Qui sont les barbares auxquels Hofesh Shechter fait référence dans le titre de sa trilogie ? Des êtres privés de langage, de culture ou bien des jeunes gens immatures que l'on aimerait former ? Le chorégraphe londonien aime les allusions, les invitations à réfléchir, moins les explications. On pressent cependant une mise en jeu des instincts, un voyage à la frontière entre la bête et l'humain. Dans le premier volet du triptyque, the barbarians in love, six danseurs sont pris au piège d'une salle de classe où leur sont assénées des leçons sur l'ordre, le bien et le mal. Une partition de Couperin est parasitée par un bourdonnement électrique continu. Les danseurs alternent, jusqu'à la schizophrénie, postures académiques et mouvements tribaux. La tension ne cesse de s'intensifier entre élévation classique, quête de perfection baroque et physicalité du poids et du sol chère au langage chorégraphique d'Hofesh Shechter. Au fil des trois pièces, on s'immerge dans des éléments aussi différents qu'enveloppants. Brouillard, engagement des corps, attaque du plateau, puissance des rythmes et musique électronique lors du second volet offrent une expérience sensible qui, en contrepoint du titre barbarians, glisse progressivement vers un duo final plus intérieur, plus contemplatif. Un endroit où Hofesh Shechter s'était, jusqu'alors, rarement aventuré.
"Barbarians", extraits
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