Lorsque Meursault, le héros du roman d'Albert Camus L'Étranger publié en 1942, commet un crime sur une plage ensoleillée d'Algérie, c'est un Arabe anonyme qu'il tue – son nom ne sera jamais prononcé. À partir de cet anonymat parlant et pesant, Kamel Daoud construit, en 2013, Meursault, contre-enquête, roman qui donne identité, visage et personnalité à cet Algérien et l'inscrit dans son histoire. À travers le récit de Haroun apparaît donc Moussa, frère disparu un après-midi d'été, ainsi que le poids de son absence, la douleur jamais effacée et la colère toujours présente. Philippe Berling a choisi de faire entendre sur scène cette profération, ce monologue du vieil homme qui ne peut se séparer de ses souvenirs et qui les jette comme pour s'en libérer. En présence de la mère, ombre survivante, qui ne peut que chanter rageusement le malheur, Haroun raconte les années de deuil et traverse l'histoire de l'Algérie mêlée intimement à son drame personnel. L'indépendance chèrement gagnée, les désillusions qui ont suivi, la tragédie de la guerre civile et du terrorisme... Tout ce qui constitue le quotidien d'une vie confisquée et brisée entre réalité et affabulations, entre sarcasmes et humour ravageur.
Ancien rédacteur en chef du Quotidien d'Oran, Kamel Daoud en est aujourd'hui un des plus célèbres chroniqueurs avec « Raïna Raïkoum » (« Mon opinion, votre opinion »), rubrique qu'il rédige quasi quotidiennement en français, langue qu'il a apprise seul au moment de l'arabisation de l'école algérienne dans les années 1970. Auteur d'un recueil de nouvelles, Le Minotaure 504 (2008), il publie son premier roman en Algérie en 2013 : Meursault, contre-enquête. Déjà traduit en vingt-deux langues, cet ouvrage a reçu le Prix François Mauriac et le Prix des 5 continents de la francophonie. Meursault, contre-enquête a fait l'objet d'une demande d'interdiction par certaines autorités de l'islam algérien, une réprobation religieuse du combat de Kamel Daoud engagé pour la laïcité en Algérie.
Distribution
Adaptation et mise en scène Philippe Berling
Texte Kamel Daoud
Scénographie et costumes Nathalie Prats
Lumière et vidéo Daniel Levy
Coiffures et maquillages Catherine Saint-Sever
Avec
Ahmed Benaïssa Haroun
et la chanteuseAnna AndreottiM'ma
Production
Production Théâtre Liberté-Toulon
Coproduction Festival d'Avignon, Théâtre des Bernardines-Marseille, Pôle Arts de la Scène - Friche la Belle de Mai, Marseille
Avec l'aide de la Spedidam
Avec le soutien de l'Institut français d'Algérie