« Parler de cette autre vie invisible, d'une façon visible », écrit le poète Rainer Maria Rilke pour résumer la pièce Intérieur. Après une première mise en scène en 1985, Claude Régy a accepté de retravailler la pièce de Maeterlinck avec des acteurs japonais à la demande de Satoshi Miyagi, directeur du Shizuoka Performing Arts Center. Cette pièce, fondatrice d'un théâtre nouveau, s'organise autour de deux espaces qui se font face : une maison à l'intérieur de laquelle on voit, sans rien entendre de ce qui se dit, une famille réunie dans le quotidien d'une veillée, et, devant, un jardin où arrive un cortège funèbre mené par deux hommes, le Vieillard et l'Étranger, apportant le corps d'une petite fille noyée. Ces deux personnages, comme des messagers de la tragédie grecque, viennent pour dire ce qui s'est passé, puis, très vite, ce qui se passe dans la maison qu'ils ne cessent d'observer et ce qui va sans doute se passer quand ils ouvriront la porte pour annoncer la terrible nouvelle. Ils deviennent intercesseurs entre les spectateurs et la maison. Claude Régy, en choisissant des acteurs japonais, veut poursuivre et approfondir son travail de recherche sur le jeu. Il cherche à faire entendre la force du silence, qui pour lui est aussi un langage, et les dialogues parallèles, « les sillons du texte », pour aller au-delà de l'intelligible, au-delà de la compréhension immédiate, trouver ce qui se cache sous les mots et fuir le réalisme et la déclamation pour révéler cet invisible, pour voir « l'existence elle-même ».
Admiré par Vsevolod Meyerhold, Constantin Stanislavski et Antonin Artaud qui voyaient en lui un véritable révolutionnaire, Maurice Maeterlinck, poète, essayiste, prix Nobel de littérature 1911, est l'auteur d'une quarantaine de pièces qui, entre 1889 et 1948, modifient profondément l'écriture dramatique du XXe siècle. Intérieur, pièce publiée en 1894, s'inscrit dans un cycle de « théâtre pour marionnettes » qui se veut l'expression d'un théâtre symboliste, dont Pelléas et Mélisande sera l'un des sommets, d'un théâtre du « tragique quotidien », qui puisse représenter « l'irreprésentable », c'est-à-dire « tout ce qui n'a pas d'expression dans la mort ou dans la vie, tout ce qui cherche une voix dans un cœur ».
Jean-François Perrier, avril 2014
Distribution
Texte japonais Yoshiji Yokoyama Mise en scène Claude Régy Assistanat à la mise en scène Alexandre Barry Scénographie Sallahdyn Khatir Lumière Rémi Godfroy Costumes Sallahdyn Khatir et Mai Ooka
Assistante et interprète pour l'équipe artistique Hiromi Asai Direction technique Sallahdyn Khatir Lumières de la tournée européenne Pierre Gaillardot Habilleuse Makiko Tango Administration de production Bertrand Krill
Avec Soichiro Yoshiue Le Vieillard Yoji Izumi L'Étranger Asuka Fuse Marie Miki Takii Marthe Tsuyoshi Kijima Le Père Haruyo Suzuki La Mère Kaori Ibii, Mana Yumii Les Deux Filles Gentaro Shimofusa Un Paysan Hiroko Matsuda, Yusuke Oba La Foule Hibiki Sekine et Yumeji Matsunaga (en alternance) L'Enfant
Production
Production Shizuoka Performing Arts Center, Les Ateliers Contemporains Coproduction tournée 2014 Wiener Festwochen, Kunstenfestivaldesarts, Festival d'Automne à Paris Avec le soutien de l'Institut français (théâtre export) Avec l'aide de Van Cleef & Arpels La compagnie des Ateliers Contemporains est subventionnée par le ministère de la Culture et de la Communication, Direction Générale de la Création Artistique