Pour Kornél Mundruczó, adapter Disgrâce au théâtre, c'est sortir le roman de son inscription dans la société sud-africaine post-apartheid et conserver le cœur de la réflexion de J. M. Coetzee, à savoir la peur qui surgit dans une communauté lorsque des bouleversements viennent profondément modifier sa façon de vivre et l'échelle ancestrale de ses valeurs. À travers la chute de David Lurie, professeur d'université parfaitement intégré dont la vie bascule suite à l'accusation portée par l'une de ses élèves, c'est une radiographie de l'effondrement d'un monde qui est ici mise en jeu. Derrière l'Afrique du Sud, il y a bien sûr la Hongrie, mais aussi les pays européens soumis aux crises de toutes natures qui déstabilisent mentalement les populations et multiplient les angoisses : celle de perdre son travail, celle d'ouvrir sa porte aux inconnus, celle de connaître la solitude affective... Dans un reality show théâtral et musical, Kornél Mundruczó propose une galerie de personnages propres à questionner les certitudes, les habitudes et les conventions de l'ancien monde européen. Le politiquement incorrect et la déstabilisation sont des armes que ne refuse pas le metteur en scène, des armes d'autant plus efficaces qu'il les place dans les mains de comédiens incroyablement engagés, conscients des enjeux de la parole à faire entendre. Travail collectif reposant sur une connaissance profonde du roman pour mieux s'en détacher, Disgrâce ne cherche pas à proposer des solutions toutes faites, mais plutôt à redonner une lueur d'espoir à partager. JFP
Les distinctions les plus prestigieuses sont venues souligner l'importance et l'exigence de l'œuvre de l'écrivain J.M. Coetzee : le Booker Prize, deux fois – le fait est rare –, en 1983 pour Michael K, sa vie, son temps puis en 1999 pour Disgrâce, ainsi que le prix Nobel de littérature en 2003. Disgrâce porte un regard sans appel sur la situation de son pays, l'Afrique du Sud post-apartheid. Il y met en scène un pays malade, scindé en deux communautés irréconciliables : l'une aux prises avec la vengeance qu'appellent des décennies d'humiliation et de spoliation, l'autre accablée d'une culpabilité et d'une honte inexpiables.
Distribution
mise en scène Kornél Mundruczó
dramaturgie Viktória Petrányi
collaboration artistique Yvette Biró
scénographie et costumes Márton Ágh
musique János Szemenyei
lumière András Éltet
son Zoltán Belényesi
vidéo Zoltán Gyorgyovics
avec Gergely Bánki, János Derzsi, László Katona, Lili Monori, Roland Rába, B. Miklós Székely, János Szemenyei, Orsi Tóth, Kata Wéber, Sándor Zsótér
Production
production Proton Cinema + Theater
coproduction Festival d'Avignon, Wiener Festwochen (Vienne), KunstenFestivaldesArts (Bruxelles), Trafó House of Contemporary Arts (Budapest), Malta Festival Poznan, Hebbel am Ufer (Berlin), RomaEuropa Festival 2012