Ils sont treize enfants sur ce radeau de fortune, treize enfants qui fuient la violence des adultes, cette violence guerrière qui les a obligés à quitter leur pays avant de devenir naufragés. Si Georg Kaiser s'est inspiré d'un fait divers tragique de la seconde guerre mondiale – le torpillage d'un navire anglais transportant des enfants vers l'Amérique – ce n'était pas pour travailler à un théâtre documentaire fait de réalités dans un univers de fiction mais pour plonger au cœur même des contradictions humaines. Quoi de pire que d'assister au spectacle d'enfants se rapprochant du comportement des adultes qu'ils ont fui ? Menacés dans leur existence, en état de survie, ils vont se protéger du danger en éliminant l'un des leurs... En choisissant ce texte dont les personnages sont des enfants pour les jeunes acteurs de l'École du Théâtre national de Strasbourg, Thomas Jolly s'inscrit dans une nouvelle aventure collective. « Leurs énergies, leurs colères, leurs idées, leurs singularités, leurs désirs » sont mis en jeu dans ce huis clos perdu au milieu de l'océan et travaillent à dénoncer les méthodes d'endoctrinement qui enclenchent un mécanisme d'exclusion d'une grande violence. Car après avoir tenté de créer une petite société égalitaire et solidaire, sept jours leur suffiront pour glisser lentement dans la barbarie. Sept jours de la vie d'un groupe d'enfants réfugiés sur un radeau qui jouent à devenir adultes, le deviennent à leur corps défendant, à l'image d'une tragédie si antique et si moderne.
Georg Kaiser fut sans doute l'un des dramaturges les plus adulés dans l'Allemagne de l'entre-deux-guerres mondiales, à l'égal de Bertolt Brecht ou de Gerhart Hauptman. Considéré comme appartenant à l'école expressionniste, il s'en échappe pour produire deux romans, plus de 45 pièces de théâtre et des dialogues philosophiques. À l'arrivée au pouvoir des nazis en 1933 qui le considèrent comme un auteur dégénéré et qui font brûler ses œuvres en place publique, il échappe à une arrestation, fuit et se réfugie en Suisse où il reprendra son activité d'auteur dramatique. C'est en 1942 qu'il écrit Le Radeau de la Méduse. Il décède en 1945 sans être revenu dans son pays natal.
Distribution
Mise en scène Thomas Jolly
Scénographie Heidi Folliet, Cecilia Galli
Lumière Laurence Magnée, Sébastien Lemarchand
Musique Clément Mirguet
Son Auréliane Pazzaglia
Costumes, maquillages Oria Steenkiste
Accessoires Léa Gabdois-Lamer
Construction Léa Gabdois-Lamer, Marie Bonnemaison, Julie Roëls
Assistanat à la mise en scène Mathilde Delahaye, Maëlle Dequiedt
Accompagnement artistique Thibaut Fack (scénographie), Clément Mirguet (son) et Antoine Travert (lumière)
Avec le groupe 42 de l'École supérieure d'art dramatique du Théâtre national de Strasbourg : Youssouf Abi-Ayad, Éléonore Auzou-Connes, Clément Barthelet, Romain Darrieu, Rémi Fortin, Johanna Hess, Emma Liégeois, Thalia Otmanetelba, Romain Pageard, Maud Pougeoise, Blanche Ripoche, Adrien Serre
Et en alternance Blaise Desailly et Gaspard Martin-Laprade
Production
Production Théâtre national de Strasbourg en partenariat avec La Piccola Familia
Le Radeau de la Méduse de Georg Kaiser, traduction Huguette et René Radrizzani, est publié aux éditions Fourbis.