L'édition 2003 du Festival marquera la fin d'une ère tout en nous apportant les signes annonciateurs d'une nouvelle direction. C'est dans cette perspective que la Maison Jean Vilar et le Festival d'Avignon, avec comme partenaire la Bibliothèque nationale de France, s'associent pour présenter une exposition rythmée par les moments clés d'une histoire partagée. Le Festival a toujours su continuer par-delà les crises artistiques et politiques, les contestations, les changements de directeurs... Qui ne perçoit aujourd'hui la nécessité d'une réflexion commune pour mieux définir les responsabilités de notre théâtre dans un monde en violente mutation ? C'est ainsi que nous chercherons les raisons de la première démission de Jean Vilar en 1953. Nous nous étonnerons encore devant ses intuitions des années 1963 à 1968, succession de renoncements personnels et d'ouverture. Nous porterons pour la première fois un regard sur l'œuvre de Paul Puaux, qui avait affirmé qu'on ne succédait pas à Jean Vilar. La première période de Bernard Faivre d'Arcier (1980-1984), faite de ruptures et de continuités depuis le grand cérémonial de Richard II par Ariane Mnouchkine jusqu'à la question du vivant et de l'artificiel, préludait à l'épisode poétique et nocturne d'Alain Crombecque (1985-1992), marqué par le Mahabharata et le Soulier de satin. La seconde période de Bernard Faivre d'Arcier (1993-2003), de plus en plus ouverte à l'Europe et au monde, aura-t-elle exploré de nouveaux chemins d'inquiétude ?
Jacques Téphany