Après une formation de comédien au Centre théâtral du Maine où il rencontre Didier-Georges Gabily, puis à l'école du Théâtre national de Strasbourg, Jean-François Sivadier travaille avec Jacques Lassalle, Christian Rist, Alain Françon, Dominique Pitoiset, tout en devenant metteur en scène et auteur. Italienne avec orchestre qu'il écrit, met en scène et joue sera créée en 1996 et reprise en 2003. Entretemps, il présente Le Mariage de Figaro de Beaumarchais puis La Vie de Galilée de Brecht avant de s'intéresser à l'opéra pour Madame Butterfly de Puccini. Très sensible à son compagnonnage avec Didier-Georges Gabily, Jean-François Sivadier ne conçoit le théâtre que comme une œuvre collective qu'il ne peut réaliser qu'avec un groupe d'acteurs et d'artistes unis pour défendre un projet, unis pour aller vers les spectateurs et quasiment les amener sur le plateau avec eux dans un moment de temps suspendu où tout est possible. Attentif avec méticulosité aux mots et au mouvement général des textes, il les met en valeur, les offre à un public hors toutes les conventions accumulées et souvent sclérosantes, proches sans être affadis. Faire du théâtre le lieu du plaisir où, ensemble, artistes et spectateurs découvrent au plus profond les œuvres dramatiques pour en être enrichis, voilà à quoi se consacre Jean-François Sivadier. Au Festival d'Avignon, Jean-François Sivadier a déjà présenté La Vie de Galilée de Brecht en 2002.
Jean-François Sivadier aime le théâtre qui travaille poétiquement le politique, un théâtre où la parole invente le vivant, mot après mot, où la résistance au temps qui use permet à la pensée d'être toujours active. Avec La Mort de Danton de Georg Büchner, il s'engouffre dans la première des trois pièces de cet auteur mythique mort à 24 ans, écrite en quelques jours, dans l'urgence, par un jeune homme de 21 ans poursuivi par la police du grand duché de Hesse pour ses écrits révolutionnaires. Ce n'est pas une pièce historique ou pédagogique que rédige Büchner, même s'il s'appuie sur des évènements et des textes historiques. C'est une réflexion sur l'homme pris dans un mouvement qui ne se maîtrise plus humainement. C'est un moment d'arrêt et de réflexions pour les héros de la Révolution qui ne peuvent plus agir et qui vont disparaître dans un délire de pensées, allant vers la mort en écrivant un des plus beaux poèmes dramatiques qu'il soit donné d'entendre. Que ce soit Danton, Robespierre ou Saint- Just, ils sont analysés, disséqués, auscultés par le jeune étudiant en médecine qu'est aussi l'auteur. C'est une véritable tragédie, dans le sens où nous savons dès le début quel sera le destin des héros, mais c'est aussi un véritable manifeste sur l'art dramatique. Büchner sait qu'il ne faut plus écrire comme ses prédécesseurs, Schiller en tête, et que les temps nouveaux ont besoin d'un théâtre nouveau. Il propose alors une forme fragmentée, mêlant mouvement de foule et scènes intimes, discours politiques et dialogues de fiction, offrant aux comédiens de s'emparer de rôles en incessante déconstruction. Jean-François Sivadier veut faire entendre cette polyphonie vocale, ces interrogations, cette vitalité de la pensée sur laquelle plane l'ombre de la mort qui approche, cette humanité cachée derrière les masques. Il veut se mettre au plus près de la vérité des acteurs sur le plateau, retrouvant l'urgence initiale de l'auteur, replaçant, à travers le personnage Danton, l'homme au centre de la scène de théâtre et de la scène du monde.
Distribution
mise en scène Jean-François Sivadier
Avec : Marc Bertin, Nicolas Bouchaud, Stephen Butel, Marie Cariès, Sarah Chaumette, Charlotte Clamens, Vincent Guédon, Frédérique Loliée, Christophe Ratandra, Jean-François Sivadier, Rachid Zanouda
Traduction : Jean-Louis Besson, Jean Jourdheuil
Scénographie : Christian Tirole, Jean-François Sivadier
Costumes : Virginie Gervaise
Lumières : Ronan Cahoreau-Gallier, Philippe Berthomé
Assistante à la mise en scène : Véronique Timsit
Production
En compagnie : de l'Adami
Production : Théâtre National de Bretagne – Rennes, Théâtre Nanterre-Amandiers, Festival d'Avignon, MC2 Maison de la Culture de Grenoble, Italienne avec Orchestre
Avec le soutien : de la Région Ile-de-France
Texte publié : aux éditions Théâtrales