La Ronde du carré, pièce ample et terrifiante, est basée sur un principe de répétition et de combinaison de quatre scènes initiales, quatre situations amoureuses en apparence banales. Il y a d'abord Verte qui veut revenir vivre avec Vert, à n'importe quel prix ; Vert fixe un prix impossible à payer. Il y a ensuite Jaune et Rouge, qui se demandent lequel des deux est le plus aimé par Bleu, et qui vont trancher. Puis il y a Violette, qui a quitté Violet après des années de mariage pour pouvoir vivre avec Gris, lequel n'est pas prêt à franchir le pas de la vie en commun. Enfin il y a Noir, qui veut percer, à son profit, le secret de Ciel, qui n'arrive pas à faire jouir Cielle. Les variations à l'infini de ces événements conduisent peu à peu à un effet de concentration et de précipitation et provoquent l'effroi. Chaque personnage ne peut résoudre les problèmes auxquels il est confontré. Les paroles ne peuvent se taire et finissent par se muer en un cri qui reflète la lutte menée par chacun pour répondre de son existence et de ses actes. En provoquant, puis en acceptant la catastrophe, chacun donne à sa voix la possibilité même de continuer à s'exprimer ; chacun touche la mort, chacun la dépasse en annulant la banalité. Dimitris Karantzas exige de ses acteurs une conscience aiguë des situations de jeu qu'ils développent avant d'être face au public. Il a trouvé dans la pièce de son compatriote Dimitris Dimitriadis des enjeux à la mesure de sa pratique théâtrale.
Dimitris Dimitriadis est né en 1944 à Thessalonique, où il vit toujours. Lors de ses études à l'INSAS de Bruxelles, il écrit, en 1966, sa première pièce, Le Prix de la révolte au marché noir, que Patrice Chéreau monte à Aubervilliers en 1968. Il compose une œuvre dramatique riche et puissante qui explore la psyché humaine confrontée à des situations extrêmes. Il est l'auteur de plus d'une quarantaine de pièces et de recueils de poèmes et le traducteur grec de Genet, Blanchot, Duras, Koltès, Bataille, Molière, Beckett, Cioran... Au cours de la saison 2009-2010, Olivier Py et l'Odéon-Théâtre de l'Europe lui ont rendu hommage en faisant traduire sept pièces inédites et en programmant trois de ses œuvres : Le Vertige des animaux avant l'abattage (mise en scène Caterina Gozzi), La Ronde du carré (mise en scène Giorgio Barberio Corsetti) et Je meurs comme un pays (mise en scène Michael Marmarinos).
Laurent Muhleisen, avril 2014
Distribution
Texte Dimitris Dimitriadis
Mise en scène Dimitris Karantzas
Mise en mouvement Zoe Chatziantoniou
Scénographie Eleni Manolopoulou
Musique textuelle et réalisation sonore Dimitris Kamarotos
Lumière Alekos Anastasiou
Costumes Ioanna Tsami
Assistanat à la mise en scène Theodora Kapralou
Production déléguée Joanna Kampouridou
Avec
Periklis Moustakis Vert
Maria Kechagioglou Verte
Konstadinos Avarikiotis Rouge
Giannis Klinis Jaune
Aris Mpalis Bleu
Giorgos Gallos Ciel
Alexia Kaltsiki Cielle
Christos Stergioglou Noir
Mihalis Oikonomou Violet
Omiros Poulakis Gris
Elina Rizou Violette
Production
Production et avec le soutien du Centre Culturel Onassis – Athènes
Avec la participation de la Fondation BNP Paribas