Parce qu'elle ne l'a pas demandé

Enrique Vila-Matas

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Archive 2024

Avec France Culture

Le Festival d’Avignon et France Culture invitent Enrique Vila-Matas, romancier et essayiste espagnol dont l’oeuvre est traduite dans une quarantaine de langues et a reçu de nombreux prix.

Fiction France Culture, Parce qu'elle ne l'a pas demandé avec Audrey Bonnet, Sophie Calle, Jérôme Kircher © Alexandre Quentin / Festival d'Avignon

Présentation

Cette nouvelle programmation de France Culture dans le Cour du musée Calvet cultive l’idée que la littérature, la poésie et le théâtre sont non seulement des armes mais aussi une forme de prise de distance, de « dépaysement » vis-à-vis de l’actualité. « Le grand écrivain est celui qui ose s’aventurer comme Don Quichotte », dit Enrique Vila-Matas, grand invité de cette programmation. Aussi le public est-il invité à une chevauchée aux côtés de quelques œuvres emblématiques, dans la langue de Cervantès mais aussi dans celle de Diderot. Humour et fantaisie garantis.

En présence d'Enrique Vila Matas.

Parce qu'elle ne l'a pas demandée d'Enrique Vila-Matas

Personnage en quête d’auteur – Contretemps, par Sophie Calle

« Dans Léviathan, l’écrivain Paul Auster a emprunté des épisodes de ma vie. Je lui ai proposé d’inverser le processus, de créer un personnage de fiction que je tenterais d’incarner en obéissant au livre à la lettre. Paul a préféré m’envoyer des Instructions personnelles pour Sophie Calle afin d’améliorer la vie à New York. J’ai suivi ces directives. Mais je voulais devenir une héroïne de roman. Après avoir essuyé le refus de cinq autres écrivains, j’ai lu Bartleby et compagnie, d’Enrique Vila- Matas. Il est question, dans cet ouvrage, d’un livre de Marcel Schwob, Vies imaginaires, et du personnage de Pétrone qui conçoit le projet de faire passer du parchemin à la réalité les aventures qu’il a inventées. Je n’y croyais plus, mais j’ai tout de même contacté l’auteur. « Vous écrivez une histoire, et je la vis », ai-je résumé. Miracle, quinze jours plus tard, j’ai reçu Le Voyage de Rita Malú. Seulement ma mère agonisait, il ne lui restait que trois mois à vivre, et je venais d’être choisie pour occuper, l’année suivante, le pavillon français de la Biennale de Venise. Rita Malú ne pouvait pas enterrer ma mère, ni représenter la France ; ça n’était pas écrit. J’avais cherché un complice pendant des années, je l’avais enfin trouvé, et je devais reculer. Vila-Matas n’a pas souhaité repousser aussi loin le voyage de Rita. Dans son livre Explorateurs de l’abîme, publié en 2007, un chapitre intitulé « Parce qu’elle ne l’a pas demandé » est consacré à ma forfaiture. »
Sophie Calle

Vila-Matas incarne la littérature, il « est » la littérature et son oeuvre est comme une galerie des glaces dans laquelle le lecteur aime à se perdre dans des reflets infinis. Chez Vila-Matas, tout est fiction et rien ne l’est. La littérature est parfois comme une maladie, le fameux « mal de Montano » est l’occasion de mises en abyme vertigineuses. À l’image de son recueil Explorateurs de l’abîme duquel nous avons extrait tout spécialement la nouvelle Parce qu’elle ne l’a pas demandé. Cette nouvelle écrite à la demande de l’artiste Sophie Calle, place celle-ci au coeur de la fiction. Dans un esprit tout à fait facétieux, nous avons proposé à Sophie Calle d’entrer physiquement dans la nouvelle et d’incarner son propre rôle.

Enrique Vila-Matas est né en 1948 à Barcelone en plein franquisme. En 1974, il part à Paris et s’installe dans une chambre de bonne louée par Marguerite Duras et précédemment occupée par l’écrivain argentin Copi. Après la mort de Franco en 1975, Vila-Matas rentre à Barcelone et commence à bâtir une oeuvre unique et singulière. S’abîmant dans les livres des autres pour composer les siens, il devient en quelque sorte l’écrivain des écrivains, explorant l’impossibilité à écrire, poussant jusqu’à l’extrême le motif de la Lettre au père de Kafka, argumentant autour de la célèbre phrase prêtée à Bartleby par Melville : « I would prefer not to ». Son oeuvre emporte dans son sillage une myriade d’écrivains que l’on retrouvera avec bonheur dans son Abrégé d’histoire de la littérature portative publié en 1985. Avec Le Mal de Montano publié en 2003, Vila-Matas reçoit toutes les consécrations : le Prix Herralde, le Prix national de littérature de la Generalitat de Catalogne et en France le Prix Médicis étranger.

Distribution

Avec Audrey Bonnet, Sophie Calle, Jérôme Kircher
En présence
d’Enrique Vila-Matas, invité par France Culture avec le Festival d’Avignon
Réalisation
Christophe Hocké
Adaptation
Marion Stoufflet
Assistanat à la réalisation Justine Dibling
Nouvelle extraite du recueil Explorateurs de l’abîme, traduite de l’espagnol par André Gabastou et publiée chez Christian Bourgois

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