avec
Henri Atlan biologiste et philosophe
Marcela Iacub juriste
Jean-François Peyret metteur en scène
Alain Prochiantz biologiste
Les rêves de la raison scientifique sont devenus réalité : pilule contraceptive, fécondation in vitro... et bientôt “l'utérus artificiel” qui permettra de remplacer les incubateurs actuels pour maintenir en vie les grands prématurés. Une technique qui, en dissociant sexualité et procréation, fera également disparaître l'immémoriale différence entre les sexes devant la reproduction de l'espèce humaine. Le corps est donc entré dans l'ère des métamorphoses, en apparence plus près de celles du Meilleur des mondes d'Aldous Huxley que de celles d'Ovide et d'Apulée. D'où la nécessité de revenir sur la genèse biologique, mais aussi juridique et politique de cet “empire du ventre” et de cette histoire de la maternité ébranlée. Ce sont donc les catégories de culture et de nature, de déterminisme et de liberté qui sont à réinterroger. Car l'opposition entre l'inné et l'acquis est déjà rendue caduque par les recherches en biologie du cerveau qui montrent que la pensée est une adaptation à un milieu, entre un corps et son environnement, et non le déploiement implacable du programme génétique. Reste que les métamorphoses du corps posent quelques questions sociales, morales, politiques et artistiques. Comment prévenir le risque d'eugénisme ? La soif inextinguible de transformation que permet la science nouvelle fera-t-elle disparaître la singularité humaine ? L'art peut-il œuvrer sans se frotter à la pensée scientifique ? Le génie génétique se serait-il définitivement affranchi de l'éthique ? En tentant d'éviter les pièges de la technophobie et la béatitude de la technofolie, le droit sera ici envisagé comme un laboratoire des nouvelles biotechnologies, la science comme une création et une matière à fiction, le théâtre comme une science des corps. Plutôt qu'une nouvelle assemblée de moralistes, une conversation sur la force poétique et politique des avancées scientifiques.