La Guerre des Juifs est un récit documenté de l'historien Flavius Josèphe sur la prise de Jérusalem par l'empire romain et sur la fin de la souveraineté juive, en 70 après J.-C. Amos Gitai en apprécie le minutieux travail de reportage, en aime le ton, mêlant récit et Histoire, le style, entre épopée et description intime. Car Flavius Josèphe appartient aux deux camps. Par sa naissance, son éducation et ses combats, il est de grande famille juive et mène la guerre contre Rome en Galilée. Par nécessité, il devient romain. Fait prisonnier, laissé en vie à condition de rapporter les triomphes romains, il endosse un patronyme latin et entre de plain-pied dans la culture impériale. Les Romains savaient que, pour asseoir leur suprématie, ils devaient glorifier le peuple qu'ils avaient conquis. Amos Gitai trouve des résonances contemporaines à ce texte en faisant, dans sa lecture, dialoguer tradition et modernité. Le cinéaste est ainsi allé filmer, au sud de Jérusalem, la forteresse naturelle de Massada, dernier refuge des patriotes juifs qui préférèrent se donner la mort plutôt que de devenir esclaves. Dans un autre univers minéral, la carrière de Boulbon, comme deux espaces en miroir, les paroles aussi se répercutent d'écho en écho : elles deviennent chants, sons, musiques, bruits. Elles passent d'une langue à une autre – français, hébreu, yiddish, arabe, anglais. Elles incarnent un pouvoir ou l'autre, suscitant les interrogations : qui sont l'occupant et l'occupé, l'empire et son rebelle, le légitime et le hors-la-loi, dans un monde où chacun combat désormais à front renversé ? À ciel ouvert et à risques déployés, La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres constitue un enjeu acoustique, un manifeste spatial, un défi du jeu. C'est la roche, autant que les voix, qui chante à Boulbon ; ce sont les mouvements et les images qui occupent l'espace dans cette guerre de territoires ; c'est Jeanne Moreau qui interprète ce cantique des pierres et incarne, aux côtés d'autres acteurs-chanteurs de différents pays, le narrateur de ce récit historique. ADB
Distribution
Restauration possible sur place dès 20h
mise en scène: Amos Gitai
conseil artistique: Chloé Obolensky
lumière: Jean Kalman
avec Jeanne Moreau, Gérard Benhamou, Tamar Capsouto, Yahel Doron, Eric Elmosnino, Shahar Even Tzur, Shredy Jabarin, Dimitri Kataleifos, Jerome Koenig, Alexei Kotchetkov, Menahem Lang, Mireille Perrier
Production
production déléguée: Festival d'Avignon. production exécutive Agav Films
coproduction: Festival Grec de Barcelone, Festival d'Athènes et Épidaure, Festival International de Théâtre d'Istanbul, Odéon Théâtre de l'Europe
Le Festival d'Avignon reçoit le soutien de l'Adami pour la production