l'entourent et qui les oblige à ôter leurs masques en dénonçant sans relâche les simulacres. Agité, quand les pensées se bousculent, quand il perçoit la fourberie, il peut devenir d'une immobilité saisissante lorsqu'il énonce sa vérité et prédit son destin. Ce sont toutes les nuances de l'ambiguïté tragique de tout être pensant et aimant qui se déploient dans un enchaînement de scènes et de croisements de personnages, qui nous font passer de l'ombre à la lumière, du noir au blanc. En jouant avec la théâtralité, dont il s'amuse parfois avec ses acteurs, Hubert Colas nous fait bien entendre que, sur un plateau de théâtre, seuls les mots sont vrais et que les artifices de la représentation ne doivent pas les éloigner de leurs destinataires mais au contraire doivent les faire entendre encore plus fort.
Distribution
Mise en scène et scénographie : Hubert Colas
Avec : Patrick Albenque, Geoffrey Carey, Claire Delaporte, Rojas Patricia, Garcia Nicolas Guimbard, Mireille Herbstmeyer, Pierre Laneyrie, Boris Lémant, Isabelle Mouchard, Thierry Raynaud, Frédéric Schulz-Richard, Xavier Tavera, Cyril Texier, Manuel Vallade
Assistante à la mise en scène : Sophie Nardone
Costumes : Cidalia Da Costa
Lumières : Encaustic
Vidéo : Patrick Laffont
Création musicale : Jean-Marc Montera
Musique : Arvo Pärt, Aphex Twin
Maquillage : Sophie Niesseron
Traduction et adaptation : Hubert Colas
Avec la collaboration artistique de : Alain Gautré qui a dirigé un travail autour du clown
Production
En compagnie : de l'Adami
Production : Diphtong Cie, La Criée - Théâtre national de Marseille, La Halle aux Grains - Scène nationale de Blois, Théâtre des Salins - Scène nationale de Martigues
Avec la participation artistique : du Jeune Théâtre National
Avec le soutien : de montévidéo, de l'Alliance Française de La Paz, de l'Ambassade de France en Bolivie, d'Air France et de la Spedidam