Affaiblis par la maladie, dressés par le ballet classique, blanchis par le désir d'Occident : les corps sont omniprésents dans les spectacles de Robyn Orlin, supports des violences qu'elle dénonce, des névroses qu'elle révèle et de la vitalité qu'elle préconise. Dans sa nouvelle création, le corps est non seulement le médium mais aussi le sujet central de son enquête : pourquoi le corps est-il si peu réfléchi en Afrique ? Quand il n'est tout simplement pas un sujet tabou, il est réduit à des représentations façonnées par un Occident humanitaire, moralisateur ou prédateur. Comment s'affranchir de ces visions ? Comment repenser le corps, à la croisée de l'intime et du politique, enjeu des rapports de domination et d'émancipation ? Ces interrogations, récurrentes dans les études postcoloniales, ont constitué le point de départ d'un dialogue entre Robyn Orlin et Germaine Acogny. Figure majeure de la danse contemporaine en Afrique, Germaine Acogny a créé au Sénégal l'École des Sables, un centre de danse où s'inventent et se transmettent les pratiques chorégraphiques. Des danseurs de tout le continent s'y forment, confrontant probablement des visions multiples du corps. Et c'est eux, danseurs de la compagnie JANT-BI, que Robyn Orlin a voulu rencontrer pour inventer à partir de leur histoire d'homme – personnelle, sociale et politique – Au moment où nous avons pointé un doigt vers toi, nous avons réalisé que nous en pointions trois vers nous-mêmes. Une pièce faite de moments d'émouvante complicité et de drôle ironie.
"At the same time we were pointing...", extraits
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