Le Préau d'un seul donne à penser, à entendre, à ressentir, à écouter, à lire sur la réalité du camp d'internement administratif, cherchant à provoquer en tout visiteur un état d'intranquillité. Est-ce là une exposition, une installation, une expérience de théâtre, une visite ? Peu importe. C'est cela et pas vraiment, un peu et tout à la fois. On y fait de curieuses rencontres ; on y voit ce qu'on ne voit guère dans un musée ou sur une scène. Il faut s'y arrêter, y revenir et prendre le temps de tout simplement regarder. On y lit des slogans, écrits sur les parois, les murs, sur des calicots, des oriflammes, en grand et en petit. On y consulte un journal chaque jour différent, écrit, illustré et mis en page dans la nuit. On y écoute des « tours rapides de la question », une trentaine d'avis d'experts pesant le pour et le contre à partir d'un fait, d'une anecdote, d'un événement. Des paroles qui ne visent qu'à bloquer toutes les issues de la pensée dans un jeu des partis opposés, système rassurant mais aliénant qui mime les débats, les émissions et les discussions. Une question occupe le cœur du dispositif : comment le camp d'internement, que l'on traverse et que l'on sent, que l'on regarde et qui nous regarde, comment ce camp inventé dans la conquête coloniale de l'Algérie est-il toujours présent, et même plus présent que jamais, au sein de l'Europe du XXIe siècle, réactivé par l'idéologie du contrôle et de la rétention des étrangers ? Ce camp, toujours présenté comme « d'exception », est devenu la norme d'un arbitraire qui concerne plus de 30 000 étrangers, retenus en 240 lieux d'internement administratif répartis sur l'ensemble du continent européen. La brutalité développée à l'encontre des immigrants et immigrés poursuit celle que les puissances européennes colonialistes déployaient contre les populations dites indigènes. Comme si le camp d'internement administratif représentait aujourd'hui l'emprise coloniale sur le présent. Issa Samb, vivant là, dans une Miroiterie devenue Le Préau d'un seul, donne corps et conscience à cette blessure. ADB
Distribution
Un billet permet d'entrer plusieurs fois dans le lieu
équipe de création: Thierry Arredondo, Goo Bâ, Pierre Bongiovanni, Franck Bouilleaux, Martine Brunott, Gilles Bruyère, Jean Michel Bruyère, Richard Castelli, Jany Cianferani, Jean-Paul Curnier, Laurent Dailleau, Florence Drachsler, Nadine Febvre, Laurent Garbit, Vincent Giovannoni, Fred Hamon, Alain Liévaux, Fiorenza Menni, Christo Ohana, Patrick Ranchain, Issa Samb, Rodrigo Sanz, Charles-Édouard de Surville, Delphine Varas
Production
production: LFKs-Marseille, Epidemic-Paris
coproduction: Haus Der Kulturen Der Welt (Berlin), deSingel (Anvers), Festival d'Avignon, Linz 2009 Capitale européenne de la Culture, EZK Hellerau (Dresde), Getsound-Paris, Système Friche Théâtre-Friche La Belle de Mai-Marseille
avec le soutien: de Marseille-Provence 2013 Capitale européenne de la Culture et de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur