Puur

Photographe puis interprète chez Jan Fabre, Wim Vandekeybus s'est d'emblée imposé par l'intensité de sa danse avec sa première pièce What the Body Does Not Remember (1987). Depuis, instinct, vitesse, impulsions vives aiguillonnant les corps irradient ses spectacles d'un sentiment d'urgence. Irruptif, le mouvement est animé d'élans brusques, de roulades et chutes dans l'espace. Un matériau dynamique, moteur, qu'il oppose, mixe ou fusionne aux autres composantes de ses créations. En particulier, les films qu'il réalise le plus souvent lui-même, sont un domaine important de sa recherche. Projetés sur scène, ils deviennent une peau mystérieuse, frontière perméable entre deux mondes, le réel et l'imaginaire. Puis la musique, qu'il confie à des compositeurs comme David Byrne, ex-leader des Talking Heads dans In Spite of Wishing and Wanting (1999), David Eugene Edwards avec Woven Hand pour Blush (2002). Ponctuée par d'autres arrangements sonores amplifiant la perception, physique, rythmique des sensations corporelles, elle est un environnement indispensable à ses spectacles élaborés entre rêves et fictions. Comme dans Blush (2002) où l'érotisme fait palpiter les corps plongés aux lisières du surnaturel, le chorégraphe flamand traque sans trêve la signification secrète des gestes. Dans ses pièces – portées par des chorégraphies charriant un fleuve d'images fulgurantes – acteurs et danseurs semblent surfer sur la crête de sentiments enfouis. C'est alors qu'une implacable palette de sensations, tour à tour violentes ou douces, traverse les corps, vrille le mouvement, dessine un propos qui interroge l'humain, les lois du désir et la communauté. Au Festival d'Avignon, Wim Vandekeybus a déjà présenté Le Poids de la main en 1990 et it en 2002.


Transfigurée par des images projetées, sous les élans fulgurants de la danse, hantée d'étranges personnages tour à tour happés par des salves de textes, la carrière de Boulbon devient un autre espace. Les interprètes, vibrant d'une intense énergie, jubilatoire, sont dotés d'un étrange pouvoir : traverser l'espace et le temps, se dédoubler de la scène à l'écran. Puur (“pur”) est une fiction imaginée par Wim Vandekeybus, avec des textes de P. F. Thomése. Une épopée en mouvement qui n'est autre que celle de l'homme, depuis la nuit des temps. L'histoire de ses peurs fondamentales, des curieux chemins en spirale où le mène son désir, des tours que lui joue la mémoire collective oublieuse et pourtant créative. Comme dans les mythes, il s'est passé quelque chose de terrible dont on ne saura rien. Le récit commence après la catastrophe. Il en reste l'impact dans les corps et les esprits. Dans ce spectacle, qui met en scène une communauté isolée, comme dans un rêve ce sont les morts qui parlent. Avec des mots d'aujourd'hui. Au-delà des passions humaines, ils peuvent interroger la violence, la douleur, la culpabilité, essayer de se souvenir et peut-être même de comprendre. Puur s'attache à révéler, dénouer, déjouer tout ce qui retient l'homme dans son ouverture au monde. Un jeu de miroir entre image, théâtre, chant et danse, qui pulvérise avec humour toute tentative d'aliénation. Fresque vivante et virtuelle, chorégraphiée à l'instinct, Puur invente une autre façon de traiter le réel, à travers une fantastique logique de la sensation. Magistrale démonstration d'un monde hybride d'interactions où les vérités du corps et de sa nature nourrissent la poétique du chorégraphe, “rendre visible les émotions de la chair sur scène”.

Mise en scène, chorégraphie, scénographie : Wim Vandekeybus
Créé avec et interprété par : Laura Arís, Tone Brulin, Elena Fokina, Robert M. Hayden, Krijn Hermans, Milan Herich, Germán Jauregui Allue, Jorge Jauregui Allue, Linda Kapetanea, Thi-Mai Nguyen, Manuel Ronda, Helder Seabra, Won-Myeong Won
Musique originale : David Eugene, Edwards Fausto Romitelli
Textes : P.F. Thomèse & Ultima Vez
Dramaturgie : Titus Muizelaar
Assistante mouvements : Inaki Azpillaga
Assistante de Wim Vandekeybus : Greet Van Poeck
Lumières : Ralf Nonn, Wim Vandekeybus
Son : Benjamin Dandoy, Josh Martin
Costumes et stylisme : Isabelle Lhoas, Frédéric Denis
Réalisation et scénario du film : Wim Vandekeybus
Directeur de la photographie : Lieven van Baelen
Montage : Dieter Diependaele

Avec le soutien : de la Communauté flamande et du Ministre de la Culture Bert Anciaux
En compagnie : de l'Adami
Production : Ultima Vez & KVS (Bruxelles)
En Coproduction : avec le Festival d'Avignon, PACTZollverein/Choreographisches Zentrum NRW (Essen), le Théâtre de la Ville-Paris, Singapore Arts Festival (Singapour), Cankarjev Dom (Ljubljana)
Avec l'aide : du Programme culture 2000 de l'Union européenne
Avec la collaboration : de la Commission Communautaire flamande et de la Région Bruxelles-Capitale et de la SACD Belgique